Au moment de l’adolescence je me suis beaucoup interrogé au sujet de l’existence de Dieu. Je cherchais à savoir si l’on pouvait démontrer que Dieu existait, ou au contraire qu’il n’existait pas. Ma réflexion débouchant sur une impasse, je suis devenu agnostique. Plus tard je me suis marié et nous avons eu trois enfants, non sans quelques difficultés d’ordre médical. Tout le monde nous disait qu’il valait mieux s’arrêter là, les avis médicaux étant partagés. Nous avions un désir très fort en nous d’avoir d’autres enfants. Aussi ma femme Anne, qui a toujours cru en Dieu, lui adressa une prière pour savoir si nous pouvions attendre dans la confiance un quatrième enfant. A la fin de sa prière, elle n’osait ouvrir les yeux se demandant comment Dieu pourrait lui répondre. Quand elle ouvrit les yeux, elle vit l’image d’un petit enfant sur une plaque de cheminée, tout en ressentant une forte onction dans le cœur. Elle savait que c’était la réponse de Dieu.
Ensuite quelqu’un nous a offert le livre d’un prêtre, le Père Tardif, intitulé : « Jésus a fait de moi un témoin ». Après avoir été guéri par Dieu, ce prêtre a annoncé l’amour de Dieu qui s’accompagnait de miracles dans les cœurs et de guérisons que Dieu opérait aujourd’hui.. En lisant ce livre j’ai pensé : « c’est trop beau pour être vrai, mais si c’est vrai, c’est vraiment l’Evangile aujourd’hui, c’est fantastique ».
Quelques semaines plus tard, en novembre 1985, un collègue a eu l’audace de me témoigner de sa conversion qui avait eu lieu deux ans auparavant. Nous l’avons reçu chez nous un soir. Je lui ai posé les questions classiques du genre : si Dieu existe, pourquoi la souffrance….
J’ai polémiqué tout un temps… Puis mon collègue a dit : ce n’est par la raison raisonnante que tu trouveras Dieu, mais en le rencontrant personnellement, en lui demandant d’entrer dans ta vie. Quand on s’adresse à lui tout simplement, il répond. Il parlait que tous les chrétiens devraient faire des expériences avec Dieu, et prier en langues. J’ai pensé que j’étais devant des gens sanctifiés, car autrefois j’avais lu dans des ouvrages destinés aux enfants qu’il se passait des choses extraordinaires dans la vie des saints. Ce collègue et son épouse sont restés chez nous jusqu’à deux heures du matin, et nous ont dit : « il y a une rencontre des “Chrétiens Témoins dans le Monde” dans un hôtel-restaurant demain matin, si vous voulez vous pouvez venir ». Après leur départ, nous avons prié avant de nous coucher en disant à Dieu : « c’est peut-être une secte, mais si tu désires que nous y allions, fais que nous nous réveillions à temps ». Nous n’avons pas mis notre réveil, et pourtant nous étions debout à 6 heures 30. Nous avons donc emmené les enfants à l’école et sommes allés à la réunion. Il y a eu un petit déjeuner suivi d’un témoignage. L’orateur n’avait pas terminé mais j’ai dû m’absenter pour aller rechercher les enfants. Lorsque je suis revenu, le témoignage était terminé et des gens étaient en train de s’avancer pour qu’on prie pour eux. J’ai été alors profondément touché, j’ai vu avec les yeux de mon cœur que Dieu était présent, je percevais sa sainteté, j’étais bouleversé. Dieu était présent à ma présence. Les yeux de mon corps ne voyaient rien d’exceptionnel, mais cette présence était plus forte encore que si j’avais vu Dieu devant moi en chair et en os. Des gens que nous ne connaissions pas ont prié pour nous, et la nuit suivante je me suis réveillé à 4 heures du matin, et de 4 heures à 7 heures j’ai loué Dieu, j’étais dans une paix et une joie ineffables que je n’avais jamais connues et que je n’ai plus jamais connues depuis ; et de même pour mon épouse.
Cette expérience spirituelle a amené des changements dans notre vie, il y a eu un avant et un après. Nous nous sommes joints à un groupe de prière toutes les semaines, car nous avions envie et besoin de nous retrouver en présence de Dieu avec d’autres chrétiens. Nous avons aussi démarré un groupe d’étude de la Bible.
Par la suite nous avons fait beaucoup d’expériences merveilleuses. Voici une des plus impressionnantes. En mai 1986, Augustin, l’enfant que nous avions demandé à Dieu, est né à la clinique des Buissonnets de Lisieux.
