A l’occasion de la semaine de l’unité, une célébration œcuménique rassemblant les représentants des diverses églises de confession chrétienne, s’est tenue au temple réformé d’Ermont. Le texte pour illustrer l’unité des chrétiens avait été choisi dans le livre d’Ezéchiel.
Bernard Jornod, en sa qualité de président de la Fédération Protestante en Région Parisienne, fut chargé de la prédication. Nous sommes heureux d’en redonner le texte intégral sur notre site « Témoins », site de la culture chrétienne interconfessionnelle, où il trouve toute sa place.
Ils seront unis dans ma main. (Ezéchiel 37/15 à 28).
« Ce texte est riche en images dont on pourrait tirer plusieurs enseignements, mais pour ce soir, je resterai dans le contexte de la semaine de l’unité et du thème choisi : Ils seront unis dans ma main. Sans faire de grandes explications, il faut se rappeler la situation du peuple d’Israël, au moment où Dieu adresse Sa parole à Ezéchiel.
Il faut d’abord distinguer deux aspects du texte.
Premièrement Dieu s’adresse directement à Ezéchiel, comme pour le convaincre : « Il y eut une parole du Seigneur pour moi », car ce qui lui semblait lointain et irréalisable allait prendre forme dans la main de Dieu. Ezéchiel avait besoin d’en être convaincu car deuxièmement il allait devoir adresser cette même parole au peuple d’Israël et l’expliquer.
Depuis le schisme, à la mort de Salomon, environ 930 avant JC, le pays est divisé en deux.
La fraction la plus importante, les dix tribus du Nord, sera exilée par le roi assyrien Sargon II dans le nord de la Mésopotamie (nord de l’Irak), en 722 environ. L’autre fraction, la tribu de Juda et la population de Jérusalem, sera, elle, emmenée en captivité dans le sud de la Mésopotamie en 586 environ, au bord du fleuve Kébar, par Néboukadnetsar.
Ezéchiel, lui-même, sera exilé avec les habitants de Jérusalem et il exercera la plupart de son ministère durant sa captivité.
Imaginez : Il y a plus de 350 ans qu’Israël est divisé, pas seulement géographiquement ou politiquement, mais aussi religieusement. Chacune des parties avait succombé à l’idolâtrie, ayant adopté d’autres divinités tout en gardant le culte rendu à l’Eternel.
Cela fait 140 ans que les habitants de la partie du Nord ne résident plus dans leur territoire et que les habitants de Juda et de Jérusalem sont à leur tour emmenés loin de leur pays. Alors entendre Dieu dire : « Je les rassemblerai à nouveau sur leur sol et surtout je les réunirai encore une fois, au point ou ils seront un dans ma main », avait de quoi surprendre le prophète. « Ces Cousins que l’on n’a plus revus depuis tant d’années ! »
Se retrouver ensemble, réunis sous l’autorité d’un même Roi, est-ce possible ?
La réponse ne peut pas venir des hommes mais de Dieu, lui-même et c’est ce qu’Il affirme : « Ils seront un dans ma main. »
L’Eglise n’a pas attendu la Réforme protestante pour se diviser, ni le schisme de 1054 séparant les chrétiens d’Orient et ceux de l’Occident, pour être traversée par des courants divergents. Ils sont une forme de liberté laissée par Dieu aux hommes, mais qui a besoin d’être canalisée par l’Esprit Saint.
Il y a toujours des événements spécifiques aux séparations, mais elles ont toujours les mêmes racines, qui se trouvent dans le cœur de l’homme.
Pour Israël il y avait deux causes majeures.
Celle de l’autorité de la gouvernance : Quel est le roi qui nous gouverne ? Lequel allons-nous choisir et servir ?
L’Eternel avait mis en garde Israël contre le désir d’avoir un roi pour faire comme les autres nations, signifiant par cet acte le rejet de l’autorité divine. Israël ne pouvait pas voir les conséquences d’une telle décision qui le conduirait à devoir faire des choix aux conséquences dévastatrices en termes d’unité.
Celle de la pratique religieuse : Quel Dieu allons-nous servir et comment allons-nous le faire ? Quel courant allons-nous suivre ?
Et voilà le sillon de la séparation est tracé, la voie de la division est ouverte.
Alors que faire ? La réponse nous vient encore de Dieu.
Je ferai d’eux une nation unique.
Je leur donnerai un roi unique.
Je les purifierai de toutes leurs souillures.
Je les délivrerai de tous les lieux où ils habitent.
Ils seront mon peuple et je serai leur Dieu.
Le Seigneur s’engage, mais nous savons bien que cela ne pourra pas se faire sans nous.
C’est à nous que Dieu dit qu’Il veut nous purifier de notre idolâtrie. Quelles formes peut-elle prendre aujourd’hui ? Un fonctionnement, un concept doctrinal, des manières de faire que nous déclarons immuables. Est-ce suffisant comme réponse ?
C’est à nous que Dieu dit qu’Il veut nous délivrer de tous les lieux où nous habitons pour nous faire habiter dans son lieu à Lui. Il y a qu’un seul Royaume, le sien. Et c’est par le salut en Jésus-Christ que nous pouvons y avoir accès. L’Eglise n’est que le rassemblement de ceux qui désirent connaître le Roi et son Royaume.
C’est à nous que Dieu affirme avoir donné un seul berger pour exercer l’autorité : Jésus-Christ lui-même. Nous sommes appelés à le suivre. C’est ce qu’Il attendra des premiers hommes qui sont devenus ses disciples en leur disant : Suivez-moi.
Nous ne pouvons pas rester sans rien faire devant l’appel de Dieu à être unis. Jésus va lui-même relayer cette injonction dans Jean 17, en affirmant qu’Il prie pour que ceux qui croient en Lui et en sa parole soient unis par l’Esprit Saint.
A ce jour nous reconnaissons l’unité spirituelle lorsque nous percevons en d’autres croyants (chrétiens) l’œuvre de l’Esprit. Nous ne pouvons pas faire reposer l’unité uniquement en termes de doctrines.
L’unité voulue par Dieu n’est pas non plus un vague concept irréaliste, mais déjà une indication de la route à prendre et une espérance à vivre.
L’Eternel révèle à Ezéchiel que l’alliance qu’Il désire sera perpétuelle avec son peuple. Elle aura en son centre un sanctuaire. Il fait directement référence à sa propre présence au milieu de son peuple. C’est ce que Jésus avait affirmé lorsqu’il était interrogé sur la venue du Royaume en disant : Il est en nous, il est au milieu de vous.
« L’unité de l’Eglise devient crédible et réelle lorsqu’elle regarde à Jésus-Christ. Au moment où elle pose son regard sur elle-même, elle se discrédite et rompt l’unité recherchée avec les autres. »
Bernard Jornod