Elisée n’est pas ici le grand prophète de l’Ancien Testament mais une petite fille pour laquelle sa maman a voulu exprimer sa reconnaissance devant Dieu, lors du culte du 6 février 2011 dans son église de Viry Chatillon. Ce jour là le témoignage que vous allez lire fut entrecoupé de cantiques de louanges et dit avec une émotion contenue, à fleur de larmes, par instant. Il touche à plusieurs titres : comme signe de la puissance et de la bienveillance de Dieu et comme éclatante manifestation d’amour et de foi pour un enfant si fragile.
Témoignage :
« Pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis Raïssa, la maman d’Elisée, de Noha et de Jémima.
Ce matin je me tiens devant vous pour rendre grâce à notre Père Céleste qui m’a comblée tout au long de ma vie, y compris à travers une succession d’épreuves qui témoignent de Sa présence divine à mes côtés.
Aujourd’hui, à l’occasion du 10ème anniversaire de ma fille Elisée, je voudrais partager avec vous ce que furent ses premières années.
Elisée a vu le jour le 30 janvier 2001 à Brazzaville (Congo). C’était une petite prématurée de 7 mois qui pesait 2 kg et mesurait 52 cm. Trois semaines après notre sortie de la maternité elle fut hospitalisée suite à une poussée fébrile qui se révéla être un début de méningite. Un traitement antibiotique fut mis en place immédiatement.
Pendant l’hospitalisation d’Elisée, qui dura plus d’un mois, j’ai pu voir Dieu à l’œuvre. Dans son service on pratiquait beaucoup la transfusion sanguine. Or, les nourrissons transfusés mourraient quasiment tous le lendemain. Ignorant la décision médicale qui serait prise, imaginez mon angoisse chaque soir quand je quittais son chevet. Je me demandais si je la retrouverai vivante le lendemain. Je ne peux vous d’écrire mon émotion quand chaque matin je croisais à mon arrivée des mères à qui on venait d’annoncer le décès de leur bébé.
Par la grâce de Dieu, je la retrouvais. Mais elle perdait du poids à vue d’œil. De 2 kg elle tomba à 1 kg. Alors la décision fut prise de la transfuser.
Le jour où j’apportai la poche de sang, que j’avais pu me procurer et qui devait lui servir, j’assistai à une altercation entre l’équipe médicale habituelle et une dame, manifestement médecin pédiatre d’un autre service, qui s’opposait violemment à ce que ma fille soit transfusée. L’équipe n’était pas de son avis mais elle a maintenu fortement sa position et m’a demandé de rapporter la poche à la banque de sang jusqu’à nouvel ordre.
Par contre, vue sa perte de poids, il devenait vital qu’Elisée trouve une place en couveuse. Hélas, dans ce grand hôpital congolais, il n’existait que 3 couveuses pour le grand nombre des prématurés.
Une nouvelle une fois, Dieu me montra son amour en permettant que j’obtienne une place pour ma petite Elisée.
Chaque jour fut un combat avec son lot de victoires et d’échecs.
Le plus dur fut lorsque, après 1 mois et demi d’hospitalisation, le médecin chef du service pédiatrique nous demanda de quitter l’hôpital et de laisser l’enfant s’en aller et reposer en paix. Un diagnostic inacceptable pour nous, bien qu’il ait suffit à son père pour baisser les bras. Ma mère, elle, faisait pleinement confiance à Dieu et se refusait à accepter ce diagnostic de fin de vie.
Elle fit le nécessaire pour une évacuation sanitaire vers le Canada, dans un centre pour enfants handicapés, et ce malgré le refus de coopérer du médecin et de l’Etat congolais qui refusaient une telle prise en charge, estimant qu’elle occasionnerait bien trop de frais pour une cause perdue d’avance.
Mais le Seigneur n’avait pas dit son dernier mot ; il permit que l’évacuation se fasse aux frais de maman et nous guida vers une autre direction. En effet, arrivée en France pour une escale, Elisée a dû être hospitalisée d’urgence à l’hôpital de Villeneuve Saint Georges. Là, l’infirmière des urgences, sans le moindre ménagement, me demanda si j’avais pris les dispositions nécessaires pour le corps. Une question à vous poignarder vive. Comment tenir face à une telle adversité quand on a 25 ans et que c’est votre première expérience de mère ?
Avec plus de sagesse le Médecin urgentiste m’a expliqué la complexité de la pathologie. Conséquence de la méningite, Elisée souffrait d’une hydrocéphalie c’est-à-dire qu’elle avait beaucoup de liquide dans le cerveau. Cela nécessitait une intervention délicate que seul l’hôpital Necker pouvait prendre en charge. L’énorme quantité de liquide dans le cerveau l’empêchait de tenir sa tête comme les autres bébés âgés de 7 mois. Nous voilà donc transférées à Necker où elle est aussitôt opérée par le Professeur Khan qui a suspendu ses congés pour répondre à cette urgence. Elisée a dû subir 2 interventions à 3 jours d’intervalle.
Evidemment, après ces péripéties, le voyage au Canada fut annulé, d’autant qu’on était dans la période du 11 septembre 2001, peu propice aux vols vers le continent Américain.
Le chirurgien m’avait bien expliqué qu’il ne pouvait pas accomplir de miracle et que l’opération ne garantissait pas un développement psychomoteur normal car l’intervention avait été tardive (Elisée avait 7 mois et demi).
Mais le Seigneur est souverain et rien ne lui est impossible.
A 16 mois, Elisée a commencé à tenir sa tête et à s’asseoir.
Au reste elle n’était pas en retard sur le plan du langage et dégageait une joie de vivre à vous couper le souffle. Son apparence physique surprenait tout le monde. Le regard des autres était dur à supporte mais quand Elisée ouvrait la bouche les yeux s’agrandissaient et les oreilles se dressaient.
Au contrôle médical de ses 18 mois, le Professeur Khan fut agréablement surpris. Ses propos furent : « Avec Elisée il ne faut pas se prononcer ! ». Eh oui, tous les pronostics sur sa vie ont échoué. Le Professeur Khan, bien que surpris des progrès d’Elisée jusque là, émettait encore une réserve sur sa capacité future à se tenir debout et à marcher. Il nous a malgré tout orientés vers le CAMPS (Centre d’Action Médico Sociale Précoce) de Saint Michel sur Orge qui nous a ensuite orienté vers le SESSAD d’Arpajon (Service Education Spéciale et de Soins à Domicile). A ses 3 ans et demi, il fut émerveillé de voir Elisée marcher. Pour lui et son équipe, elle était une vraie miraculée.
Aujourd’hui Elisée marche, parle, je dirais même trop, et fréquente une école normale en ayant une seule année de retard. C’est une enfant adorable et qui a toujours le sourire malgré son handicap.
En rendant ce témoignage devant vous je voudrais rendre Gloire à Dieu pour Sa Bienveillance et remercier maman pour son dévouement et sa foi sans mesure, sans oublier de dire aussi un grand merci à toutes les personnes que le Seigneur a su mettre sur notre chemin.
Françoise Rontard