EDITO
Le souffle de l’Esprit
Si nous avons bien conscience des ombres et des obscurités qui affectent certains milieux religieux et si, en regard, nous savons les dangers qui menacent notre humanité et notre biosphère, lesquels appellent une mobilisation des consciences dans une puissance d’amour et de fraternité, la dynamique nécessaire requiert un élan vital qui s’inscrit dans le souffle de l’Esprit. Alors il est bon d’apprendre à constater que ce souffle est déjà là et que nous pouvons nous inscrire dans sa dynamique. C’est là que nous pouvons apprécier le podcast : « L’Esprit du temps et le souffle de l’Esprit », réalisé par Jean-Christophe Emery dans le cadre de l’Église réformée du canton de Vaud. En effet, c’est bien dans un regard inspiré par l’Esprit que Jean-Christophe Emery examine les éveils actuels, non seulement les grands mouvements pentecôtistes et charismatiques, mais aussi les nombreuses initiatives en train de germer dans des formes plus discrètes. L’approche de Témoins telle qu’elle s’est développée au long des années s’inscrit dans le même regard. Dans la même série de podcasts, le sociologue, Philippe Gonzalez retrace la dynamique pentecôtiste et charismatique, de rebonds en rebonds, depuis le début du XXe siècle.
Tout récemment, un évènement douloureux, le brusque décès de Carlos Payan nous appelle à évoquer cette grande figure dans sa pratique de la guérison divine et dans son œuvre œcuménique. C’est confirmer la force et l’actualité de la dimension charismatique.
Cette revue de presse se trouve être particulièrement éclairante à travers une grande diversité de situations. N’est-ce pas le cas lorsqu’on apprend qu’au Forum chrétien d’Accra, on partage expériences et témoignages en petits groupes de chrétiens aux cheminements très divers. C’est bien dans ce même esprit interconfessionnel que Témoins a grandi.
Reconnaitre la place et l’apport des femmes dans les ministères pastoraux, voilà une question à l’ordre du jour dans certaines Églises qui renâclent en dressant des barrières. Le témoignage d’Emmanuelle Seyboldt, présidente du Conseil national de l’Église protestante Unie est d’autant plus précieux.
En envisageant avec un peu de recul la réussite des Jeux Olympique 2024 à Paris, il est bon de mesurer à travers ces derniers échos combien la présence chrétienne a pu s’y manifester. L’écoute des témoignages dans le respect est une avancée de civilisation. Des membres de Témoins ont participé à cette expérience et on pourra en reparler.
Enfin, c’est avec émerveillement que l’on peut entendre le cheminement d’Annick de Souzenelle. N’y a-t-il pas là, à travers un parcours singulier, l’émergence d’une connaissance et d’une vision de la richesse incommensurable de la Parole biblique. Le philosophe Bertrand Vergely ne vient pas seulement garantir la solidité de cet apport, mais, dans un mouvement conjoint du cœur et de la raison, il nous en montre la dimension vivifiante. Oui, L’Esprit souffle aujourd’hui.
La rédaction de Témoins
Dans le monde entier
News septembre 2024
A cette rentrée, cette News vient rappeler que nous vivons désormais à l’échelle du monde entier.
Certes, la vie chrétienne se vit en tout lieu. Diane de Souza évoque son expérience de l’annonce de l’Évangile dans une prison. C’est un témoignage poignant. C’est aussi un rappel qu’il y a, à nos portes, un milieu en souffrance qui requiert une véritable prise en charge par les pouvoirs publics.
