Il y a dix ans, un film québécois : « L’heureux naufrage » (2014) évoquait avec quelque mélancolie, l’effondrement de l’institution catholique dans le mouvement de la Révolution tranquille dans les années 1960.
Xavie Jean Bourgeault et Guillaume Tremblay, les réalisateurs de ce premier film viennent d’en réaliser un second qui propose des pistes pour le développement personnel et la vie spirituelle : ‘Va vers toi’ (2023). Ils sont interviewés sur le magazine ‘Le Verbe’.
Guillaume Tremblay nous fait part de la motivation qui l’a animé dans la réalisation de ‘l’heureux naufrage’ : « Pour moi, l’heureux naufrage, c’était faire la différence entre ma spiritualité, puis l’Église. Séparer ces deux choses est pour moi la base dans un cheminement spirituel. Après avoir fait la distinction entre les deux et la paix avec mon héritage chrétien, qu’est-ce qui s’ouvre ? Qu’est-ce qu’il faut faire ? Au Québec, on ne s’aime pas… Cela ne fait pas partie de notre culture de s’aimer. Va vers toi, ce n’est pas dangereux, au contraire. Saint-Augustin dit qu’en rentrant en nous-même, on trouve Dieu. Si on ne s’aime pas, on ne peut pas aimer l’autre… ». Il poursuit en évoquant le domaine religieux : « Comment peut-on adorer, avoir une relation avec un dieu quand on n’est pas soi-même ? Selon moi, on doit commencer par entrer en nous-mêmes et entrer en contact avec notre être profond, et non avec un dieu préconçu. C’est pourquoi ce film est la continuité de l’ ‘heureux naufrage’.
Les réalisateurs sont donc partis à la recherche de personnes pouvant les aider dans cette recherche en apportant un éclairage, psychologues, sociologues, philosophes et théologiens. Xavie a apprécié l’apport de scientifiques. « En comprenant d’où viennent nos réactions, on pourra les changer. C’est une bonne nouvelle : nous ne sommes pas des êtres déterminés. Nous sommes créateurs, en fait. La Bible le dit depuis toujours que nous sommes à l’image de Dieu créateur ». Xavie raconte comment les réalisateurs sont partis à la découverte de ces personnes pouvant apporter un éclairage : « Tous les jours, je ne connaissais pas le troisième pas devant moi. Je ne savais pas qui j’allais lire, interviewer ou découvrir. On me parlait de quelque chose ou je rencontrais quelqu’un. Les gens qui sont dans le film, j’en connaissais peu… Ils ont été présentés à moi et ils se sont avérés les bonnes personnes ». Cette recherche peut-être également considérée comme un cheminement spirituel : « On chemine dans ce qu’on découvre, dans ce qu’on sent que Dieu nous appelle à découvrir et puis on le partage ».
Xavie nous partage ses origines et son parcours : en grandissant depuis la petite église mennonite de son enfance Jusqu’à ses études d’anthropologie à l’université, elle a ressenti le beau dans sa vie. Et elle a vu Dieu de plus en plus grand. « Quand je suis allé à l’université, j’ai découvert l’être humain avec l’anthropologie et Dieu est devenu encore plus grand. Dieu grandit quand on lui laisse la place ».
Au total, cet entretien nous permet de comprendre l’esprit et le sens du film. « Je souhaite que les gens qui verront notre film n’aient pas peur d’aller en eux, puis de transcender leurs ombres, parce que je suis de plus en plus certaine qu’ils vont trouver quelque chose de magnifique qui a été déposé là. S’ils le font fleurir, ce sera beau pour eux, leur famille et le monde ».
Ce film : « Va vers toi » nous parait ainsi dépasser de beaucoup le contexte québécois dans lequel il a été produit. C’est un beau cadeau de pouvoir accéder à ses différentes séquences :
https://www.youtube.com/@vaverstoi
Cet entretien paru dans « Le Verbe » nous éclaire à la fois sur le film et sur les conditions de la recherche spirituelle aujourd’hui :