Le film est tiré du témoignage de Thierry Bizot (1), producteur de télévision (sept à huit sur TF1, c’est lui), et réalisé par sa compagne, Anne Giafferi, scénariste, créatrice, et réalisatrice notamment de la célèbre série « fais pas ci, fais pas ça ».
L’histoire : un avocat talentueux, qui au hasard d’une rencontre avec le professeur principal de son fils pour un mauvais bulletin, répond par politesse – en fait pour éviter d’éventuelles représailles sur son fils – à une invitation à une catéchèse dans une salle polyvalente assez sinistre, avec des gens qui n’ont rien en commun avec lui…
Antoine semble tout avoir (réussite professionnelle, sociale, affective, …), et nous rentrons peu à peu dans son univers : une femme ravissante, une petite fille qui fait sa joie et un ado qu’il ne comprend pas, une sœur en déserrance affective, un frère en déserrance tout court, un père qui le rejette et lui préfère son frère, un univers professionnel et social bien rempli.
De sa révélation, il nous est dit peu de mots. Nous le voyons captivé par une statue du Christ dans une chapelle. Nous vivons à côté de lui ce décalage étonnant entre la pauvreté du lieu où se tient cette catéchèse, les traits caricaturaux, et pourtant si familiers, des participants et des accompagnateurs, rien qui ne puisse attirer ou convaincre, et le déséquilibre que cela produit dans sa vie jusque là maîtrisée. D’ailleurs, nous n’entendons rien de ce qui se dit pendant cette cathéchèse, hormis cette première question posée à tous les participants : « qui a envie d’être aimé ? ».
C’est finalement l’histoire d’une rencontre à une Rencontre.
Marie-Thérèse Plaine
En écho à l’article de Marie Thérèse, ayant vu le film lundi 20 février avec Monique, une collègue et amie totalement athée, j’aimerais ajouter deux ou trois choses.
Les mots de Monique d’abord : « le rythme est parfois un peu lent mais le film est intéressant et j’ai apprécié de ne ressentir aucune pression à adhérer à la foi du personnage ».
C’est juste. Par moment la caméra s’attarde en silence sur le visage d’Antoine comme pour souligner la bataille et le cheminement qui se vit sous son crane. Certains regards en disent long… Quant à la liberté de croire ou de ne pas croire est elle effectivement laissée au spectateur puisqu’à l’inverse s’exprime, non sans humour, la difficulté d’Antoine à parler librement de ce qu’il découvre. Par exemple lorsqu’il décide de lire la Bible il doit s’en justifier devant sa femme (en associant le Livre aux classiques de la littérature) et s’en cache sur son lieu de travail, moins par rigueur professionnelle que parce que s’intéresser à la religion dénote dans la société hyper laïcisée qui n’offre que l’argent (aux ratages répétés du frère) ou la thérapie psy (à la sœur, bien sympathique, en mal chronique de relation amoureuse stable).
Et puis il y a cette première puis cette dernière séance de catéchèse, drôles d’un côté mais surtout si émouvantes où se dit pour les uns le désir de croire, pour d’autre l’échec d’y être parvenu et pour Antoine l’humble étonnement que la grâce lui soit tombée dessus.
Ce que le prêtre dit du Christ m’a aussi interpellée, comme un amical rappel que c’est dans sa fragilité humaine, dans sa faiblesse que Jésus montre sa force, sa force d’amour envers nous.
Oui, c’est un film à voir qui touche et donne à penser.
Françoise Rontard
(1) Ce témoignage est repris dans son livre « catholique anonyme », paru chez Seuil en avril 2008. ** Voir et écouter l’interview de Thierry Bizot par Marc-Olivier Fogiel sur Europe 1 **
Film français d’Anne Giaffieri ; durée : 01h29min ; date de sortie : 9 février 2011