SYMPOSIUM
La théologie francophone au Canada, où en sommes-nous ?
Université Saint Paul, Ottawa, 31 octobre — 2 novembre 2024
Les partenaires du symposium : la Société canadienne de théologie, l’Université Saint-Paul, l’IERTIMM, Études de l’Église Unie au Séminaire diocésain, l’Université Laval et la Chaire de leadership en enseignement Marie-Fitzbach en pastorale et éthique sociales.
RÊVER NOTRE CHEZ NOUS DANS LE MONDE (III)
la théologie autochtone et l’avenir du christianisme
Pierre LeBel
Chercheur associé à l’IERTIMM
Du 6 au 8 juin 2024, s’est tenu au Dakota du Sud le 21e symposium annuel de NAIITS, An Indigenous Learning Community[1], sous le thème : Rêver notre chez nous dans le monde[2]. Les environ 150 participants — majoritairement étudiants et professeurs de NAIITS, fondé au Canada en l’an 2000, — sont venus d’aussi loin que la Nouvelle-Zélande, l’Australie, les Philippines, la Bolivie, le Panama, et même Taiwan, afin de se mêler aux délégués canadiens et américains, représentants de nombreux premiers peuples du continent autrefois connus comme l’Île de la tortue[3]. L’un des présentateurs, habitant aujourd’hui aux États-Unis, est originaire de Tonga. Au cours de son histoire, la communauté de NAIITS, le premier institut de théologie autochtone pleinement accrédité au monde, est devenue mondiale. J’y ai assisté au nom de l’IERTIMM[4].
Introduction
Ma recherche a comme but de présenter la théologie et les théologiens issus des plus de 5000 peuples autochtones du monde avec un regard particulier sur ceux d’Amérique du Nord et du Québec afin de reconnaître leur légitimité ainsi que la nécessaire liberté des autochtones de penser la foi et la spiritualité chrétienne depuis l’intérieure de leurs propres cultures et traditions et de la représenter avec leurs propres symboles. De plus, je crois important pour nous, Occidentaux, de recevoir leurs contributions théologiques comme sources de redressement et d’enrichissement de nos propres théologies.
Ma présentation se fera en deux parties. Dans un premier temps, je ferai un résumé de la théologie autochtone et puis me pencherai sur le texte du seul théologien autochtone du Québec que j’ai pu jusqu’ici découvrir. Pour terminer, je ferai des rapprochements avec les déplacements au sein de la théologie en Occident.
Dans la deuxième partie, je ferai part de quatre considérations qui, selon moi, sont nécessaires si nous voulons sincèrement voir les autochtones francophones du Québec et du Canada prendre en main leur propre foi ainsi que sur le plan de la théologie.
PREMIÈRE PARTIE
La théologie autochtone
La théologie autochtone se penche principalement sur la validation de l’identité culturelle des autochtones et la décolonisation (on pourrait dire la déconstruction et la reformulation) de la théologie occidentale classique, qui a collaboré de près à la colonisation. Avec l’obtention en 2023 d’une bourse de cinq millions de dollars, NAIITS travaille à la décolonisation de l’enseignement théologique en partenariat avec trois universités canadiennes. Le principe de fond dans leur méthodologie est celui de la démarche appréciative autochtone. La démarche appréciative permet à chacun de s’exprimer afin d’identifier les valeurs communes sur lesquelles ils peuvent s’appuyer afin d’orienter et planifier de façon stratégique les objectifs qu’ils se sont fixés. La dimension autochtone de ce principe fait référence à l’approche relationnelle et narrative qui lui est associée.
Au Québec
Au Québec, Matthieu Lavigne, directeur de Mission chez nous[5], a souligné lors d’un rassemblement en mars dernier combien les choses doivent changer : « […] il s’agit de faire Église autrement. Il s’agit de faire Église à la manière innue, à la manière atikamekw, à la manière abénaquise […] »[6]. Afin de réaliser un tel souhait, les autochtones doivent être invités à penser eux-mêmes la foi à l’intérieur de leurs propres langues et cultures, ce qui ne s’est jamais fait au Québec, du moins sur le plan de la théologie.
