C’est Noël… et les sapins fleurissent ! Mais vous êtes-vous déjà demandé pourquoi donc le sapin a une si bonne place à l’occasion de cette fête où l’on célèbre la naissance de Jésus ?
Le sapin de Noël serait né au Moyen-âge dans la vallée du Rhin alors que l’on présentait les « mystères » du Christ. Il s’agissait de saynètes bibliques qui étaient jouées sur les parvis des églises et des cathédrales, pendant la période de Noël. Par ces saynètes, on présentait un résumé de l’histoire du rapport entre Dieu et les hommes d’après la Bible. Ainsi, il y avait plusieurs plans, comme différents actes d’une pièce de théâtre. Cela commençait par la création et la chute, passaient par les prophètes qui annoncent la venue du Messie, par la naissance de l’enfant Jésus, et se terminaient par la mort et la résurrection du Christ. Le but de ces mystères était d’enseigner le message de l’évangile à une population qui ne savait pas lire et qui n’avait pas accès au texte biblique. Chacun voyait ainsi vivre sous ses yeux, tous les personnages bibliques concernés.
Que vient faire le sapin de Noël dans tout ceci, me direz-vous ? Il fallait que cette représentation reste gravée dans les cœurs, et c’est là que le sapin intervient. En effet, il était nécessaire pour la chute d’Adam et d’Eve d’avoir un arbre de la connaissance du bien et du mal évoqué dans la Genèse. Mais voilà, nous sommes en hiver, et le seul arbre ayant encore son « feuillage », c’est le sapin. Quand aux fruits défendus, des pommes cueillies à l’automne et qui se conservent assez bien peuvent faire l’affaire. Les acteurs jouant le rôle d’Adam et Eve venaient croquer dans une pomme, qui restait accrochée à la vue des spectateurs et qui leur rappelait le péché originel. Ces pommes sont devenues les boules multicolores que l’on accroche dans le sapin de Noël. D’ailleurs, n’avez-vous jamais remarqué qu’il y en a toujours une qui est évidée ? Elle porte encore, de nos jours, la marque des dents d’Adam et d’Eve.
Ainsi L’homme et la femme étaient devenus pécheurs, ils furent chassés d’Eden pour vivre dans un monde de souffrances et de ténèbres dominé par Satan. Mais, Dieu dans son amour n’abandonna pas l’homme dans sa situation de péché. Il promit de lui envoyer un Sauveur. Et ce fut le rôle des prophètes de rappeler la promesse de Dieu. Les paroles des prophètes furent donc comme de bonnes nouvelles, comme des rayons de lumière envoyés par Dieu afin d’éclairer les hommes. Pour illustrer la parole des prophètes et le rameau fleuri évoqué par le prophète Esaïe, on accrochait dans l’arbre des roses de papier. Ces fleurs de papier avec le temps se sont transformées en fines bandes de papier. Elles sont devenues nos guirlandes chatoyantes dans la lumière.
Puis, le temps arriva où la promesse se réalisa. C’est le temps de la naissance du fils de Dieu dans l’humble étable de Bethléhem. C’est l’évangile de Matthieu (1.21-23) qui rapporte la parole que l’ange adresse à Joseph à propos de Marie : « Elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus ; c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. Tout cela arriva afin que s’accomplisse ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète : Voici, la vierge sera enceinte, elle enfantera un fils, et on lui donnera le nom d’Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous ». Quant à l’évangéliste Jean, il affirme que Jésus était la lumière de Dieu venue parmi les hommes : « Cette lumière était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme. » (Jean 1 : 9). Ainsi Christ, la lumière du monde, vient chasser l’ombre de la nuit. Il est le salut du monde. Pour illustrer la lumière qui chasse les ténèbres, on accrochait dans les branches du sapin des bougies allumées. Ainsi le sapin se trouvait transformé et brillant de lumière éclairant la scène et les spectateurs. Nous retrouvons ces bougies aujourd’hui sous la forme des guirlandes clignotantes multicolores.
Après la naissance de Jésus, il y a aussi la venue des mages, événement raconté par Matthieu (2.1-12). Les mages étaient guidés par une étoile qui brillait dans le ciel. Une étoile était alors accrochée au sommet du sapin. Aujourd’hui, elle est toujours là au sommet du sapin de Noël, pour nous rappeler l’adoration de ces hommes étrangers venus d’orient qui avaient reconnus en Jésus quelqu’un de pas comme les autres.
Il ne restait alors plus qu’à présenter la mort et la résurrection du Christ. On accrochait dans le sapin des hosties qui représentaient le don de Dieu pour les hommes. Par la suite, certainement parce qu’on a eu tendance à oublier le sens originel du sapin de Noël, les hosties furent remplacées par des « bredele », puis par des gâteaux de Noël, non plus sur le sapin, mais au pied de celui-ci, et finalement par des cadeaux à offrir.
C’est ainsi que le sapin de Noël se trouvait installé et décoré sur le parvis des églises. Lorsqu’on passait devant, chacun pouvait se rappeler grâce aux différents éléments décorant cet arbre, cette saynète que l’on avait vu jouer et du même coup, ce que certains appellent : le plan du salut.
Vers le 17ème siècle, ce sont les Alsaciens qui, lassés de contempler le sapin sur le parvis de l’église et au froid, l’ont introduit d’abord à l’intérieur des églises, puis dans leurs maisons comme sapin de Noël. Et la coutume s’est répandue à travers le monde.
Voilà, c’est Noël… et les sapins fleurissent ! Et si, la prochaine fois que vous croisez un sapin, vous preniez quelques minutes pour vous laisser interpeller par le message de cet arbre décoré. Un message en forme de cadeau. Non pas ces cadeaux que le soi-disant Père Noël aura déposé au pied du sapin et qui viendront égayer la famille et réjouir les enfants que nous sommes tous encore un peu. Mais le cadeau de Dieu pour vous et moi : Jésus, qui est né pour incarner des valeurs qui peuvent encore aujourd’hui donner du sens à la vie. Et oui, le sapin est là pour nous rappeler que Noël, c’est d’abord la célébration de la naissance de Jésus qui cherche une place dans l’humble étable qu’est notre cœur. Lui laissera-t-on une petite place en ce temps de Noël ?
Gabriel Monet