La guérison d’après le livre de John Huggett
« Tout le monde a besoin de guérison. Aujourd’hui Dieu guérit à travers son Eglise, à travers la médecine, et à travers les thérapies complémentaires. Tout ce que Jésus a fait dans son ministère terrestre a été entrepris dans la perspective de la guérison, jusqu’au point culminant de sa mort qui a rendu possible la guérison de notre relation avec Dieu. Cependant, en dépit de son acceptation récente comme une part normale et régulière de l’activité de l’Eglise, beaucoup de chrétiens n’ont pas encore compris combien le ministère de guérison peut bouleverser la vie de l’Eglise, si on lui ouvre la porte. Et, à une époque où les questions de santé sont constamment évoquées dans la presse, beaucoup n’ont pas encore reconnu la contribution qu’un ministère chrétien de guérison peut apporter à la société » (p. 17). Engagé dans ce ministère depuis une trentaine d’années, John Huggett vient d’écrire un livre : « Breath of life » (1) dans lequel il se propose de répondre aux questions relatives à la guérison sous toutes ses formes.
Une expérience et un témoignage
Pasteur anglican d’abord engagé dans une activité paroissiale, John Huggett a fondé en 1979 une œuvre spécialisée dans le champ de la guérison : « Breath Ministries ». Dans ce cadre, en collaboration avec son épouse, Chris, qui travaille par ailleurs comme ostéopathe, John Huggett a pu développer une action diversifiée : « Nous avons apporté la guérison, à travers l’imposition des mains et la prière. Nous encourageons tout ce qui peut contribuer au maintien et à la promotion de la santé : style de vie, environnement, diététique, exercice. Nous avons apporté une aide à des gens ayant une grande diversité de besoins : physique, mental, émotionnel et spirituel, et nous pouvons témoigner de remarquables résultats…En 1995, nous avons lancé un nouveau secteur : PACT (Approche positive aux thérapies complémentaires) avec la réalisation d’un premier registre des thérapeutes chrétiens ».
Cette approche est originale par l’ampleur du champ couvert. En effet, porté par l’amour de Dieu, John Huggett œuvre pour la guérison dans une perspective globale. Dans la prière pour les malades, il s’inscrit dans le courant d’un christianisme charismatique fondé sur la Parole Biblique et le souffle de l’Esprit Saint. Au long des années, il en a vu les fruits. Emaillé de témoignages, son livre nous apporte l’expression d’une expérience. Il nous raconte ainsi l’histoire de ce jeune homme atteint d’une obstruction au cou qui était une menace pour sa vie. Il n’était pas chrétien, mais il a fait 300 kilomètres pour venir à une réunion de guérison animée par John Huggett. On pria pour lui au nom de Jésus. Aussitôt après, il passa un test dans un hôpital. L’examen dura plus longtemps que prévu à la recherche d’un mal qui avait disparu. Ce jeune homme devint ensuite chrétien (p. 55). Comme Francis Mac Nutt (2), John Huggett pratique aussi la prière d’imprégnation. Ainsi a-t-il été appelé un jour à l’hôpital pour prier auprès d’un jeune, victime d’un accident avec une fracture du crâne et dans un état désespéré. Il lui a imposé les mains en priant en langues pendant une demi heure. D’autres priaient aussi. Le jeune est revenu à la conscience au bout de cinq jours et trois semaines plus tard, il était de retour à son travail (p. 59). Dieu répond également à la prière de chrétiens « ordinaires ». Des exemples en ce sens nous sont donnés. Un champ immense est ouvert : « Jésus a guéri beaucoup de gens dans les rues et les sentiers et nous encourageons les chrétiens à utiliser les occasions dans leur vie quotidienne pour partager son œuvre de guérison. Tant de gens ne réalisent pas tout ce que Dieu peut faire pour eux. Cela fait partie de cette vie vécue en plénitude dont nous parle Jésus dans l’Evangile (Jean 10.10) ».
Et, en même temps, John Huggett allie cette conviction et cette pratique de foi à un bon sens nourri par l’observation des réalités et par une prise en compte des données scientifiques. Dans les années 70, il a lui-même connu une dépression dont il est progressivement sorti grâce à une aide diversifiée. Cette expérience aussi a contribué à sa formation.