Au printemps, j’ai effectué une recherche auprès de quinze universités, facultés, séminaires, instituts et organismes qui offre des cours de théologie en français au Québec afin de m’informer si elles avaient déjà reçu des étudiants autochtones et, si oui, avaient-ils publié des articles, des mémoires ou des thèses. Jusqu’ici, seulement cinq d’entre elles ont répondu à mes questions. Toutefois, les réponses sont adéquates pour nous donner un aperçu réaliste des faits. Le recteur du Grand Séminaire de Québec, Onil Godbout, fut le premier à m’écrire : « Je ne peux répondre avec une certitude absolue à cette question… Cependant, depuis les cinquante dernières années, je ne pense pas qu’il y ait eu au Grand Séminaire de Québec (parmi les candidats au presbytérat) de séminaristes issus des communautés autochtones. » Fondé en 1663, il s’agit du premier institut de théologie francophone en Nouvelle-France et sur le continent nord-américain. Au cours des dernières décennies, plusieurs nouveaux instituts issus des églises évangéliques ont connu le jour au Québec. Quatre d’entre eux ont aussi répondu à mon questionnaire. Le bilan final : un seul étudiant autochtone qui n’a pas terminé son premier cours.
En date d’aujourd’hui, je n’ai trouvé qu’un seul étudiant autochtone et francophone au Québec ayant obtenu un diplôme en théologie. Toutefois, c’est à l’Université Tyndale à Toronto que Marc Levasseur, Anichinabé/Métis, a réalisé sa maitrise en théologie avec NAIITS dont il a été membre du Conseil d’administration pendant quatre ans. Il a aussi dirigé au Québec l’organisme Renaissance autochtone (ORA) de 2007 à 2017 qui, dans ses mots, « visait la réappropriation de la foi et de la spiritualité en passant par une décolonisation de la chrétienté au sein de (la) communauté autochtone du Québec. » Selon lui, « Je n’ai pas été en mesure d’implanter la vision que j’avais de décolonisation et de foi chrétienne par et pour les autochtones, selon une vision autochtone. Pas plus que je n’ai réussi à créer des alliances entre NAIITS et les facultés de théologie francophone.[7] » Marc Levasseur est aussi (à ma connaissance) le seul autochtone du Québec ayant publié un article théologique dans une publication, le Journal of NAIITS qui a accepté de publier son article en français avec traduction en anglais[8]. Peut-être avons-nous à constater qu’après quatre-cents ans d’histoire de la mission chrétienne auprès des autochtones sur le territoire aujourd’hui connu comme le Québec, il est plus que temps de reconnaître que la vision et la mise en œuvre traditionnelle et officielle de celle-ci ont largement manqué leur cible. À l’ère de la postchrétienté, c’est aussi le constat de plusieurs penseurs pour ce qui est de l’état actuel de la mission des églises en Occident[9].
Une perspective autochtone de la révélation et du salut
Pour faire Église autrement, il faut permettre aux autochtones de penser autrement la foi. C’est ce que fait Marc Levasseur dans son article de 2015 : La réconciliation, l’œuvre de la rédemption : la sotériologie selon une perspective relationnelle[10]. Étant, en ses mots, « entouré de la culture dominante occidentale et du monde évangélique » pendant ses années éprouvantes d’études en théologie, il écrit que « l’étude de la spiritualité de mes ancêtres des Premières Nations d’Amérique a contribué à protéger ma foi, ma croyance en un Créateur et en sa révélation.[11] » Son implication avec ORA sur la Côte-Nord du Québec auprès de la Nation Innu le conduira à constater que « les ressources occidentales existantes n’étaient pas adaptées pour l’évangélisation, la formation de disciples et la relation d’aide chrétienne dans un contexte autochtone »[12]. C’est ainsi qu’il entreprend à repenser la théologie évangélique du salut « selon la perspective de la réconciliation »[13].
Dans son article, Marc Levasseur cherche à restructurer la sotériologie, communément appelé le salut, puisque ce dernier est central dans la christologie évangélique et classique qui perçoit l’humanité comme pécheresse et les humains comme pécheurs depuis la chute en Eden en continuité de la doctrine du péché originel de Saint Augustin. La rédemption est donc comprise comme le thème central de la Bible et le salut réalisé par la mort de Jésus sur la croix à la place des humains. Pour Levasseur, il s’agit d’une compréhension réductrice de la Bible comme du salut devenu « individualiste, transactionnel et anthropocentrique », des caractéristiques qu’il considère représentatives de la culture occidentale[14]. Il s’interroge s’il ne s’agit pas « d’erreurs d’interprétation culturelle […] plus accommodante pour la société occidentale » et auxquels pourraient répondre différemment les Premières Nations[15].
