Mais un vrai sujet. L’artiste en vit et il en souffre. En souffre tellement quelquefois, qu’il est empêché d’exercer son art. Un comble ! D’où l’idée de Crescendo France d’organiser une journée de travail sur ce thème en novembre 2011 pour une trentaine d’artistes professionnels chrétiens. Airi et Beat Rink, directeurs de Crescendo International, conduisirent cette journée, avec leurs compétences de thérapeute et de coach d’artistes pour l’une, et de théologien, écrivain et poète pour l’autre, en alternant conférences et travaux en petits groupes. Témoins s’y était invité, pour tenter de comprendre cette sensibilité autant « de l’intérieur » que possible.
Airi Rink, après nous avoir invités à remplir un questionnaire nous permettant d’évaluer notre propre niveau de sensibilité, nous apporta des éléments permettant de mieux qualifier les caractéristiques et l’origine de la sensibilité élevée.
Une personne hautement sensible a une réceptivité plus importante que la moyenne aux stimuli externes, comme les odeurs, les bruits, les lumières, le toucher, les ambiances,… qu’internes, touchant par exemple à l’imagination, aux humeurs, aux associations sémantiques,…
En fait, elle reçoit et assimile beaucoup plus d’informations, de façon plus intense et plus profonde. Avec un niveau de stimulation donné, une personne normalement sensible ressentira de l’ennui, tandis qu’une personne hautement sensible se sentira suffisamment stimulée.
La haute sensibilité n’est pas qu’une caractéristique mentale, mais elle est surtout neurobiologique : elle provient d’un cerveau à filtre faible, plus rapidement sur-stimulé, nécessitant un temps plus long pour s’approprier les expériences et plus facilement fatigable… un peu comme celui d’un nouveau-né.
Cette haute sensibilité est souvent héréditaire, visible dans plusieurs membres d’une même famille. Au passage, cette information m’a personnellement permis de mieux comprendre le comportement de certains de mes proches et de relire des événements familiaux avec cette clé : une sensibilité élevée.
La sensibilité qui rend l’artiste tel qu’il est, est aussi celle qui le rend vulnérable, comme « s’il vivait l’intérieur à l’extérieur ». Elle n’est généralement ni comprise, par la société, ni accompagnée correctement, à commencer par la petite enfance : les enfants dotés d’une telle sensibilité sont souvent moins bien adaptés au système scolaire du fait de leur rythme et de leur mode d’appropriation des connaissances différents de la « norme », et ils sont plus difficiles à « gérer », car incompris.
Plus tard, un artiste peut être perçu par la société comme un dilettante original, alors qu’il faut énormément de travail et de rigueur pour exercer son art. Par exemple, la musique nécessite une structure architecturale : « si une usine était structurée comme une pièce de jazz, elle marcherait ! »
Alors, comment garder sa sensibilité d’artiste, sans mettre un couvercle dessus, et bien vivre dans le monde ?
Airi donna des clés de compréhension dans deux domaines sensibles : la gestion de critiques négatives et la gestion du trac.
Mais elle rappela aussi à l’assemblée que Dieu nous a créés actifs et créatifs à son image. Si un artiste chrétien a été blessé, du fait de sa sensibilité élevée, il peut demander l’aide de Dieu, et faire une démarche de guérison intérieure. Beat Rink nous fit ensuite réfléchir sur la sensibilité et le processus créatif artistique.
Il introduisit d’autres caractéristiques liées à la sensibilité artistique : par exemple l’aptitude à gérer l’inconnu, et la tolérance à l’ambiguïté, la capacité à surmonter les obstacles, la facilité à réorganiser les concepts pour résoudre les problèmes, du fait d’une indépendance, d’une liberté d’esprit.
Puis s’intéressant au processus créatif, il développa la phase d’inspiration et la phase d’élaboration.
« Nous avons accès à l’Esprit Créateur dans la phase d’inspiration… ce qui ne veut pas dire qu’Il produit en nous automatiquement ».
Et je conclurai avec ce conseil d’Airi aux artistes… mais pas seulement : la voie de l’excellence est une voix de solitude. Il faut s’entourer d’autres personnes qui nous comprennent, avec qui parler librement de ses faiblesses, partager, prier, s’aider mutuellement. C’est bien le but de Crescendo ** Voir sur ce site ** , et de la Fonderie ** Voir sur ce site ** et ** Voir aussi **.
Marie-Thérèse Plaine