Les univers culturels.
La culture peut se définir par contraste avec la nature. La nature est indépendante de l’homme et s’explique en terme de causes et d’effets exprimés sous la forme de lois scientifiques. La culture est engendrée par l’humanité qui, elle même, se caractérise par la la liberté qui lui est attribuée. Dès lors, les sciences humaines, selon leur père fondateur, Wilhelm Dilthey, requièrent une approche de compréhension. La pensée humaine s’exprime dans des œuvres qui n’appellent pas une explication, mais une interprétation. La culture est étroitement liée à l’histoire. Pour comprendre la signification d’un événement ou d’une action, nous devons les situer dans leur contexte, c’est à dire leur place dans un ensemble plus vaste. On peut également distinguer la culture de la société. Ces deux réalités sont très proches et cependant distinctes. Par analogie, les institutions sociales peuvent être comparées, en terme d’informatique, au « hardware » tandis que la culture apporterait le « software » ou la programmation . L’anthropologie culturelle nous dit aussi que la culture est une manière de vivre, un « way of life », tout ce que les gens pensent, disent, ont et font, ce qui est appris et partagé par les membres d’une société particulière. Les êtres humains vivent dans des univers qu’ils se créent, des univers dans lesquels ils inventent et découvrent du sens. Le langage joue un rôle essentiel dans ce processus. Dans cette perspective, la culture peut être entendue comme la dimension du sens dans la vie sociale. La culture est faite d’œuvres et d’univers qui portent du sens (« works and worlds of meaning ») (p.26)).
Vanhoozer évoque les œuvres en terme de « textes culturels ». « Pourquoi des « textes » ? Parce qu’un texte est le produit d’une action humaine intentionnelle. Les œuvres communiquent du sens et appellent une interprétation » (p.26). Dans cette perspective, les textes sont très variés : une pièce musicale, un parfum, une architecture, un match de football… La culture est aussi un univers de sens dans lesquels les hommes habitent à la fois physiquement et en imagination. « La culture ressemble à des lunettes à travers lesquelles une vision de la vie et de l’ordre social est exprimée, expérimentée et explorée » (p. 26). De nombreux univers culturels nous sont aujourd’hui proposés et nous présentent la possibilité d’autres modes de vie possibles. Qu’en penser ?
Ainsi, la culture influence nos modes de penser et d’être.
La culture communique. Nous recevons constamment des messages. La publicité, par exemple, propage de des mythes, des symboles. « Tacitement, la culture communique un programme qui donne un sens à la vie » (p.28) ;
La culture oriente. « En nous apportant un cadre pour interpréter la vie de chaque jour, la culture dresse des cartes mentales qui nous orientent dans le monde » (p.29). La culture est « la logique par laquelle je mets le monde en ordre » Et pas seulement ! Elle influence nos goûts et nos valeurs. « Dans le passé, les gens recevaient leurs orientations fondamentales de la famille, de l’école et de l’église. Dans la culture actuelle des médias, les images et les célébrités interviennent comme « arbitres du goût, des valeurs et de la pensée » (p.29).
La culture reproduit. Elle se répand. Elle se transmet.
La culture cultive. Elle forme les esprits dans tous les domaines. Si on entend par formation spirituelle : « le processus par lequel le cœur humain est modelé, orienté et formé » (p. 31), la culture intervient dans ce processus. « De même que la culture projette des formes idéales à l’intention de nos corps, de même, elle projette des formes idéales pour nos esprits « (p.31).
Comme chrétiens, comment pourrions-nous être aveugles ou indifférents vis à vis de cet ensemble de processus et ne pas opérer un discernement pour considérer, dans toutes ses gammes, le positif et le négatif, l’acceptable et l’inacceptable ?