L’auteur s’inquiète de l’absence des relations immédiates des humains dans la théologie systématique occidentale, qui conceptualise en doctrines et en dogmes absolus la réalité dont la Bible est devenue la révélation et la référence à l’extérieur du vécu de celles-ci, une théologie désincarnée que la chrétienté a véhiculée par le colonialisme dans le monde entier. En fait, les relations tangibles des humains avec Dieu (dimensions spirituelles), avec soi (dimensions de la psychologie et de l’intériorité), avec les autres (dimensions sociales) et avec le sol de la Terre (dimensions de l’écolonomie[16]), manifestement inscrites dans la chair et la matière de la Création, sont occultées. C’est pourquoi, comme le font d’autres théologiens autochtones[17], il propose que la théologie doive commencer avec la Création et que celle-ci soit reconnue comme ce qu’elle est réellement, la seule révélation universelle pour toute l’humanité. C’est depuis l’intérieur des relations qu’englobe la Création que la spécificité de Jésus-Christ et des Écritures doivent être interprétées, d’autant plus que Jésus est venu et nous envoie dans le monde.
Rapprochements avec la perspective autochtone
Levasseur n’est pas seul à s’interroger sur ce qu’il appelle des interprétations culturelles erronées. Le théologien et philosophe orthodoxe grec, Christos Yannaras, dans son analyse de la théologie occidentale, constate que « Les scolastiques […] empruntèrent à Augustin pour construire un système idéologique austère. La priorité de l’essence entraina la primauté de la pensée conceptuelle et en conséquence, la priorité de l’intellect individuel sur l’expérience […] Dieu devient l’objet d’une compréhension intellectuelle comme être suprême abstrait et impersonnel sans rapport avec l’expérience et avec l’histoire […] L’immédiateté expérientielle de la relation est exclue[18] ».
Dans sa recension du livre de Yannaras, le docteur en sciences humaines, Jean Hassenforder, fin observateur de l’émergence et de l’innovation de la spiritualité, de la foi et des églises au XXIe siècle, signale que l’« on prend conscience aujourd’hui des effets néfastes de la conception du péché originel se traduisant dans une représentation très sombre de la nature humaine », et que celle-ci, comme l’ensemble de « la théologie de Saint Augustin a fortement influencé la représentation de Dieu par les Réformateurs. » Toutefois, selon lui, bien que « la conception d’un Dieu distant ait laissé des traces dans le christianisme occidental, y compris dans sa version protestante, […] cette conception est aujourd’hui balayée par le renouveau spirituel dans ses différentes formes.[19] » Ce renouveau spirituel, Jean Hassenforder nous en dresse un tableau en terminant avec Jürgen Moltmann qui, dans sa théologie de la création, « parle de l’Esprit de Dieu présent dans toute la création. Il sort d’une théologie qui met en contradiction Dieu et le monde et oppose la rédemption et la création. “L’Esprit de Dieu n’est pas seulement actif dans la rédemption, mais dans la création.” »
Aujourd’hui, des théologiens autochtones ajoutent leurs voix et contribuent richement à notre entendement, comme le font des théologiens de multiples peuples, pays et confessions. Des déplacements théologiques sont en cours afin de transmettre une vision holistique de la rédemption qui comprend chacune des relations et des dimensions de l’humanité, car le règne de Dieu c’est la réconciliation de toutes les réconciliations. En fait, il n’y a pas de spiritualité plus profonde que celle qui nous permet de vivre pleinement notre humanité, car c’est dans notre humanité que nous portons tout un chacun et ensemble l’image de Dieu. Cette humanité, nous la vivons au sein et en relation avec la Création. Dieu ne s’intéresse pas à sauver des âmes désincarnées.
DEUXIÈME PARTIE
Dernières considérations
Pour faire église à la manière atikamekw, innue, et des autres Premières Nations, et afin de permettre aux autochtones de penser différemment la théologie et l’ecclésiologie, quelques considérations s’imposent comme conditions.
