Septième de neuf enfants au sein d’une famille catholique pratiquante dont le père était médecin, je suis née avec des malformations corporelles, qui ont été soignées. Mais, enfant, le sujet n’a jamais été évoqué : ni avec mon père, ni avec ma mère. Il a été complètement occulté et j’ai donc été élevée comme mes autres frères et sœurs, sans aucun privilège et aucune faveur. J’étais comme les autres !
J’avais, heureusement pour moi, un tempérament gai, taquin, enjoué et je chantonnais beaucoup. Nous avons tous été scolarisés dans l’école catholique de la ville où nous habitions.
Quand j’ai fait ma première communion, à 7 ans, recevoir Jésus dans mon corps, dans mon cœur… a été quelque chose de formidable ! Il est devenu mon Ami. Et quand on se moquait de moi ou qu’on ne voulait pas jouer avec moi, je filais dans la chapelle et restais là, le temps de la récréation, à pleurer.
A 12 ans, j’ai fait ma Communion Solennelle et là, je m’entends encore dire :
“Je m’attache à Jésus christ et je m’engage à le suivre pour toujours”
C’était d’autant plus important pour moi, que, peu après, je quittais l’école pour subir une grosse opération chirurgicale puis être soignée pendant deux ans à l’Institut Calot de Berck (62). Dans ces moments la seules ma foi et mon assurance que Jésus était avec moi, en toutes circonstances, m’ont aidée à tenir le coup ! L’opération a duré 8h30 et faillit mal se terminer ! Mais, non, Dieu veillait sur moi.
A 14 ans, de retour, à la maison puis de nouveau à l’école catholique, j’ai beaucoup souffert de rejets, de quolibets de toutes sortes. Mais, je filais dans la chapelle familière et, devant la Croix, je confiais tout à Jésus. De là est venu mon goût pour la prière et l’adoration au pied de la croix.
Durant mes deux ans à Berck, je m’étais créée “des amies de galère”. L’une d’elles souhaitait voir TAIZE et rencontrer le Frère Roger Schutz. Mes parents m’ont autorisée à y aller pour Pâques 1968.
Là, j’ai découvert les Psaumes qui, lus avec tellement d’intensité dans la prière par ce frère protestant, m’ont bouleversée et fort interpellée. Cela m’a donné envie de mieux connaître les protestants, dont j’ignorais totalement l’existence ! Prier et lire un psaume en se confiant à l’Eternel étaient choses nouvelles et j’y ai pris goût !
En rentrant, j’ai cherché à connaître mieux ces nouveaux frères. Plus tard, en 1973, je me suis engagée dans un groupe œcuménique. Je travaillais alors sur Troyes. J’ai appris à apprécier chaque particularité des différentes religions du groupe : catholiques, protestants et orthodoxes.
Mais ma soif n’était pas assouvie ! J’ai eu alors la joie de découvrir les groupes charismatiques : d’abord sur Paris, puis sur Troyes et, en 1977, j’ai pu recevoir “l’Effusion de l’Esprit”, avec ce chant que j’avais choisi :
O Prends mon âme, prends la Seigneur et que Ta flamme brûle en mon cœur…”
Et des forces, des énergies nouvelles, un nouveau dynamisme m’ont été donnés !
Par la suite, n’ayant pas reçu beaucoup de manifestations affectives de la part de mes parents, il y eut une période où, en quête d’amour humain, je me suis, si je puis dire, égarée. Cependant, chaque année, je participais à une retraite pour faire le point sur ma vie. En 1981 je décidais de faire cette retraite à La Roche d’Or. Là, le Seigneur m’attendait au virage : Lors d’un long temps d’adoration dans la chapelle, j’ai reçu cette phrase dans mon cœur :
“Mon amour te suffit ! Cesse de courir après l’amour des hommes” !
De retour chez moi je quittais aussitôt l’homme avec lequel je vivais et m’orientais vers une vie toute donnée à Jésus. Malheureusement, pour diverses raisons, mes deux essais de vie communautaire ont échoué. Mais, heureusement, j’ai pu retrouver un groupe interconfessionnel dans la région parisienne.
Cependant je n’étais pas totalement satisfaite de ma vie. Je restais toujours en recherche de quelque chose de plus radical, de plus vrai. Il m’a fallu des années pour que je me décide à demander le baptême « adulte » dans une église évangélique. Pour moi ce fut-là enfin l’engagement total et vrai. J’appartenais à l’église de Jésus, à tous ces chrétiens qui Lui ont donné leur vie, qui s’en remettent à Lui seul pour gérer leur existence. Maintenant, je ne peux plus dire que je suis catholique ou protestante ! J’appartiens à l’Eglise de Christ ! Mais, en même temps, je ne peux me résoudre à quitter totalement l’église catholique, ni à m’engager uniquement dans une église baptiste (celle que je fréquente actuellement) car, je trouve, dans les deux confessions, des richesses différentes.
Avec mes frères catholiques, j’aime le silence, le recueillement dans l’église. Je trouve important de se reconnaître pécheur à chaque début de messe, ensuite l’offertoire et la consécration du pain et du vin sont des rites qui m’interpellent, qui me rendent humble et toute petite devant mon Seigneur et Maître. L’eucharistie reste pour moi une chose très importante parce que, à chaque fois que je reçois la communion, c’est la présence vivante de Christ en moi, et je reçois une force qui me dynamise, me revitalise et me donne une immense joie et une immense paix. Je ne me sens plus la même avant et après.
Avec mes frères Protestants, j’apprécie d’étudier la Parole de Dieu, de pouvoir jongler entre les différents écrits (l’ancien et le nouveau testament), de pouvoir prier, partager tout haut notre Foi, notre Confiance totale en l’Eternel à travers ce que nous vivons, ou de pouvoir communiquer tel texte qui nous a fortifié dans la semaine. J’aime faire mon culte du matin avec Sa Parole et pas uniquement en récitant le Notre Père, une très belle prière, mais qui bien souvent, dans notre enfance, était récitée comme un moulin. Aujourd’hui, quand je la récite, je la vis avec tout mon cœur. Après, quand je suis avec mes frères Protestants, je ressens davantage l’action de l’Esprit Saint.
Ide