Pour moi, vivre en Dieu se réalise dans mon quotidien, dans ce que je fais chaque jour. C’est vivre l’instant présent avec Lui dans ce que je fais, dans les moments les plus divers. Je sens que Dieu est là. Il m’accompagne dans ce que je vis. Pour employer une image, je me vois un peu avec Lui comme un petit enfant en pleine activité entre les jambes de son papa.
L’amour de Dieu pour moi
L’amour de Dieu, c’est une réalité qui me dépasse, que je ne comprends pas et qui ne dépend ni de mes qualités, ni de mes défauts. Je vois cet amour de Dieu dans mon quotidien. Je me sais simplement sa fille. Les obstacles, ce sont tous mes enfermements.
Si je regarde à moi-même, c’est clair, il n’y a pas d’issue. Je regarde à Lui, c’est possible. Il est là. Quoi que je fasse, Il est présent. Ma prière a du goût. Je ne peux faire autrement que de dire: Il est vraiment ressuscité!
Sauvée par amour
J’ai été une enfant maltraitée, une enfant battue. Je me suis retrouvée assez jeune dans une pension d’enfants, animée par des chrétiens mennonites. Je me suis laissée approcher par eux. J’avais un schéma: si un tel est gentil avec moi, c’est que cela lui rapporte. Là, çà ne lui rapportait rien. C’était gratuit. Les gens autour de moi m’ont appris à découvrir l’Amour de Dieu. Ils ont prié pour moi. Par leur foi, ils m’ont amenée à Jésus.
Il y a ensuite les étapes de croissance. L’amour de Dieu m’a accompagnée dans une succession de guérisons intérieures. Il a cicatrisé. Il a progressivement remis de la chair sur des os desséchés. Aujourd’hui, je me dis parfois: “Est-ce bien à moi que tout cela est arrivé?”
J’ai eu du mal à me laisser aimer et cela peut m’arriver encore. Mais l’amour de Dieu est présent. C’est une histoire sans fin.
L’oraison: un temps pour Dieu
En suivant, il y a quelques années, les exercices spirituels inventés par Ignace de Loyola, j’ai appris à faire davantage silence en moi pour écouter Dieu.
J’ai découvert la présence silencieuse: choisir de se tenir devant le Christ, dans la présence de Dieu et de rester là en silence en écoutant.
C’est un temps gratuit que je donne à Dieu pour être présente à côté de Lui. C’est comme être à côté d’une personne aimée en étant content d’être là. Dans cet espace, curieusement, il y a quelque chose qui remonte et que j’accueille. Ce peut être un texte biblique, une prière, une interpellation. Je reçois tout cela dans la Lumière de Dieu. Le désert, c’est un lieu où Dieu parle. Maintenant, je comprends mieux les textes qui parlent de Jésus quittant la foule pour retrouver l’intimité avec son Père.
Entendre les réponses de Dieu
Dieu répond à mes questions par des canaux très divers: à travers quelqu’un, à travers un événement, à travers la Parole de Dieu. Parfois la réponse parvient d’une façon inattendue.
Une mère de famille, ayant quatre enfants et abandonnée par son mari, était venue prier avec moi. Elle me dit: “Je n’ai pas de machine à laver. Est-ce qu’on peut en demander une à Dieu?” Je lui ai répondu: “Écoute, pour avoir la réponse, il faut la Lui demander”. Dans la prière, j’ai senti que j’aurais pu lui offrir cette machine mais que ce n’était pas la solution, dans le sens qu’il y avait peut-être quelque chose d’autre à entendre, à vivre.
Nous sommes allées voir ensemble le banquier qui gérait ses maigres allocations familiales. Après une première réponse négative et l’incident qui s’en est suivi, il a réfléchi et nous a envoyé chez Darty. Finalement nous avons découvert que la banque avait décidé d’offrir la machine à cette dame. Dans cette circonstance inattendue, j’ai vu une réponse du Seigneur.
Je crois que Dieu est présent dans les petites choses. Je Lui avais posé la question: “Seigneur, qu’est-ce que tu veux? Comment Toi, Seigneur, veux-tu répondre à cette demande? Il faut apprendre à laisser Dieu faire. Et voilà, une surprise!