Une approche globale
Ainsi John Huggett a progressivement développé une approche qui considère l’homme dans sa globalité (3). Et dans le même mouvement, il envisage l’œuvre de guérison dans une perspective qui n’établit pas de barrière étanche entre l’action naturelle et l’action surnaturelle de Dieu. Le plan du livre reflète cette approche. Ainsi le toucher (p. 56) peut avoir un effet bénéfique à lui seul. John Huggett a ainsi encouragé son épouse, sa compagne dans la prière, à devenir également ostéopathe. Et bien sûr, l’imposition des mains dans le nom de Jésus s’inscrit dans le registre spirituel et surnaturel, mais elle comporte un aspect physique. De même John Huggett accorde une grande importance à la circulation et au déploiement de l’énergie (p. 97). L’énergie est un don de Dieu. « Même si les appellations qu’on lui donne peuvent sortir de l’ordinaire, l’énergie mise en œuvre dans la médecine complémentaire n’est ni magique, ni satanique, mais un don de Dieu qui peut être utilisé pour la guérison ». Si le concept d’énergie est très présent dans le « New Age », ce n’est pas une raison pour le rejeter. Comme l’écrit Alan Crook, « Allons-nous croire que Dieu a créé l’énergie électromagnétiques pour l’usage du diable ? »
L’énergie peut intervenir dans la guérison surnaturelle. « Quand une femme toucha une fois son vêtement, Jésus réalisa qu’une puissance était sortie de lui » (Marc 5.30). « Le disciple de Jésus est ici dans une situation très privilégiée » La puissance du Saint Esprit suscite et amplifie la mise en œuvre de l’énergie naturelle (p. 101). Ainsi, l’attention de John Huggett ne s’arrête pas à la prière. Elle s’étend naturellement au-delà, à la médecine classique et tout particulièrement aux thérapies complémentaires.
Questions sur la médecine
John Huggett ouvre le chapitre consacré à la « médecine orthodoxe » (p. 68 – 73) par le souvenir d’un de ses anciens médecins lui disant : « Vous savez, neuf sur dix de mes malades devraient s’adresser à vous ». Il en était venu à la conclusion que beaucoup de problèmes qui paraissent relever du corps sont aussi des problèmes du mental et de l’esprit. Les médecins sont donc confrontés à un travail difficile. Dieu nous aide à travers eux. Jésus n’a-t-il pas dit : « Ce ne sont pas les bien portants qui ont besoin d’un médecin, mais les malades ». La médecine classique a, bien entendu, profité des avancées de la science. Des maladies, menaçantes il y a relativement peu d’années, sont aujourd’hui traitables. Mais la médecine classique comporte également des limites. Les consultations sont brèves. La médecine traite telle ou telle pathologie mais souvent, elle ne prend pas assez en compte la personne dans sa globalité. Elle peine devant les maladies chroniques. Beaucoup de médecins cherchent aujourd’hui à adopter une approche plus holistique, mais ils n’ont pas été formés en ce sens (p. 70). Par ailleurs, si les médicaments sont destinés à éradiquer la maladie, il faut en surveiller l’emploi. Les médications utilisées par les médecines alternatives cherchent davantage à réguler la santé et sont généralement moins perturbantes. Certes, la médecine classique s’exerce dans un univers scientifique où la question de la preuve scientifique de la validité des thérapies est constamment posée. Mais comme l’écrit l’auteur, « l’absence de preuves n’implique pas une preuve d’absence ». « Le président du comité d’éthique de l’association britannique de médecine a déclaré qu’au moins la moitié des traitements médicaux actuels était sans utilité. S’il en est ainsi, et si ces traitements continuent à être mis en œuvre, pourquoi devrions-nous rejeter les thérapies complémentaires ? » Celles-ci donnent lieu souvent à des textes qui ne sont pas publiés dans les revues classiques de médecine.
John Huggett nous apporte un ensemble d’informations scientifiques encore peu connues. Sait-on qu’une expérience scientifique auprès des souris a montré une grande efficacité du toucher ? Des souris ayant été l’objet d’une thérapie par le toucher ont guéri considérablement plus vite que les autres (p. 56). Sait-on que l’homéopathie obtient des résultats qui ne peuvent être expliqués par l’effet placebo, par exemple auprès des chevaux ? L’homéopathie comme l’acupuncture fait partie des médecines qui suscitent et guident des forces énergétiques pour favoriser le processus de guérison. Elles sont accessibles à l’observation. Durant l’épidémie de choléra en 1854, les hôpitaux de Londres ont enregistré plus de 50 % de décès parmi les malades atteints alors que l’hôpital homéopathique a pu réduire cette mortalité à 16 % (p. 74). Des évaluations sont menées également aujourd’hui dans le domaine des effets de la prière. Elles montrent bien souvent une influence bénéfique. Parfois les données de la recherche sont même insolites. Ainsi la croissance des plantes pourrait être accélérée sensiblement par la prière. Tous ces travaux suscitent un nouvel état d’esprit. « Dans les années 1980, la médecine classique fondée sur le rationalisme scientifique rejetait virtuellement toute les thérapies naturelles en leur attribuant un effet placebo. Aujourd’hui le climat de l’opinion a progressivement changé, notamment parce qu’une personne sur trois en Grande-Bretagne consulte régulièrement un thérapeute pratiquant une médecine alternative » (p. 59). D’après un sondage, les britanniques manifestent une préférence pour l’ostéopathie (51%), l’homéopathie (39%), la chiropraxie (35%), l’acupuncture (28%) (p. 152).
