Dans cette méditation sur le psaume 16 (hymne de David), le pasteur Florence Lusetti nous parle de la nuit, d’un espace du temps qui parfois nous inquiète ou nous déstabilise, mais qui peut aussi se révéler très riche si nous laissons, comme dit le psalmiste, les profondeurs de notre être nous instruire ; ces profondeurs où, si nous y faisons un peu attention, Jésus vient à chaque instant naître dans notre nuit intérieure.
« Voici que nous nous enfonçons, sous nos latitudes, dans cette période où la nuit est la plus longue. La nuit, pour l’homme, n’est-ce pas cet espace physique inquiétant où les contours de la réalité, privés de lumière, s’effacent, laissant place au gouffre sans fond de l’infini, cet espace de temps aussi, où les heures s’égrènent dans le silence, signe d’une éternité se déployant hors les bornes rassurantes du rythme du jour.
Mais la nuit n’a pas eu le temps de s’installer, que les lumières de la ville, mises en beauté pour ce moment, emplissent l’espace. Et décembre est ce mois que l’on remplit, tout affairés aux achats et préparatifs, janvier celui où l’on peut courir faire les soldes et février, pour les chanceux, celui où faire la queue en bas des remonte pentes, en bravant les embouteillages, permet de respirer enfin.
De quoi remplissons-nous l’espace de notre nuit ? Comment laisser place au silence, comment l’habiter, comme être sa demeure ? Comment écouter le message « des profondeurs de son être », de son cœur, de ses reins, pour prendre le terme biblique en version originale ? de la profondeur de notre nuit intérieure, émerge la voix du Seigneur, qui nous conseille, se réjouit le psalmiste . Laisser sa place à la nuit, sans vouloir la remplir des pare-feux à nos peurs…et peut-être, dans cette nuit profonde, là où manifestement il n’y avait plus d’avenir, où le passé saturait de ses certitudes ou de ses craintes tout surgissement d’un possible renouvelé, peut-être, dans cette béance sombre, dans ce gouffre dans lequel nous craignons d’être aspirés, y a-t-il une place. Une toute petite place, dans une étable sombre qui habite un coin retiré de nos profondeurs : la place, l’espace pour une naissance qui illuminera d’un feu renouvelé notre existence, un feu ardent, celle de la Parole faite chair, et que nous pourrons porter haut, afin d’éclairer le chemin, le nôtre, et celui de nos frères et sœurs en humanité. « Tu me feras connaitre les sentiers de la vie ! »
Chut, il est temps de dormir, car la nuit, le Seigneur nous conseille : rêvons ! Il est aussi temps de veiller, car la nuit, nous pouvons entendre l’enseignement des profondeurs de notre être. Ecoutons le murmure qui peu à peu, devient parole distincte, si nous y prêtons attention. La nuit, les étoiles deviennent visibles, ce qui fait sens profondément dans notre existence se révèle. Veillons, ouvrons grands les yeux, soyons à l’écoute ! Le Christ vient à chaque instant apporter vie nouvelle ! Aussi notre cœur se réjouit-il, car abondance de joie y est déposée ! »
Florence LUSETTI