Le cyclone sanitaire qui traverse notre société semble, plus que tout autre évènement précédent, modifier nos activités, nos comportements et nos habitudes.
Tout d’abord il y a ces milliers de familles endeuillées, atteintes au plus profond de leur chair par la maladie ou la disparition d’un proche. A toutes ces familles l’équipe de Témoins adresse ses plus sincères sentiments de soutien.
Il est encore bien tôt pour analyser l’étendue, la durée et la profondeur des transformations de nos pratiques, notamment celles liées à la foi. Bien sûr, nous le constatons, la plupart des assemblées chrétiennes proposent des réunions en vidéos via internet, des rassemblements sur Skype ou ZOOM… ou bien encore des partages via les réseaux sociaux. Ce phénomène n’est pas nouveau, mais il a été étendu et généralisé par le confinement. Ces différents formats permettent certes une facilité d’accès au message mais en réalité ne font-ils pas qu’accentuer le consumérisme spirituel ? L’interaction y étant très limitée, le message trop souvent pyramidal et le format assez traditionnel.
Au-delà de cette pratique à distance quelles sont les changements en profondeur?
Déjà des voix se lèvent pour aspirer à un renouvellement de l’église. Ainsi un pasteur, président d’une grande famille évangélique en France déclare : Des fois je me dis “après le virus, on garde quoi ?” Et j’ai envie de répondre : “on jette l’église à consommer et on garde l’église à vivre.” Ce cri nous le relayons dans le silence de l’œil du cyclone que nous vivons. Le consumérisme spirituel auquel nous pourrions tenter de céder lors du confinement doit laisser place à un renouveau des pensées puis des pratiques.
Comment l’église peut-elle favoriser l’autonomisation des individus? S’ouvrir à la communauté et répondre aux besoins des plus isolés? Proposer du lien social et offrir des espaces d’expression et de vie…? Nous reviendrons dans les prochains mois sur les initiatives et les pensées novatrices liées à la crise que nous vivons. Nous continuerons à vous proposer des recherches et des études sur les pratiques progressistes de l’église post-confinement.
En attendant nous vous proposons de lire l’analyse de Jean Hassenforder sur le nouvel ouvrage de Jurgen Moltman, Une vision d’espérance dans un monde en danger. L’auteur propose une théologie pour une époque troublée, pour un monde en péril. Raison supplémentaire de nous attarder sur les beautés de la création, dans Sauver la beauté du monde. Enthousiasme de la beauté. Enthousiasme de la vie, Jean-Claude Guillebaud nous invite à la contemplation militante. Vous avez aussi la possibilité de lire l’étude de Martin Bellerose sur Les chrétiens et la sortie de la religion. Une œuvre qui révoque la forme hétéronomique (en opposition à l’autonomie de la personne) de l’église d’aujourd’hui. Enfin vous avez l’opportunité de redécouvrir certains articles déjà publiés sur notre site.
Toute l’équipe vous souhaite bon courage en cette période tourmentée. Restez à la maison, soyez prudents !
Fred Menigoz