Les thérapies complémentaires
Si les thérapies complémentaires rencontrent de moins en moins d’opposition dans la médecine classique, elles suscitent encore un rejet chez certains chrétiens enclins à la méfiance et à la crainte. En s’appuyant sur la Parole Biblique et aussi sur le raisonnement et l’expérience, John Huggett s’applique à démonter ces préjugés. Ce n’est pas parce qu’une thérapie a une origine étrangère qu’elle doit être rejetée : nous avons besoin de distinguer soigneusement la thérapie et la culture dans laquelle elle s’est développée, la thérapie et les pratiques occultes, la thérapie et la personne qui la met en œuvre. Jésus nous dit : « Vous reconnaîtrez les prophètes à leurs fruits (Matthieu 7.20) et non à leurs origines » (p. 140). On ne peut discréditer un ensemble de pratiques en fonction de la personnalité de l’inventeur. A cet égard, le procès fait à l’homéopathie est tout à fait injuste. L’appartenance présumée de son fondateur à la franc-maçonnerie n’avait pas, à l’époque, la même signification qu’aujourd’hui. Cette controverse est d’autant plus étonnante qu’en Grande-Bretagne au début du siècle, l’homéopathie était pratiquée en majorité par des chrétiens. Et par ailleurs d’autres thérapies complémentaires ont été initiées par des chrétiens. Cela a été particulièrement le cas pour l’ostéopathie. Des origines suspectes ont été attribuées aux fleurs du Docteur Bach alors qu’il était lui-même un disciple de Jésus Christ.
Certes, lorsqu’on s’engage dans une thérapie complémentaire, il est nécessaire d’agir avec discernement. A partir de la Bible, John Huggett montre les dangers possibles. Aussi nous propose-t-il un guide pour évaluer les différentes thérapies (p 78-87). « La question n’est pas : Est ce que c’est dans la Bible? Mais est-ce que c’est en phase ou contraire à l’enseignement biblique? Bien sûr, on attend aussi que ces thérapies soient en de bonnes mains ». Un petit nombre seulement des thérapies examinées sont douteuses ou dangereuses. La grande majorité est bénéfique. John Huggett nous dit en quoi elles consistent et quels effets on peut en attendre.
Quelle perspective ?
« Beaucoup de gens réalisent aujourd’hui qu’une vie en bonne santé comporte une triple dimension : spirituelle, physique et mentale. La plénitude, (en anglais : « wholeness ») est le mot clef. C’est ce à quoi chacun aspire aujourd’hui. En théologie biblique, il y a une étroite relation entre guérison, salut et plénitude. Christ a donné à ses disciples une mission de guérison. Celle-ci est le fruit de son œuvre et s’inscrit à la fois dans la création et la rédemption de l’humanité. Cette œuvre opère dans le corps, le psychisme et l’esprit de la personne en vue de lui apporter la plénitude qui est la volonté de Dieu pour tous ». Cette perspective développée dans un rapport récent de l’Eglise anglicane trace la voie (4). Elle est le fruit d’une évolution des esprits où le Parole Biblique éclaire une nouvelle anthropologie. Le ministère de John Huggett s’inscrit dans cette perspective. Son livre est un apport important. A travers 36 chapitres écrits chacun en réponse à une question et regroupés en 12 sections, cet ouvrage aborde en termes accessibles un ensemble de problèmes abordés avec un esprit d’amour, un bon sens biblique et beaucoup d’expériences et de compétence. Certainement, ce livre serait utilement traduit en français. En effet, en France comme en Grande-Bretagne, tout le potentiel disponible en faveur de la guérison n’est pas vraiment utilisé. Alors qu’en Grande-Bretagne, la prière chrétienne pour la guérison commence à être considérée, cette reconnaissance est loin d’être acquise en France. Plus généralement, notre regard est appelé à s’élargir. Ainsi dans nos deux pays, les médecines complémentaires se heurtent encore à des préjugés.
Ce livre ouvre un chemin pour venir en aide aux personnes qui souffrent. N’est-ce pas là tout simplement le message de Jésus ?
Jean Hassenforder
(1) Huggett (John), Breath of life. A believer’s guide to healing, wholeness and complementary therapies, Sovereign world, 2004
(2) Les livres de Francis MacNutt allient la foi, le bon sens biblique et la compétence scientifique.
Mac Nutt (Francis), Healing. Hodder and Stoughton, 1996.
Un livre de Francis MacNutt a été traduit en français : le pouvoir de guérir, édition Cerf
(3) Hassenforder (Jean), Plénitude et guérison, Témoins, n° 133, janvier-février 2001, p.
6-7. Par des voies diverses, Dieu agit dans toute la personne.
(4) A time to heal, A contribution towards the ministry of healing. A report for the house of bishops, Church House Publishing, 2000
Citations : p. 13, p. 1 et p. 15
Au sein de l’Eglise anglicane, différents ministères oeuvrent aujourd’hui dans ce sens. Le groupe « Anglican Renewal Ministries » a ainsi publié un manuel destiné à familiariser les chrétiens avec cette perspective : Vaughan (Roger), Saints alive. Healing in the church, Kingsway, 2002.