Un IIIe colloque de l’association A9, Bangui février 2025

La République centrafricaine, à l’instar de nombreux pays d’Afrique centrale, fait face à des défis environnementaux sans précédent. Le changement climatique se manifeste par des phénomènes météorologiques extrêmes, une perte accélérée de biodiversité, une dégradation des sols, et des tensions croissantes sur les ressources naturelles. Selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), la déforestation en Centrafrique progresse à un rythme alarmant, avec une perte annuelle de plus de 1 % des forêts tropicales (PNUE, 2020). Entre 2000 et 2018, la RCA a perdu environ 4,5 % de sa couverture forestière, soit plus de 800 000 hectares de forêt (FAO, 2018). Cette déforestation, combinée à l’érosion des sols, met en péril la sécurité alimentaire des populations locales, avec plus de 50 % des terres arables désormais dégradées (PNUE, 2021). En 2022, environ 2,2 millions de personnes étaient en situation d’insécurité alimentaire aiguë, exacerbée par les effets du changement climatique (PAM, 2022). La perte de biodiversité est également préoccupante. Des espèces emblématiques, comme l’éléphant de forêt et le gorille des plaines de l’ouest, sont en danger critique d’extinction en raison de la perte d’habitat et du braconnage (UICN, 2021). Ces problèmes environnementaux sont aggravés par les migrations internes causées par les crises environnementales, qui ont augmenté de 35 % au cours de la dernière décennie (Banque mondiale, 2021), provoquant des tensions sociales et des conflits pour l’accès aux ressources naturelles.

Face à ces défis, le IIIe colloque international de l’association A9, qui se tiendra du 20 au 22 février 2025 à Bangui, vise à créer un espace de dialogue autour des mutations environnementales en Afrique centrale. Ce colloque s’inscrit dans le plan d’actions de l’association A9, en lien avec son engagement pour améliorer le cadre de vie en République centrafricaine. Les discussions porteront sur des thématiques vitales telles que la gestion durable des ressources naturelles, l’urbanisation intelligente, et la prévention des conflits liés aux migrations internes causées par les crises environnementales. Créée en 2015, l’association A9 s’efforce d’améliorer les conditions de vie en République centrafricaine à travers des actions concrètes pour la protection de l’environnement humain et naturel. Depuis sa fondation, A9 a développé plusieurs initiatives visant à répondre aux besoins essentiels de la population tout en promouvant la cohésion sociale et le respect de l’environnement. À l’issue du colloque, un projet de plantation d’arbres sera lancé, symbolisant l’engagement continu de A9 à transformer les défis environnementaux en opportunités de développement durable.

Le colloque de 2025 est une extension des actions menées par l’association A9. En intégrant les discussions sur les problématiques environnementales, il vise à renforcer l’impact des initiatives de l’association sur le terrain. L’objectif est de développer une synergie entre les recherches académiques présentées lors du colloque et les projets concrets de l’association, tels que la future plantation d’arbres. En Afrique centrale, et plus particulièrement en République centrafricaine, les questions environnementales sont souvent marginalisées dans le discours public. La pauvreté omniprésente pousse les populations à concentrer leurs efforts sur des besoins immédiats, reléguant les préoccupations environnementales au second plan. Pourtant, ces questions ont des répercussions directes sur la qualité de vie et la survie des communautés. Le manque de conscience des impacts environnementaux aggrave les défis liés au changement climatique et à la gestion des ressources naturelles. Il est donc urgent de sensibiliser non seulement les responsables politiques, mais aussi la société civile et les populations locales. Ces acteurs doivent comprendre que la protection de l’environnement n’est pas un luxe, mais une nécessité pour garantir un avenir viable. Le colloque de 2025 vise à mettre en lumière ces enjeux, en encourageant des politiques publiques et des initiatives communautaires qui intègrent pleinement les questions environnementales dans les stratégies de développement.

L’Association A9 invite les chercheurs, praticiens, décideurs politiques, et acteurs de la société civile à soumettre des propositions de communication. Les sujets attendus couvrent un large éventail de domaines liés aux mutations environnementales, à la gestion durable des ressources, et à la promotion de la paix et de la cohésion sociale. En particulier, les propositions innovantes qui explorent des approches intersectorielles et interdisciplinaires sont encouragées. Parmi les partenaires potentiels, le Conseil œcuménique des Églises, reconnu pour son engagement en faveur de la justice sociale et écologique, pourrait jouer un rôle clé dans l’élaboration des stratégies de sensibilisation et de mobilisation des communautés religieuses.

Le IIIe Colloque International de l’association A9 représente une opportunité unique de réflexion et d’action collective face aux défis environnementaux en Afrique centrale. En s’appuyant sur l’expérience de l’association A9, ce colloque vise à promouvoir des solutions durables et inclusives, permettant de transformer les mutations environnementales en vecteurs de développement pour la région. Les contributions attendues devraient non seulement enrichir les débats, mais aussi offrir des perspectives concrètes pour l’avenir de l’Afrique centrale.

Rodolphe Gozegba de Bombémbé

 

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