La marche
En fait l’oeuvre première est la marche. Marcher c’est récapituler l’activité fondamentale de l’homme. Non pas simplement se déplacer mais arpenter le monde, le fouler, l’investir, l’habiter (de habere, posséder). Mais à la manière d’un nomade ou d’un voyageur. A l’image d’Abraham parcourant Canaan, y prospérant sous des tentes tout en ayant les regards fixés sur un ailleurs, la cité d’en haut. La marche est l’outil idéal pour découvrir le monde et non le traverser en aveugle. D’ailleurs le regain actuel de cette pratique est une réaction salutaire à la pression exercée par la société gourmande de vitesse et d’instantanéité. C’est que la marche oblige à prendre du temps et à regarder le monde à hauteur d’homme. Une façon d’expérimenter le transitoire pour appréhender l’éternel.
Mon travail s’inspire des pratique du nomadisme pour dire mon état de voyageur sur terre. Mon équipement est léger et les moyens plastiques minimaux, le nomadisme interdisant l’accumulation. Je me sers des matériaux trouvés sur place pour mes sculptures.
Les travaux réalisés pendant la marche sont un point de vue, dans le sens photographique, sur les paysages traversés et une réponse plastique à la sollicitation de ces espaces. Je cherche la formule pertinente qui fera sens. C’est une manière de nommer le monde pour y manifester mon appartenance.