De C.S.Lewis à J.K.Rowling.
Pour une analyse plus approfondie, le lecteur se reportera au livre magistral de Matthew Dickerson et David O’Hara. Comme on l’a vu, ces auteurs inscrivent leurs commentaires dans un champ plus vaste : l’étude du mythe et du fantastique. Ils exploitent et commentent ainsi le mouvement initié par C.S.Lewis et J.R.R.Tolkien (3). Les œuvres de ces écrivains comme « Les chroniques de Narnia » ou « Le Seigneur des Anneaux » sont maintenant bien connus dans le monde occidental, et, depuis peu, en France. A travers le déploiement de l’imaginaire, y passent des vérités profondes sur la vie. Ainsi, à travers l’allégorie, et en présentant un univers enchanté, C .S.Lewis nous introduit au cœur de la vision chrétienne (4). Mais, pour y accéder, il faut dépasser les limites d’un rationalisme étroit. Comme l’écrit Leanne Payne, auteur d’écrits de spiritualité, « Nous sommes des êtres « mythiques ». Nous vivons par et dans nos symboles » (5). Si cette dimension est refoulée, notre réaction s’exerce sans recul, au premier degré. Et c’est ainsi qu’on peut expliquer la violence de certaines attaques contre Harry Potter. Pourtant, ceux-là mêmes qui les ont menées , pouvaient difficilement rejeter pour les mêmes raisons les grandes sagas de C.S.Lewis parce que cet auteur est bien connu dans le monde anglophone pour son œuvre d’apologétique en faveur de la foi chrétienne. Les penseurs chrétiens qui ont pris la défense de J.K.Rowling n’ont pas manqué d’invoquer son exemple. Au reste, est-ce qu’on s’inquiète du personnage de superman ? Comme l’écrit Mark Greene, animateur du London Institute for Contemporary Christianity (6), «La magie dans la fiction de Rowling opère comme la haute technologie dans la science fiction ou les pouvoirs du super héros dans les bandes dessinées pour ouvrir de possibilités plus grandes aux personnages. C’est essentiellement une métaphore du pouvoir. Et la question est alors : comment le pouvoir va-t-il être utilisé ? Comme l’a dit Abraham Lincoln : Si vous voulez vraiment tester le caractère de quelqu’un, donnez lui du pouvoir » (7).