La diversité religieuse en France : transmissions intergénérationnelles et pratiques selon les origines
Le 30 mars 2023, l’Institut national de la statistique et des études économiques a publié une étude sur la diversité religieuse en France en portant particulièrement son attention sur les transmissions intergénérationnelles et pratiques selon les origines (1).
Comme nous le savons, le paysage religieux en France profondément changé au cours des quarante dernières années. Le programme d’enquêtes international sur les valeurs des européens a permis de suivre ces évolutions. A cet égard, un livre est paru en 2019 : « La France des valeurs. Quarante ans d’évolution » (2). Nous pouvons donc inscrire l’étude de l’INSEE dans le cadre plus vaste de l’évolution du paysage religieux en France.
Les pourcentages peuvent être légèrement différents, mais on constate les mêmes proportions comme la montée des ‘sans-religion’ jusqu’à devenir une majorité de la population française et le recul massif du catholicisme jusqu’à ne plus couvrir qu’un petit tiers de la population française. « En 2019-2020, 51% de la population de 18 à 59 ans dans la France métropolitaine déclare ne pas avoir de religion… Si 29% de la population se déclare catholique, l’Islam est déclaré par un nombre croissant de fidèles (10%). Le nombre de personnes déclarant une autre religion chrétienne augmente également (9%). Nous considérons comme significative la présence nouvelle d’une population chrétienne autre que catholique statistiquement reconnue.
L’étude de l’INSEE apporte une information originale sur l’intensité de la pratique selon les différents groupes. « Seuls 8% des catholiques fréquentent régulièrement un lieu de culte contre 20% des autres chrétiens, des musulmans et des bouddhiste et 34% des juifs. On notera une donnée particulièrement importante puisqu’elle peut être considérée dans la perspective d’une « autonomie croyante » caractéristique de notre époque. Les chercheurs ont distingué : fréquentation régulière d’un lieu de culte et prière hebdomadaire.
La prière hebdomadaire atteint 15% chez les catholiques (contre 8% de fréquentation de culte), 58% chez les musulmans (contre 20% de fréquentation de culte) et 31% chez les autres chrétiens (contre 22% de fréquentation de culte).
L’étude de l’INSEE s’inscrit dans celle des migrations. On y étudie le phénomène de la transmission religieuse. Cette transmission est très forte chez les musulmans (91%) et chez les juifs (84%). Elle est moindre chez les catholiques (67%) et chez les autres chrétiens (69%).
L’originalité majeure de l’enquête réside dans l’étude du rapport entre affiliation religieuse et migration. Les populations migrantes sont très religieuses. Les immigrés sont deux fois plus affiliés à une religion que les personnes sans ascendance migratoire ou ultramarine : 81% des immigrés arrivés après 16 ans contre 42% des personnes sans ascendance migratoire après deux générations. On observe cependant des variations selon le pays d’origine, les originaires de l’Asie du sud-est apparaissant comme relativement peu enclins à une affiliation religieuse.
Ce sont là des données qui appellent à réfléchir plus avant sur le religieux, sa fonction et son évolution. Si cette étude s’inscrit dans celle des migrations, c’est un rappel de la réflexion à entretenir sur la dimension internationale et à l’apport de cette dimension.
Jean Hassenforder
- La diversité religieuse en France : https://www.insee.fr/fr/statistiques/6793308?sommaire=6793391
- Comment le paysage religieux en France a complètement changé en quarante ans : https://www.temoins.com/comment-le-paysage-religieux-en-france-a-completement-change-en-quarante-ans/