Sur le site Cath.ch, Thierry Magnin, docteur en sciences physiques et docteur en théologie, intervient sur le thème de la relation entre les neurosciences et la foi.
« Pendant la majeure partie du XXe siècle, science et foi se sont considérées comme antagonistes, chacune prétendant expliquer le vivant. Aujourd’hui, science et foi peuvent dialoguer pour aborder la complexité de la vie, estime le père Thierry Magnin ».
Thierry Magnin est l’auteur d’un livre paru en 2022 : ‘Foi et neurosciences. Dialogue sur l’homme vivant’
Thierry Magnin rappelle l’influence du livre de Jacques Monod : ‘Le hasard et la nécessité’ dans les années 1970. En considérant le hasard comme le moteur de l’évolution, son approche « détruit le sens de l’homme et de l’histoire ». « De leur côté, les neurosciences qui émergeaient à l’époque essayaient d’analyser l’être humain comme une machine biologique ».
Mais, aujourd’hui, le climat est différent. « On s’est aperçu que les sciences ne peuvent pas tout expliquer. On parle aujourd’hui d’incomplétude du scientifique qui n’est pas du tout une défaite de la science, mais une condition de son exercice. C’est une révolution épistémologique ». Thierry Magnin met en exergue une découverte fondamentale : « Contrairement à ce qu’on pensait jusqu’à assez récemment, le cerveau se développe tout au long de l’existence ». Thierry Magnin évoque une approche nouvelle de la conscience.
« Désormais des technologies permettent de mettre en évidence les relations entre le biologique, le psychisme et la pratique spirituelle et ceci dans les deux sens ». On prend conscience de la complexité du vivant. « Les neurosciences s’intéressent notamment à l’épigénétique, c’est-à-dire la modulation des gènes qui s’expriment plus ou moins fortement en provoquant des changements dans le corps… L’environnement psychique, le vécu de la personne a des effets sur cette modulation, par exemple à travers l’alimentation, le plaisir, le stress, etc. ». « Le vivant reste plastique et peut être modifié par son environnement ».
Thierry Magnin met également en évidence « le principe de l’homéostase qui veut que l’énergie vitale cherche toujours à retrouver un équilibre par une énorme capacité d’adaptation ».
Sur le registre théologique, Thierry Magnin trouve inspiration dans la pensée d’Irénée, évêque de Lyon au IIe siècle. « Celui-ci définit l’homme selon les trois éléments : corps-âme-esprit. C’est le mélange et l’union de ces trois éléments qui créent l’homme parfait… Pour Saint Irénée, le corps de l’homme n’est pas un obstacle. Il est au contraire le temple de l’Esprit et le lieu de rencontre avec Dieu.
Il est donc très éloigné du dualisme qui sépare le corps et l’âme et qui a beaucoup imprégné l’éducation religieuse qui voyait l’âme comme prisonnière du corps ».
https://www.cath.ch/newsf/thierry-magnin-quel-dialogue-entre-neurosciences-et-foi/