Cependant, c’est bien les échos d’un monde en crise qui nous parviennent à travers cette News. Bien connu sur ce site, pionnier de l’Église émergente aux Etats-Unis, puis aujourd’hui animateur d’un mouvement de renouveau chrétien qui renverse les barrières et traverse les frontières, Brian McLaren a pris conscience de la crise écologique en terme de problème mondial qui requiert une mobilisation générale pour y faire face. Bien plus encore, il sonne l’alarme et n’hésite pas à exposer les graves menaces qui en découlent, mais aussi les causes profondes qui prennent racine dans un esprit de domination : la perturbation des équilibres naturels, la montée des inégalités, les séquelles de l’exploitation coloniale… Une longue liste qui témoigne d’un « péché structurel », selon le langage de certains théologiens. Brian McLaren nous avertit, mais il nous invite aussi à la confiance jusqu’à la mise en œuvre d’une capacité de résilience. Cette situation est un défi dans tous les registres. Ce sont nos modes de penser qui doivent changer. A cet égard, le livre d’Eloi Laurent pour une nouvelle pensée économique, alliant conscience écologique et conscience sociale, est particulièrement bienvenu.
Cependant, tout nous appelle aujourd’hui à considérer l’humanité dans son histoire, une histoire marquée elle aussi par des effets de domination. Entre autres, on redécouvre aujourd’hui les vertus des peuples qui ont su vivre en bonne intelligence avec la nature. Ces peuples ancrés dans des territoires naturels, les peuples autochtones, savent respecter la nature dans une vision de l’invisible qui fonde le visible. Aujourd’hui, si des chercheurs nous font connaitre leurs genres de vie, des théologiens commencent à y reconnaitre l’œuvre de l’Esprit présent dans la création et dans les créatures. Alors, comme il est bon de voir Pierre LeBel nous décrire le mouvement qui porte l’émergence d’une théologie autochtone. Il y a un changement profond d’état d’esprit comme nous le montre aussi le chemin parcouru par Brian McLaren qui nous apprend à lire la Bible dans la reconnaissance d’une culture autochtone sous-jacente.
Aujourd’hui, on le sait, la foi chrétienne est présente dans le monde entier et elle manifeste particulièrement sa vitalité en Afrique. A tous égards, on peut envisager l’immense potentiel de ce continent, mais dans l’immédiat, il doit faire face à des graves difficultés. On se réjouit lorsqu’on voit ces problèmes affrontés à bras-le-corps corps comme c’est actuellement le cas dans l’action entreprise en Centre Afrique par l’association A9 animée par notre ami Rodolphe Gozegba, un théologien inspiré par la vision de Jürgen Moltmann. L’association A9 prépare un colloque international sur les problèmes environnementaux en Afrique Centrale. Dans un pays éprouvé par les déchirements de conflits armés, A9 a créé, en lien avec l’Université, une formation à la médiation abondamment fréquentée par des citoyens et citoyennes d’origine très variée. Familier avec ce pays, le pasteur Jean Arnold de Clermont nous rapporte le déroulement tout récent d’un colloque sur l’humiliation et la réconciliation. Ce fut une réussite tant par la participation locale que par la dimension internationale de cette manifestation.
Dans ce parcours, nous avons pu reconnaitre des prises de conscience, des luttes et des ouvertures qui réveillent en nous l’exhortation évangélique : « Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté » (Luc 2.14)
La rédaction
Une présence qui se répand
Un chant reprend le message évangélique à travers ces paroles : « Dans le monde entier, le saint Esprit agit ».
Ce n’est pas qu’il y ait parfois des obstacles internes à cet élan à travers des scléroses et des déphasages qu’il convient de mettre en évidence. Mais, aujourd’hui, dans cette revue de presse, c’est bien une manifestation de la foi chrétienne qui s’exprime dans des domaines variés et sous des formes différentes. Ainsi, la présence chrétienne apparait dans le registre du sport, se manifeste dans l’environnementalisme, aborde la vie politique, s’exprime directement sur internet tandis que l’œuvre de l’Esprit anime une recherche spirituelle et le chemin qu’elle emprunte. Divers pays de la francophonie sont concernés : République centre-africaine, Québec, Suisse et la France aujourd’hui engagée dans cet évènement international que sont les Jeux olympiques. Cependant, la foi chrétienne est également appelée à se manifester dans l’univers de la recherche, dans des savoirs et des représentations en pleine évolution, ici la psychiatrie, l’intelligence artificielle, le droit international et la sociologie. N’y a-t-il pas là un appel à reconnaitre l’œuvre de l’Esprit, exprimer notre gratitude, et quelque part, nous inscrire dans ce mouvement.
