Dr Rodolphe Gozegba de Bombémbé, dirigeant fondateur de l’Association A9
La recherche théologique en Afrique francophone est une préoccupation qui me tient profondément à cœur. En tant que théologien africain, je suis conscient des défis auxquels sont confrontés nos chercheurs dans ce domaine. Il est temps de mettre en lumière ces difficultés et d’appeler à une action concertée pour les surmonter.
L’un des problèmes majeurs que rencontrent les théologiens africains est le manque de ressources, en particulier en ce qui concerne l’accès aux bibliothèques bien fournies et aux ouvrages de référence. Les institutions académiques en Afrique francophone font face à un déficit de livres et de fonds de recherche. Les bibliothèques existantes sont souvent sous-équipées, ce qui limite considérablement la portée des recherches théologiques. Cette situation englobe le développement des étudiants et le potentiel des jeunes chercheurs.
De plus, le nombre de bourses de recherche de haut niveau est insuffisant pour soutenir efficacement la communauté des chercheurs en théologie. Cela limite les opportunités de formation avancée et de spécialisation pour ceux qui souhaitent contribuer à ce domaine. Les chercheurs africains talentueux se voient souvent contraints d’accepter des postes de pasteurs dans les églises locales, faute de pouvoir poursuivre leurs travaux de recherche et d’innovation théologique.
Pourtant, les facultés de théologie en Afrique francophone produisent des théologiens de grande qualité dans de nombreux pays, notamment la République centrafricaine, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Bénin, le Togo, le Gabon, le Tchad, les deux Congo, pour n’en citer que quelques-uns. Ces talents ne doivent pas être cantonnés à des rôles ecclésiastiques, mais devraient avoir l’opportunité de contribuer activement à la recherche théologique, à la formation de la prochaine génération de théologiens et à l’innovation dans ce domaine.
Il est temps d’agir. Il est impératif de mettre en place une chaîne de recherche de qualité, dotée des ressources nécessaires, sur le continent africain. Cette initiative vise à nourrir les étudiants, à renforcer les jeunes chercheurs et même les professeurs en leur offrant des opportunités de formation avancée et de recherche. L’objectif est également de partager et de promouvoir la recherche théologique africaine avec sa propre identité et ses richesses culturelles distinctes, afin de la faire rayonner sur la scène internationale.
En théologie, les fondamentaux restent constants, mais les contextes évoluent rapidement, les constructions conceptuelles se transforment et peuvent devenir obsolètes. Il est essentiel de souligner que les concepts théologiques demeurent intemporels, seules les méthodes d’enseignement et les discours évoluent. Il est impératif de garder le rythme des évolutions contemporaines, d’innover et de contribuer aux dialogues interculturels et interreligieux qui façonnent notre monde.
J’aimerais donc lancer un appel aux Responsables des Églises en Afrique pour qu’ils encouragent activement les recherches théologiques. Nous devons investir massivement dans la recherche pour innover théologiquement et renforcer notre influence sur le plan international. En soutenant la recherche théologique en Afrique francophone, nous ouvrons la voie à une meilleure compréhension théologique.
Aujourd’hui, les institutions chrétiennes en Afrique disposent des ressources nécessaires pour financer leurs propres recherches. Ces institutions, en prenant en main le financement de leurs recherches, démontreront également leur engagement envers le développement intellectuel et spirituel de leurs communautés. Elles accorderont l’importance de produire des connaissances et des réflexions théologiques ancrées dans leur propre contexte africain. Cela pourrait prendre la forme de collaborations interinstitutionnelles, de partenariats avec d’autres centres de recherche ou universités, ou encore de programmes de bourse visant à promouvoir l’excellence dans la recherche théologique africaine.
Le moment est venu pour que les institutions chrétiennes africaines financent elle-même la recherche théologique, en donnant aux théologiens africains les moyens de prospérer dans leur quête de la connaissance et de la compréhension, pour le bénéfice de nos églises locales, de nos sociétés et du monde entier. Ensemble, nous pouvons écrire un nouveau chapitre de l’histoire théologique africaine.