EsPass’Vie est une œuvre chrétienne, basée à Lille avec une antenne à Cambrai, qui offre une aide, un accompagnement, des outils, à toute personne désirant évoluer dans sa relation à elle-même, aux autres et à Dieu. Témoins a demandé à Mario Leimgruber, son fondateur, de lui en parler. « Notre vision est d’accompagner des individus en tenant compte à la fois de l’aspect psychologique et de l’aspect spirituel, sans pour autant les confondre même si les interactions sont nombreuses. Pour cela, nous avons développé quatre axes : la relation d’aide de type thérapeutique, des formations au développement relationnel, des journées de ressourcement spirituel et enfin l’accompagnement spirituel.
Cette vision est née progressivement. Tout d’abord, alors que j’étais pasteur, j’ai vite été confronté à la souffrance humaine à l’intérieur du corps du Christ : abus et violence en tout genre, dépression, problèmes de couple etc… Me sentant démuni face à cette réalité, j’ai décidé de me former en relation d’aide. Suite à cela, de plus en plus de personnes chrétiennes sont venues frapper à ma porte pour solliciter une aide ; de là est né un double constat : d’une part, il y a une réelle demande d’aide psychologique tenant compte de la dimension chrétienne, d’autre part, le corps du Christ est bien abîmé sans pour autant toujours recevoir des soins adéquats. D’où l’idée de créer un centre chrétien de relation d’aide et cela d’autant plus qu’entre Paris et Bruxelles (je suis de Lille) il n’y avait rien de tel. Dans ce contexte, j’ai rencontré Evelyne Frère, alors conseillère conjugale qui, non seulement arrivait au même constat que moi, mais qui était aussi porteuse de cette vision.
C’est ainsi que nous avons fondé l’association EsPass’Vie ** Voir le site ** en 2004. Pourquoi ce nom ? Parce qu’il faut un espace pour que la vie puisse jaillir, un espace pour rencontrer la vie, un espace pour se dire. Mais aussi « Esp » pour espérance, et « Pass » comme un pass qui ouvre des portes dans sa vie, « Vie », parce qu’on rencontre le vivant de la personne, y compris dans sa tristesse.
Dans un premier temps, EsPass’Vie se consacrait uniquement à la relation d’aide.
Puis le fait d’être en formation continue nous a conduits à un autre constat ; se former nous fait aussi grandir ; on change aussi en se formant d’où l’idée de créer un autre secteur : celui de la formation. Nous voulions par là proposer des formations relationnelles qui comportent autant des éléments théoriques que des exercices intégratifs ; c’est le principe de l’apprentissage mêlant la théorie à la pratique pour s’ouvrir à une connaissance concrète qui vient aussi de l’expérimental. Nous avions conscience qu’une formation théorique comporte le risque de faire penser que, lorsqu’on possède des outils on est capable de… Or, dans le domaine de la relation, une formation théorique ne suffit pas, elle doit s’accompagner d’une posture, et donc d’un travail sur soi. C’est tout l’objet de notre pédagogie.
Ainsi, en 2006 nous avons proposé une formation à l’écoute d’une centaine d’heures, et 30 – 40 personnes y ont participé. Depuis, nous avons développé des formations à la communication non violente : « vivre autrement – travailler à la pratique de la bienveillance à l’égard des autres et de soi-même », et une formation : « à la découverte des motivations qui nous animent au plus intime », avec la technique de l’Ennéagramme ** Voir la définition ** pour laquelle nous sommes certifiés.
Prendre soin de la personne, c’est donc aussi lui permettre de faire des formations. Lors de celles-ci, la personne n’y aborde jamais le drame de sa vie, car ce n’est pas une thérapie de groupe, mais cela lui permet de travailler au sein d’un groupe une autre manière d’être à soi et au monde. Certains participants se demandent pourquoi nous n’arrivons pas à vivre , une telle qualité relationnelle dans l’église. Mais dans le cadre d’une session, nous vivons en mode protégé et dans un temps limité.
Pour notre propre ressourcement, Evelyne et moi, avons commencé à régulièrement prendre des journées de retraite. Ce temps était composé de silence, de méditation et d’écoute de la Parole ; nous avons découvert dans cette pratique une spiritualité ancienne : s’arrêter pour prendre du temps avec Dieu, se reposer en Dieu et être à l’écoute de son œuvre dans nos vies. De là a jailli l’idée de proposer des journées de ressourcement dans le cadre d’EsPass’Vie : par exemple, « prier avec l’argile », ou encore « prier et méditer à partir d’une œuvre d’art « ou encore « relire et prier sa vie dans la perspective de la volonté de Dieu ».
Dans la même logique, nous avons commencé à proposer des accompagnements spirituels ** Voir sur ce site** qui se différencient de la relation d’aide. En effet, l’accompagnement spirituel est fondamentalement orienté sur le dialogue que la personne a avec Dieu et l’écoute de l’œuvre de Dieu dans sa vie quotidienne. Dans ce cadre-là, il n’y a pas de place pour une relation d’aide qui, elle, s’oriente davantage vers un problème pour ensuite traiter le problème identifié.
Aujourd’hui nous sommes neuf personnes à travailler dans le cadre de cette association, certaines offrent quelques heures par mois, d’autres sont à mi-temps. Certaines s’investissent dans le secteur plutôt psychologique, d’autres dans le secteur de la formation, d’autres dans le secteur spirituel et enfin d’autres dans la gestion administrative de cette association. Notre vision est d’offrir un service professionnel et de qualité ; cela requiert des formations continues reconnues, une supervision et surtout une posture d’accueil qui intègre un respect fondamental d’autrui.
Depuis toujours la question financière nous habite avec différentes tensions : d’une part, depuis cette année nous voulons participer aux besoins financiers de deux bénévoles qui consacrent un temps important à l’association, d’autre part nous avons comme principe déontologique d’offrir un service professionnel qui reste accessible à toutes les bourses. De fait, tout ce qui touche le secteur « psychologique » est payant (25 euros l’entretien… mais la moitié des personnes donne moins pour raison économique), tandis que tout le secteur spirituel est gratuit avec proposition d’une participation pour couvrir les frais. Ce qui fait qu’actuellement EsPass’Vie cherche des sponsors et des soutiens pour pouvoir maintenir ce principe d’accessibilité à tous. Il s’agira aussi de sortir du simple « bouche à oreilles » pour envisager d’autres formes de communication de ce que nous proposons et de la vision qui nous porte. Et viser un élargissement de notre périmètre d’actions, aujourd’hui très local.
En moyenne, EsPass’Vie assure 700 entretiens de relation d’aide par an, entre les deux sites, avec une bonne vingtaine de personnes suivies en permanence. De plus, trois accompagnateurs spirituels de sensibilité ignacienne accompagnent une autre vingtaine de personnes. Dans les milieux protestants, l’accompagnement spirituel est peu connu, mais de plus en plus de personnes le découvrant réalisent combien il est précieux dans leur vie de foi.
Mon rêve, c’est de former les églises à l’approche contemplative. L’église est relationnelle, c’est cela qu’il faut travailler : la relation
Mario Leimgruber