Le paysage, un genre à part entière.
En occident la peinture, après une approche symbolique dans l’antiquité et le moyen âge puis idéalisée avec le classicisme ou le romantisme, fait du paysage un genre à part entière au 19° siècle. C’est avec les peintres de Barbizon, puis Monet et les impressionnistes que les peintres se confrontent au motif naturel considéré pour lui-même. Au vingtième siècle, dans les années soixante, aux Etats-Unis, des artistes, tel Walter de Maria (à qui l’on doit le terme de Land Art), Michael Heizer, Robert Smithson, Robert Morris, Dennis Oppenheim ainsi que Richard Long en Angleterre, arpentent des territoires, creusent, déplacent, transportent, en un mot sculptent d’une nouvelle manière, la terre (d’où le terme d’Earth Works).
L’époque est à la rupture, ces artistes sortent de l’atelier et utilisent le paysage comme support et matériau. Ils remettent en question les circuits traditionnels de l’atelier au musée ou à la galerie. Le spectateur est invité à rejoindre l’œuvre sur son lieu de création. La photographie, comme document, servira de diffusion à l’œuvre. Cette démarche est une remise en question du statut de l’artiste, de la notion de génie, comme une désublimation. Héritiers du minimalisme ces artistes convoquent le spectateur dans l’œuvre, ils le font marcher pour réaliser une expérience spatiale. L’œuvre s’élargit à un vécu dont les documents, cartes, plans, croquis, textes explicatifs ou critiques donnent à cet art une coloration clairement conceptualiste. L’œuvre n’est pas tant une chose à voir qu’une manière de voir.