Une femme sans abri me dit : « j’ai peur de prendre une douche ». J’ai récemment commencé à faire une permanence hebdomadaire dans ce centre qui accueille les femmes de la rue pendant la journée. Je manque totalement d’expérience. Cette peur, donc, je n’en comprends pas la profondeur, je ne veux pas l’entendre, et, au fond, elle me bouleverse et me révolte. Comment peut-on rester sale par choix, alors qu’une autre possibilité est offerte, gratuitement, et en toute sécurité ?
Alors, j’encourage cette femme, j’argumente, je ressens un besoin pressant de la convaincre ; je lui donne une belle serviette blanche toute chaude, un petit savon : tous les « ingrédients » pour passer un moment de détente, de « remise à neuf ». Elle rentre dans la douche et j’entends l’eau couler avec soulagement. Mais elle ressort presque aussitôt, prétextant que l’eau était froide, et me disant, en colère : « pourquoi vous avez voulu me faire changer mes habitudes ! ».
Cet événement m’a troublée, et m’a interrogée sur mon comportement : une fois de plus, j’avais eu un projet pour l’autre, j’avais voulu « mon bien » pour elle. Cette tendance, je la croyais éradiquée, et bien non ! Une fois de plus j’ai oublié la question : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » que pose Jésus à Bartimée (Marc 10.51)
Mais quelques jours plus tard, le Seigneur me montrait que, par cet incident, il voulait aussi me faire toucher du doigt une double réalité spirituelle .
Cette douche, c’est aussi la présence du Seigneur dans les événements quotidiens de ma vie.
Ne préférai-je pas quelquefois rester dans mon chagrin, ma petite misère, ma crasse, plutôt que de faire l’effort de me déshabiller devant le Seigneur et de recevoir pleinement sa purification, sa consolation, son pardon ?
Ou encore, me maintenir dans des habitudes qui me sécurisent matériellement ou psychologiquement, plutôt que d’accepter le regard d’amour de Jésus sur ma vie, et de répondre à son appel ?
N’ai-je pas peur, de prendre ma douche quelque fois ?
Le Seigneur me rappela alors, qu’il me manifestait régulièrement la présence de son Esprit Saint par une douche d’amour bienfaisante, qui me remplissait de joie, de paix, de force, oxygénait mes pensées, chassait mes peurs et mes doutes, clarifiait mon regard, et augmentait ma foi. Quelle grâce !
De cette douche-là, je n’ai jamais peur.
06/03/2007
MT Plaine