Je me suis souvent demandée : « Comment ce fait-il que je sois ici et non ailleurs ? Qu’est-ce qui détermine nos trajectoires ? » En lisant le psaume 139 je me dis que l’Eternel a un plan pour chacun de nous depuis qu’il nous a tissés dans le sein de notre mère. Comme le dit le psalmiste au verset 16 : « Quand je n’étais qu’une masse informe tes yeux me voyaient et sur ton livre étaient inscrits tous les jours qui m’étaient destinés avant qu’aucun d’eux n’existât »
Pour illustrer cela j’aimerais vous relater comment, et par quels concours de circonstances, je me retrouve en Ile de France, dans le département de l’Essonne.
Il y a une douzaine d’années nous avions fait le choix, mon mari et moi, de nous installer à Toulon parce qu’il y fait plus chaud et que notre petite Gifty, âgée à l’époque de 2 ans et demi, ne supportait pas l’humidité de la région parisienne. C’était bien confortable le sud au niveau climatique mais pour le travail c’était plus compliqué ! Mon mari devait s’associer avec un cousin à lui pour créer une entreprise qui n’a jamais vu le jour. Moi, pendant 2 ans, j’ai cherché du travail en vain. Mes candidatures spontanées ou mes réponses aux annonces me revenaient toutes avec la fameuse petite phrase « Nous avons étudié avec beaucoup d’intérêt votre demande mais nous avons le regret de… » Je ne lisais plus la suite…
Au cours de ces 2 années de recherches infructueuses Dieu m’a fait grâce d’une deuxième petite fille, Blessing, qui est une réelle bénédiction. Au sein de mon église nous avions prié plusieurs fois pour que j’obtienne un travail. En vain. Un jour, il m’est alors apparu clairement que je devais changer de cap. Revenir à Paris. Pourquoi pas ? Le pasteur de mon église a donc fait une annonce un dimanche en disant que si, dans la communauté, quelqu’un avait un contact à Paris ou en région parisienne pour un logement, qu’il se manifeste. C’est ainsi qu’un logement me fut proposé à Juvisy sur Orge pour le mois d’août 1997.
Adieu la mer, adieu le soleil, bonjour la grisaille ! Me voici, début juillet, de retour à la case départ, comme au Monopoly ! J’ai repris mes marques au foyer protestant du boulevard Arago où j’habitais quand j’étais étudiante. La directrice du foyer, qui m’appréciait beaucoup, m’a permis d’y rester un mois en attendant un logement. Sachant que je devais habiter à Juvisy sur Orge j’ai envoyé des demandes d’emplois spontanées dans les crèches environnantes.
En moins de 15 jours j’ai reçu plusieurs réponses positives, dont une de la Mairie de Juvisy sur Orge qui me proposait un entretien dès la mi-juillet. Quelle aubaine, j’y voyais déjà la main du Seigneur. L’entretien fut concluant. Seul hic : le contrat était à durée déterminé de 6 mois. Je leur demandais donc de ma laisser quelques jours de réflexion pour d’explorer d’autres pistes. J’avais notamment vu dans un journal spécialisé que la Mairie de Créteil recherchait pour sa crèche une éducatrice de jeunes enfants (EJE) pour un CDI. Je téléphonais à la crèche. La directrice me demanda d’envoyer rapidement ma candidature à la Mairie. Je le fis aussitôt, mais, une semaine plus tard je reçus le courrier de refus genre habituel, vous voyez ce que je veux dire… Une petite voix intérieure me dit alors « Emilie, un tient vaut mieux que deux tu l’auras » J’appelais la Mairie de Juvisy sur Orge et leur donnais mon accord pour le CDD de 6 mois. Rendez-vous fut pris avec la directrice des ressources humaines (DRH) et je fus embauchée. Tout heureuse je rentrais chez moi en remerciant le Seigneur pour sa grâce.
