Ne sommes-nous pas assourdis par le vacarme actuel ? Échos de guerres et de massacres, menaces de bouleversement climatique, égarements porteurs d’angoisse et de violence. Certains se réfugient dans des idéologies apparemment sécurisantes, mais destructrices. Dans ce tohu-bohu, on a besoin de veilleurs, on a besoin de sentinelles. Alors, il est bon d’entendre proclamer, avec « Laudate Deum », qu’il nous faut protéger l’habitabilité de notre demeure terrestre ou encore entendre une voix qui appelle à la paix et à l’hospitalité face à la Méditerranée.
Cependant, cette recension nous permet de découvrir qu’il ne faut pas s’arrêter à l’immédiat. Non seulement en Christ ressuscité, nous pouvons regarder vers le futur dans l’espérance, mais nous pouvons également percevoir un avenir qui se construit dans un temps long. Ainsi, nous découvrons ici comment la communauté de Taizé a grandi depuis la fin de la dernière guerre à partir de la vision de frère Roger. Répondant aux aspirations spirituelles en terme de contemplation et de fraternisation, Taizé est devenu, en quelques décennies, « un village monde ». Pendant la même période, le « groupe des Dombes » a grandi et prospéré sur un autre registre, celui de la recherche œcuménique. La vision œcuménique elle-même se répand.
Si le goût et le sens de l’Évangile traversent le temps, en connaissant un renouvellement à travers réveils et réformes, il s’est aussi épuisé dans de pesantes institutions hiérarchiques. La sève a néanmoins pu se manifester au concile Vatican II et aujourd’hui, après un accès de rigidité, le mouvement reprend en profondeur à travers le synode suscité par le pape François. On sait l’écart croissant entre des mentalités en changement et des Églises routinières. Cependant Témoins a pu rendre compte du mouvement d’innovation qui s’est développé dans les récentes décennies en particulier dans la forme d’une Église émergente. Aujourd’hui, on aperçoit dans ce synode de l’Église catholique la manière dont elle pourrait se transformer à travers une culture de dialogue. Et puis, comme on le sait, il y a des visions pionnières, parfois plus ou moins rejetées dans l’immédiat. Ce fut le cas durant la vie de Pierre Teilhard de Chardin. Dans un temps long, elle est devenue un éclairage reconnu et indispensable.
Il y a donc des semences qui croissent avec le temps. Nous pouvons écouter ici la parole de Jésus dans l’Évangile de Marc : « Il en est du Royaume de Dieu comme quand un homme jette de la semence en terre ; qu’il dorme ou qu’il veille, nuit et jour, la semence germe sans qu’il sache comment. La terre produit d’elle-même l’herbe, puis l’épi, puis le grain tout formé dans l’épi… » (Marc 4.28-29). Avec nous et en nous, L’Esprit est à l’œuvre. Ensemble, nous sommes appelés à discerner « les signes des temps ».
La rédaction