Dieu parle à travers le prochain
Dans une association, je travaille pour aider les SDF. Un jour à la sortie de l’Intermarché, j’ai rencontré une clocharde qui avait faim. Je lui ai proposé de prendre des articles dans mon caddie. Elle me dit: “C’est un bain que je voudrais”. À l’intérieur de moi, j’ai craqué et j’ai dit non. Et puis, je me suis rendue compte qu’il n’était pas facile d’aimer.
Finalement, j’ai demandé au Seigneur qu’Il m’accompagne et je l’ai emmenée à la maison en longeant les murs pour que les voisins ne s’en aperçoivent pas car, dans le quartier, cela aurait fait désordre. Je l’ai faite entrer dans la salle de bain. Elle avait une odeur épouvantable et je suis sortie pour vomir. Quand je suis revenue, elle m’a appelée. Elle était tellement sale que ses vêtements collaient sur sa peau. Elle a dû entrer toute habillée dans la baignoire.
Moi, je me disais: “Seigneur, je ne suis pas capable d’aimer. Je te remets ça.” Là, j’ai senti que moi aussi, j’avais besoin intérieurement d’être lavée et que Dieu avait donné son Fils pour moi. Cette femme me faisait comprendre que Dieu n’avait pas peur de ce que j’étais et qu’Il m’aimait. Curieusement, j’ai reçu instantanément une paix et une liberté qui m’a surprise.
Elle a mangé. Elle est partie. Deux jours après, elle est venue me voir avec un petit bouquet de marguerites, mes fleurs préférées. Un clin d’œil du Seigneur. Elle m’a dit merci: “Grâce à ce bain, j’ai pu trouver un travail de dame de compagnie”. Je me suis dit: “Vraiment Dieu m’a visitée”.
Un Dieu qui répond
Aujourd’hui pour moi, Dieu est une réponse. Je le vois dans mon quotidien quel qu’il soit. J’ai une fille qui a fait de l’épilepsie de 2 1/2 à 4 ans. Elle était en réanimation à l’hôpital et tout s’est arrêté.
Je pensais que c’était le sacrifice d’Abraham. J’ai dit: “Non, pas question!”. Et puis j’ai demandé la force d’accepter. Tous les amis faisaient une chaîne de prière pour elle et je crois que Dieu a entendu.
Trois jours après, elle était guérie. Aujourd’hui, elle a douze ans et elle n’a plus aucun médicament depuis cette guérison. Dieu a répondu.
Partager la bonne nouvelle
Comment partager ce trésor? En étant là où je suis. Si maintenant c’est le moment d’aller à l’église ou au groupe de prière, je le dis. Et on me pose la question: “Tiens, pourquoi vas-tu à un groupe de prière?”
Dieu est dans ma vie. Je parle de Lui comme je parlerais d’un membre de ma famille ou d’un ami.
Il y a régulièrement des gens qui viennent à la maison à qui je parle de Dieu. Leurs questions: “Est-ce que Dieu peut m’aider? Est-ce qu’Il peut me sortir de la panade?” Je leur dis: “Écoute, tu peux aussi Lui demander”. Et puis on prie ensemble. Je fais pas mal d’accompagnement spirituel. J’aime raconter des histoires de la Bible en réponse aux préoccupations des gens. Ils me disent: “Où vas-tu chercher toutes ces histoires?” Et cela les touche. Progressivement on avance ensemble dans la question. Le Dieu auquel je crois devient aussi leur Dieu.
La vie est un chemin
J’aime beaucoup l’histoire des pèlerins d’Emmaüs. Pour moi la vie est un chemin. Les jours où je suis fatiguée, je m’assois. Les jours où je suis en forme, je galope. Lorsque j’ai des cailloux dans mes chaussures, je ne peux pas beaucoup marcher. Chaque fois le paysage est différent.
La vie, c’est marcher ensemble, en peuple, avec les frères, avec tous ceux qui sont autour de nous, marcher et aller en direction de Jésus.
Émilienne Lafferranderie
Gif sur Yvette (91)
Témoins n0 138/2002