“Deux désirs m’ont animée dans la constitution d’un groupe de maison : être nourrie en tant que croyante et, en même temps, pouvoir amener nos familles, nos amis, nos voisins dans un lieu personnalisé où ils pourraient se sentir à l’aise.
La manière a été d’ouvrir ma maison et de créer un espace où l’on fait des choses ensemble. En l’occurrence, on y partage un repas.
Rendez-vous du mardi soir
Depuis février 2000, nous nous réunissons toutes les semaines, le mardi soir. On a appelé cela : “Un mardi sur la terre, les yeux rivés au ciel” pour faire un petit clin d’œil à une chanson de Cabrel. Tout le monde connaît Cabrel. Cela donne déjà une petite atmosphère. Les personnes présentes en invitent d’autres : “Figures-toi qu’on va tous les mardis soirs chez des amis qui ouvrent leur maison. Ils font un repas et on s’interroge ensemble sur nos choix de vie à la lumière de la Bible“.
x Vers 19h30 les gens arrivent. Les affamés qui sortent du boulot commencent à picorer un peu. On chante quelques chansons au Seigneur. Les préoccupations de la journée s’atténuent. On va pouvoir effectivement s’interroger.
x Je remets à chacun un fascicule: une page de garde avec un verset phare, les numéros des chansons, les questions qui vont servir à l’animation sur le thème proposé, les versets bibliques apportés en réponse, une place pour noter les sujets de prière. Pendant la rencontre, chacun peut écrire et il emporte ensuite le dépliant avec lui.
x Les échanges commencent vers 20h15. On commence à parler du thème. On se questionne. Il faut être deux pour animer et veiller à la bonne marche de la rencontre. Quelques règles du jeu sont nécessaires. On veut bien discuter mais pas entrer dans une polémique. Ici, la Bible est notre fondement. Par ailleurs, il n’y a aucune obligation à partager des choses intimes mais quand elles sont dîtes, elles ne doivent pas sortir du groupe.
x Les thèmes abordés sont variés. En voici quelques-uns: la paix, la maîtrise de soi, la bienveillance… Si on prend, par exemple, la pureté, on va se poser des questions comme celles-ci : le désir, la soif de pureté, le respect par rapport aux autres, le respect par rapport à soi. Quels sont les obstacles à notre pureté? Dans quels domaines? Et puis, ce sera à chacun de s’interroger pour savoir quelles sont les zones difficiles. Les gens dressent leur propre bilan en écrivant sur le papier.
x Ensuite, à partir de 21h. environ, on continue la rencontre en partageant le repas. On s’assoit autour d’une table basse, sur des canapés et même par terre… et on continue à parler en même temps. Vers la fin du repas, les animatrices, ma mère et moi (ou d’autres responsables), nous exposons la vue de la Bible, la vision de Dieu pour nous.
x Après le repas, au dessert, on commence à donner les sujets de prière. Il y en a de toutes sortes : problèmes personnels, santé, examen… On prie pour tout cela avant de se quitter. En se séparant, on s’encourage. Que chacun porte chacun dans la prière… « Que Dieu vous garde cette semaine ! ».
De 7 à 22 en quelques mois
Au départ, au début de l’année 2000, nous étions sept, un petit groupe de chrétiens de tous horizons, de toutes générations. Il y avait notamment des jeunes participant à une troupe de théâtre visant à exposer les valeurs bibliques : “La compagnie des Actes”. Un pasteur nous a aidés au départ à mettre en place les fondements bibliques. Très vite des personnes en recherche, des nouveaux croyants se sont joints à nous. En quelques mois, nous avons dépassé la vingtaine. Nous avons pu constater de grandes évolutions. Une parente retrouvée à la faveur d’événements familiaux est venue régulièrement. Elle avait des problèmes personnels, des manques affectifs en l’occurrence. Elle s’est sentie à l’aise dans le groupe. Elle y a trouvé sa place. Elle a donné son cœur au Seigneur. Une amie d’enfance de maman, un peu désorientée dans sa vie, a suivi également les réunions. Elle s’est épanouie. Au départ en retrait, elle est maintenant très avenante. Elle participe à nos cahiers car elle fait de merveilleux dessins et tableaux. Des jeunes, blessés dans certaines circonstances de leur vie par rapport à la foi, ont trouvé dans le groupe une structure adéquate et ont grandi dans le Seigneur. Aujourd’hui, on s’interroge. Comment se subdiviser en tenant compte des besoins de chacun et des circonstances ?
En ouvrant notre maison avec Philippe mon mari, nous nous sommes engagés à accueillir un groupe chaque semaine. J’ai eu des craintes. Je me suis dit: “cela va être lourd”. Avec le recul, je crois que si je ne m’étais engagée ainsi, je ne serais pas aussi proche du Seigneur aujourd’hui. Quand on donne, on reçoit. Ce que je vis dans ce groupe de maison est vraiment unique: cette nourriture donnée par le Seigneur et même ce questionnement qui est ouvert à tous. La présence des non-croyants nous permet d’éviter le patois de Canaan, les tics qu’on voit dans des églises ghetto. Pour moi, c’est l’église de l’avenir parce que c’est personnel et Dieu est un Dieu personnel. Ce que nous vivons là, c’est une belle chaîne d’amour.
Propos recueillis auprès de Ève Soulain [Levallois (92)] et publiés dans le magazine Témoins (n° 134).
Références: Groupe Recherche Témoins