C’est ce dont traite « Je souffre, écoute-moi ! » * de Peter Scazzero, un livre qui s’adresse à tous responsables dans l’église qui se sentent « bourreaux de travail pour Dieu », pris dans une spirale de stress qu’ils ne contrôlent plus. Un livre qui s’adresse aussi à tous les chrétiens qui veulent faire un point sur leur maturité émotionnelle et spirituelle. Car la santé émotionnelle et la maturité spirituelle sont inséparables.
« Beaucoup de responsables d’églises sont en mode de pilotage automatique, trop affairés pour prendre le temps de regarder ce qui se passe réellement au-dedans et au-dehors de leur vie » (p88).
Tel était l’état du pasteur Peter Scazzero lorsque sa femme lui dit un jour calmement : « Peter, je quitte l’église… Je ne supporte plus ce stress, cette crise qui n’en finit pas ».
Crise de l’église, crise familiale et conjugale qu’il accepte de regarder en face avec son épouse. Il découvre alors, dans un processus qu’il nous fait partager, combien la santé d’une église dépend avant tout de la santé émotionnelle et spirituelle de ses dirigeants.
« Malgré tout mon arrière-plan de prière et de connaissance biblique, combien grande fut ma surprise de découvrir qu’il existait en moi encore tellement de states émotionnelles que Dieu n’avait pas touchées » (p37)… « Pour la première fois, je compris ce que signifiait exercer son ministère à partir de ce que l’on est et non à partir de ce que l’on fait » (p39).
De sa propre expérience de transformation, Peter Scazzero a dégagé six principes d’une église en bonne santé émotionnelle, qu’il développe sur des fondements bibliques et illustre à partir d’exemples concrets tout à fait représentatifs.
Ces principes sont :
– Creuser sous la surface,
– Mettre fin à la tyrannie du passé,
– Vivre dans l’humilité et accepter sa vulnérabilité,
– Considérer ses limites comme un don,
– Accepter le deuil et la perte,
– Aimer selon le modèle d’incarnation du Christ.
Ainsi par exemple, dans le chapitre « creuser sous la surface », Peter nous témoigne : « autrefois, je passais des heures de tête à tête avec Dieu, le suppliant d’accomplir mon programme et mes plans. Aujourd’hui, je passe bien plus de temps, seul avec mes sentiments dans un endroit calme luttant avec mes « pourquoi » de façon franche et contemplative devant Dieu, cherchant à lui prêter une oreille attentive (pourquoi est-ce que j’évite certaines personnes ? pourquoi est-ce que je redoute la réunion de cet après-midi ?..) » (p92).
Ou encore, dans « accepter le deuil et la perte », il nous exhorte à laisser le chagrin développer la maturité : « …La mesure avec laquelle j’apprends à faire le deuil de mes pertes est directement proportionnelle à la profondeur et à la qualité de ma relation avec Dieu et à la compassion que je peux témoigner à autrui » (p179).
Ces principes s’appliquent d’abord au responsable et à l’équipe dirigeante de l’église, l’impact se répercutant sur toute l’assemblée, comme celui d’une pierre dans un lac, en cercles concentriques. C’est l’expérience que Peter a faite, et qui lui permet de dire : « Tels dirigeants, telles églises ».
Bien entendu, ces principes sont utiles à tout chrétien, de même que la grille qu’il nous offre au début de l’ouvrage permettant de faire un état des lieux de notre maturité spirituelle selon ces six principes. (p67-75)
Ce livre est un vrai cadeau pour l’Eglise.
Marie-Thérèse Plaine
* « Je souffre, écoute-moi ! Pour une Eglise à l’écoute des émotions » de Peter Scazzero avec Warren Bird : Editions Empreinte temps présent : 2010