Nous avons assisté début avril au « forum Luc 5 », qui témoigne d’un mouvement de fond : celui des groupes et des églises de maison. Le forum Luc 5 réunit des personnes qui ont des visions différentes de l’Eglise. Pour certains, la cellule est déjà l’Eglise. Pour d’autres, elle n’est qu’un élément d’un ensemble plus vaste.
Daniel et Maguy Schaerer, à l’origine du réseau « Luc 5 », ont fait partie des pionniers en France, et Témoins s’en est fait l’écho ** Voir sur ce site ** ; ils ont retracé leur itinéraire et leur retour d’expérience dans un livre « l’église en toute simplicité » ** Voir l’analyse sur ce site ** .
Un site internet ** Voir le site www.eglises-maisons.com ** met à disposition des informations concernant plusieurs réseaux représentés dans ce forum, ainsi que des outils.
Rassemblant une soixantaine de personnes impliquées dans des cellules, ce forum avait pour objet de créer des liens entre les membres de différents réseaux, dans un but d’encouragement, et d’enseignement mutuels, pendant le forum et dans la durée. Il y eut surtout des témoignages de parcours personnels et collectifs, et des temps de partage en groupe, que venaient jalonner quelques enseignements.
Beaucoup de communion spirituelle et fraternelle entre tous. J’ai été heureuse de constater que ce forum ne concernait pas que des évangéliques, mais aussi des réformés et des catholiques.
Sans perdre de vue ce que nous rappelle Jean-Pierre Charlet : « le Seigneur veut bâtir lui-même son Eglise », je suis revenue de ce forum avec des interpellations : Groupe de maison ou Eglise de maison ? Groupe de maison en complément ou comme base de l’église ?
Mais aussi avec quelques éclairages…
Comme le souligne Daniel Schaerer, les petits groupes sont les lieux par excellence où peuvent se développer les talents (dont les dons spirituels), car on peut prendre le temps de les identifier ensemble, de les encourager, de les exercer sans crainte. Ils sont propices à la compréhension de la dimension du Corps. Ce n’est pas toujours le cas dans une église. Or, comme le rappelle Maguy, si un membre du Corps ne peut pas s’exprimer, tous souffrent ; c’est souvent le cas des générations des plus jeunes. C’est ce qui l’a conduite à encourager et développer des groupes d’enfants menés par des enfants.
L’expérience de Francis Rouméas est significative. Après avoir démarré dans la campagne une église de maison et conduit une quarantaine de personnes de l’incrédulité à la maturité spirituelle en 7 ans, Francis décide d’acquérir des locaux pour implanter une église en ville, et il arrête le groupe de maison. Le fait de passer d’un espace privé à un espace public l’amène à se mobiliser sur un fonctionnement différent, l’oblige à « légiférer ». Il décide alors de reformer des groupes de maison, pour donner un plus à l’église. Aujourd’hui, il considère que ces groupes sont la base de l’église, et que l’église doit partir de ces groupes, et non l’inverse.
Pour Bruno et Mary Ranchon, l’ouverture de leur maison pour un groupe d’évangélisation en milieu rural a permis à une trentaine de personnes de faire une ou des étapes de vie chrétienne. Le groupe comme tremplin ?
Le plus dur, ce n’est pas d’amener des gens à Christ, mais de s’occuper d’eux après. « Il y a de gros besoins de guérison et de formation dans le peuple de Dieu… Le risque, c’est d’avoir beaucoup d’enfants spirituels qui accaparent l’énergie des parents». C’est bien le défi que Jean-Pierre Charlet invite les participants à relever. La dimension cellulaire, et le relationnel qu’elle implique, nous apprend des choses qu’on ne peut apprendre seul. Mais il y a des conditions : l’humilité (perdre du pouvoir, gagner de l’autorité en Christ), et la guérison, en particulier des blessures d’églises.
Marie-Thérèse Plaine