Deux ans plus tard, le 2 juillet 1988, nous étions en vacances dans le Causse de Gramat. Notre location de vacances avait un grand jardin clos de murs. Anne attendait notre cinquième enfant et devait se ménager après ce long voyage. Je l’aidais à préparer le repas et à faire les lits. Quand nous avons appelé les enfants pour le repas du soir, les trois premiers sont arrivés mais le dernier de deux ans, Augustin, était introuvable. Pendant que mon épouse allait voir à l’étage supérieur, je suis sorti avec notre fille Aurore âgée de 9 ans. Elle m’a dit : « il est peut-être caché près du bosquet au fond du jardin ». Arrivé près de ce bosquet, j’ai découvert un trou d’eau de 2 mètres carrés. L’eau était immobile et couverte de lentilles vertesEn regardant machinalement, j’ai vu soudain le visage de mon enfant dans l’eau. En un éclair, le temps s’est arrêté. Je l’ai immédiatement sorti de l’eau tandis que ma fille courait prévenir sa maman. J’ai commencé à vider l’eau de ses poumons tout en hurlant à Dieu sans émettre un son. J’ai demandé à Jésus de venir tout de suite… Anne mon épouse est accourue et alla à la première maison en criant « au secours ». Or il se trouvait que c’était un gendarme qui était en vacances. J’ai tenté de réanimer Augustin avec le gendarme venu m’aider. Lui aussi nous a avoué plus tard qu’il pensait que c’était trop tard, mais n’osait pas nous le dire. Du fait de sa profession, il avait déjà vu des noyés. Anne et les enfants se sont mis à genou en prière. Anne, voyant l’état de notre enfant, pensa dans son fort intérieur : « il est trop tard, nous sommes arrivés trop tard, mais Jésus je crois à cause de ton nom que tu peux le ramener à la vie. » Le temps paraissait immensément long sans que rien ne se passe. Au bout d’une demi-heure de réanimation, Augustin a recommencé à respirer faiblement tout en demeurant inconscient. Un quart d’heure plus tard les pompiers sont arrivés. Je suis parti avec Augustin dans la voiture des pompiers, je tenais le tuyau à oxygène qui l’aidait à respirer. Pendant que nous effectuions le trajet vers Cahors, ma femme a appelé un couple chrétien qui avait failli perdre un enfant. Ce couple a aussitôt mis en route une chaîne de prière pour demander que notre enfant retrouve une parfaite santé, La voiture des pompiers a traversé Cahors, sa sirène déchirant la nuit. Nous sommes entrés aux urgences, ce qui subsistait d’eau et de saleté dans les organes respiratoires d’Augustin a été aspiré, les médecins ont fait des radios et l’un d’eux a dit : « si votre enfant avait eu de l’eau dans les poumons, il ne serait pas ici, mais en réanimation, intubé partout et vous ne pourriez même pas être près de lui ». Un peu plus tard, une infirmière vient avec une radio et dit : « On voit bien sur la radio qu’il a eu de l’eau dans les poumons ». – « Mais le médecin vient de nous dire qu’il n’y en avait pas eu ! ». L’infirmière alors hausse les épaules et lance avant de sortir de la chambre : « il y a des mystères… ».
Le lendemain, Anne, au chevet d’Augustin, a ouvert un livre et est tombée sur cette parole de la lettre aux Romains : « Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » (Romains chapitre 8, verset 18). Anne savait que cette parole était pour nous, mais sur le moment elle la trouvait difficile et ne la comprenait pas d’autant qu’une infirmière avait dit que pendant trois jours on ne pouvait pas se prononcer sur son état de santé.
Quand Augustin est revenu à lui, il s’est mis à chanter « gloire à Dieu », lui qui n’avait que deux ans et parlait à peine. Il n’a eu aucune séquelle à part une petite régression et un arrêt momentané de croissance. Néanmoins, ce fut un enfant très dynamique, joyeux et espiègle…
Au bout d’une semaine, Augustin est sorti de l’Hôpital de Cahors, mais il devait faire une piqure très fortement dosée toutes les 4 heures. Malgré ce traitement d’adulte, Augustin s’est mis à faire de fortes fièvres. Le 13 juillet, en consultation à l’hôpital, les médecins nous ont dit que si la fièvre ne tombait pas le 15, il faudrait l’hospitaliser à nouveau. Nous avons prié demandant au Seigneur de rétablir parfaitement et complètement Augustin, et au tout dernier moment la fièvre est tombée…..
Après cette épreuve nous avions des troubles du sommeil, ma femme revoyait son visage quand elle l’avait cru mort et pour ma part j’étais tourmenté en me disant : « Quand je pense que j’aurai pu ne pas le voir ». Fin juillet nous étions à Lourdes et un jeune moine a prié pour toute la famille pour que nous ayons une guérison intérieure.
Quelques mois après Augustin a dit à sa grande sœur : « Dans l’eau, il y avait une lumière ». Notre fille Aurore lui a demandé ce que c’était que cette lumière. Augustin lui a répondu que la lumière lui avait dit : « Dieu t’aime ».
Grégoire, notre cinquième enfant est né en janvier 1989 en Corrèze. Mais dans la prière nous avons reçu de le faire baptiser dans le nord, car quelqu’un se convertirait. Mon beau-frère n’a pas pu nous accompagner pour assister au baptême, mais la veille de notre voyage de retour il nous a invités. Nous avons pu parler deux heures avec lui, et nous lui avons expliqué ce que le Seigneur avait fait pour Augustin. Nous sommes ensuite revenus en Corrèze, et une dizaine de jours plus tard je recevais une très longue lettre de mon beau-frère. Il m’écrivait qu’entendant nos témoignages depuis plusieurs années, il s’en était gentiment moqué au début, puis avait été intéressé par nos expériences de la proximité de Dieu, et enfin il avait souhaité vivre ce que nous vivions. Notre témoignage de ce que Dieu avait fait pour Augustin l’avait touché, et lorsque nous l’avons quitté il s’était retiré dans sa chambre, touché et bouleversé par la grâce de Dieu. A partir de là, il a cheminé, aidé par un pasteur et des catholiques.
Très engagé dans des médias laïques, il a pu s’investir dans un média chrétien de sa région. Ensuite il a été appelé à Paris pour diriger une radio chrétienne avant de fonder et diriger une télévision chrétienne.
Nous ne pouvons expliquer les épreuves que nous avons à vivre. Cela demeure toujours un mystère.
Mais après l’épreuve que nous avions vécue, cette conversion fut un baume d’amour dans nos cœurs.
Pierre et Anne Milliez