La Rédaction
En mouvement
En prenant du recul et en contemplant ce panorama, nous y percevons un mouvement où nous reconnaissons l’inspiration de l’Esprit : des expressions dans une grande variété de sensibilité et de créativité, des transformations qui se frayent un chemin par-delà les obstacles et les épreuves.
Ainsi, nous trouvons ici de multiples occasions de nous émerveiller et de rendre grâce. C’est l’expression de la vie spirituelle à travers un langage poétique chez Jean Lavoué. C’est l’élan de foi qui se manifeste dans le Christianisme évangélique tel que nous le décrit le sociologue Sébastien Fath. C’est une théologie ouverte à la dimension féminine chez Elisabeth Parmentier. C’est l’action politique à l’éclairage de la conscience chez Jacques Delors. C’est la créativité du cinéma et son pouvoir d’influence au service des prises de conscience tel qu’il apparait vigoureusement dans ce panorama, notamment à travers le jury Œcuménique du Festival de Cannes
On peut également remarquer les transformations en cours : transformation du paysage religieux à travers l’éclosion de nouvelles sensibilités comme la « spiritualité des lisières » chez Jean Lavoué, la progression du courant évangélique, une nouvelle perception de Jésus dans : « The chosen. On voit aussi apparaitre des transformations dans les institutions religieuses comme c’est le cas ici dans l’Église catholique : bénédiction des couples irréguliers et engagement du pape François en faveur d’un nouveau paradigme théologique
Chrétiens dans un monde en mutation, participons à cette histoire de créations et de recréation, d’inventions et de renouvellements
La rédaction
Reconnaitre l’œuvre divine dans sa diversité
D’année en année, de trimestre en trimestre, les publications se poursuivent sur le site de Témoins. Chrétiens dans un monde en mutation, nous cherchons à mettre en évidence les phénomènes nouveaux comme l’œuvre divine qui y répond dans une grande diversité de manières et d’approches.
Ainsi cette News, comme les précédentes fait écho à des réalités très diverses dans leurs origines et dans leurs formes. Ici, le panorama s’étend de la France aux Etats-Unis et à la Zambie. Il évoque la journée mondiale de prière. L’étude des phénomènes sociaux a également une dimension internationale. Prendre en compte la réalité, voilà une exigence qui s’affirme sur différents registres. Une grande enquête vient nous apporter des données originales sur la spiritualité aux États-Unis.
Nous sommes heureux d’accueillir une recherche sur la mentalité agnostique en France. Pour la rubrique à relire, nous avons puisé dans le flux de nos publications, évaluant la pertinence de l’offre des églises par rapport à l’évolution de la culture. Des données font apparaitre un recul du matérialisme et une montée de la quête spirituelle comme désir d’accéder et de participer à plus grand que soi. A cet égard, le témoignage chrétien s’offre en réponse : il se présente ici sous la forme d’un appel à la contemplation telle qu’elle est évoquée dans l’œuvre de Richard Rohr ; « le fruit de la contemplation est la reconnaissance, la prise de conscience, de l’œuvre de Dieu dans la création du monde ».
Une inspiration analogue apparait dans une théologie de la création qui, dans une vision trinitaire, reconnait la notion sud-africaine de l’Ubuntu : « un univers interconnecté qui commence avec le Créateur et se poursuit dans le reste de la création ».
Dans les articles à relire, nous mentionnons un texte de Brian McLaren : « un nouveau genre de christianisme ». C’est la vision d’un mouvement transdénominationnel portant une spiritualité engagée et contemplative ». Ces termes correspondent bien aux émergences qui apparaissent dans ce panorama. Au cœur de ce mouvement, il y a une inspiration fondamentale, celle de « l’amour comme Jésus l’a enseigné et incarné ».
Poursuivons ensemble ce chemin de lecture.