Arrivée chez moi je trouvais deux messages : un du propriétaire de l’appartement. Il est désolé mais ne peut plus me louer le logement parce qu’il est en conflit avec son locataire qui ne veut pas le libérer ; L’autre de la directrice de la crèche de Créteil qui me demandait de la rappeler. « Ah, qu’est-ce qu’elle veut encore celle-là me suis-je dite » Par correction cependant je l’appelais. Elle me proposait un entretien pour le lendemain ! « Désolée, lui dis-je, je viens d’être embauchée. Je commence le 18 août » Je la sentis décontenancée. Elle insista « Voici le salaire que nous vous proposons et c’est un CDI » Mais je lui répondis « Madame, je ne suis pas à vendre. Si dans 6 mois vous avez toujours besoin d’une EJE re-contactez-moi. » « Vous rendez-vous compte, me dit-elle, je vous propose un CDI et vous refusez pour accepter un CDD de 6 mois ! » « Oui madame, c’est une question de principe. Je vais au bout de mes engagements »
Le Seigneur a permis que je retrouve rapidement un logement à Viry Chatillon et, à la fin de mon contrat j’étais enceinte de mon fils Ahmala. A sa naissance je pris un congé parental durant lequel j’envisageais une éventuelle reconversion. En effet, je l’avoue, m’occuper toute la journée d’enfants au travail puis rentrer m’occuper ensuite des trois miens n’était pas facile et j’avais moins de patience pour les miens.
J’étais dans cette réflexion quand la directrice de la crèche de Juvisy sur Orge m’appela un matin pour me proposer un poste à mi-temps dans une PMI à Saint Michel sur Orge. Je lui dis : « Non Marielle, je ne suis pas prête à reprendre le boulot. J’ai du mal à m’organiser avec mes 3 enfants. » Elle me répondit : « Tu sais, c’est un mi-temps, une bonne façon de recommencer en douceur. Quoiqu’il en soit j’ai donné tes coordonnées à la responsable. Il se peut qu’elle t’appelle, alors tu peux déjà y réfléchir. » Je pensais : Quand même, il y a un truc que je ne comprends pas. A Toulon je cherchais le travail et ici c’est le travail qui vient me chercher chez moi !
Effectivement je reçois l’appel de la responsable de la PMI quelques jours plus tard. « Madame Mane, Marielle m’a parlé de vous et je souhaiterais vous rencontrer pour un entretien. » Je réponds d’emblée : « Je n’ai pas de solution de garde pour mon fils, je n’ai jamais travaillé en PMI, par conséquent, je suis désolée de ne pouvoir accepter votre offre » Maryse, qui est devenue depuis une grande amie, rétorque : « Même si nous ne devons pas travailler ensemble, j’aimerais, si vous le permettez, faire votre connaissance. » Je me dis : « Après tout cela n’engage à rien, elle veut juste faire ma connaissance »
Au cours de l’entretien elle me propose une solution de garde pour mon fils, m’assure de m’encadrer pour le travail et insiste
« J’aimerais beaucoup travailler avec vous, vous êtes la personne qu’il nous faut » Je n’en revenais pas. Un proverbe sénégalais dit « Si Dieu lui-même t ‘applaudit, tu dois danser » Ne sachant plus quoi dire je réponds : « Eh bien madame, si Dieu veut que l’on travaille ensemble, ça se fera » Cette phrase là, elle s’en souvient encore et me l’a redite récemment.
Ainsi je fus, presque malgré moi, embauchée à Saint Michel sur Orge et j’y travaillais, ce n’est pas une plaisanterie, avec Dieu et Israël ! Le médecin s’appelait le docteur Dieu et l’infirmière madame Israël !
Après deux ans de bonne collaboration (il s’agissait d’un remplacement) j’ai eu un poste plus près, toujours en PMI, et j’ai finalement découvert que j’étais bien faite pour le métier d’EJE. Il me fallait juste changer d’orientation. Maintenant je travaille dans l’écoute, le soutien et l’accompagnement de l’enfant et de sa famille. C’est là que le Seigneur me voulait car je suis une personne qui aime le contact, qui est à l’aise dans la communication et qui sait mettre ses dons au service des usagers.
Sachons faire confiance à l’artisan dont nous sommes les sujets. Sa bienveillance est si grande ! Confions-Lui dans la prière nos moindres projets et si c’est son plan pour nous Il y répond au-delà de toute espérance.
Emilie Mane, 14 octobre 2007
témoignage recueilli par Françoise Rontard