- La construction d’une caste séparée et supérieure
Marc Levasseur dépeint comme idéologie et idolâtrie culturelle la croyance des absolutistes de posséder seul la vérité. De plus, il « […] constate […] que plus l’ethnocentrisme est fort dans une culture et plus l’absolutisme est présent.[20] » Christos Yannaras utilise un langage encore plus fort : « Du milieu du XIIe siècle au milieu du XIIIe siècle, on peut retracer les origines de ce que l’on appelle aujourd’hui le “totalitarisme”. Des institutions autoritaires et une idéologie unique dominaient la pensée et la vie quotidienne sociale et personnelle. Les occidentalistes admiraient la scolastique, transformant la foi religieuse en une idéologie constituée d’une vision du monde strictement déterminée et d’une méthodologie obligatoire » qu’il nomme la technologie de la vérité[21] et dont les vestiges sont toujours présents.
La renommée journaliste et auteure afro-américaine, Isabel Wilkerson, dans son livre phare de 2020, Caste, the Origins of our Discontent, considère le mot caste mieux que racisme pour décrire la relation historique des blancs envers les noirs aux États-Unis, car le racisme est maintenu par les systèmes mis en place afin de stigmatiser les noirs et protéger la pureté et la supériorité des blancs. Son étude est néanmoins plus large que son propre pays, puisqu’elle fait des parallèles avec le système des castes en Inde, avec l’Allemagne Nazis, et avec d’autres peuples et pays, y inclut des peuples autochtones. Selon elle, une caste est une hiérarchie artificielle fondée sur huit piliers. Il s’agit des principes sur lesquels un système de caste est construit, « des croyances qui ont été, à un moment ou à un autre, profondément ancrées dans la culture et le subconscient collectif de la plupart des habitants, afin que le système de castes puisse fonctionner.[22] » Je les énumère brièvement.
- Le premier pilier : la loi divine et les lois de la nature.[23]
Que ce soit aux États-Unis, en Inde ou en Afrique du Sud, l’interprétation de textes religieux a conféré à certaines personnes et peuples le prestige du pouvoir, tandis que d’autres sont voués à l’abaissement en lien avec de prétendus péchés du passé. Ainsi, des structures pyramidales furent instaurées selon la volonté de Dieu.
- Le deuxième pilier : l’héritabilité.[24]
Afin d’assurer la cohésion d’une société, il était nécessaire de pouvoir identifier clairement le rang, le rôle et la race de chaque personne, leur statut pour la durée de leur vie.
- Le troisième pilier : l’endogamie et le contrôle du mariage et de l’accouplement.[25]
Il s’agit d’un mécanisme par lequel sont protégées les castes supérieures afin de préserver la lignée de l’identité culturelle ou religieuse. Le mariage interreligieux fut interdit pendant des siècles ainsi que le mariage entre races.
- Le quatrième pilier : la pureté contre la pollution.[26]
La croyance en la pureté de la caste dominante et la peur d’être pollué ou souillé par des castes inférieures était sacro-sainte au sein de bien des sociétés.
- Le cinquième pilier : La hiérarchie professionnelle.[27]
James Henry Hammond de la Caroline du Sud a déclaré la doctrine suivante au Sénat américain en 1858 : « Dans tous les systèmes sociaux, il doit y avoir une classe pour accomplir les tâches subalternes, pour accomplir les corvées de la vie. C’est une classe qui ne requiert qu’un niveau d’intelligence peu élevé et peu de compétences. Ses prérequis sont la vigueur, la docilité, la fidélité. Il faut une telle classe… Elle constitue le véritable bourbier de la société. » Pensons au statut des migrants agricoles temporaires au Québec.
- Le sixième pilier : la déshumanisation et la stigmatisation.[28]
La déshumanisation d’un groupe vise à « enfermer les marginalisés en dehors des normes de l’humanité afin que toute action à leur encontre soit considérée comme raisonnable. »
- Le septième pilier : La terreur comme moyen de contrainte, la cruauté comme moyen de contrôle.[29]
« La seule façon de maintenir un groupe entier d’êtres sensibles dans un lieu ou un état artificiellement fixé, au-dessous de tous les autres et de leurs propres talents, est de recourir à la violence et à la terreur, psychologique et physique, pour prévenir toute résistance avant qu’elle ne puisse être imaginée. »
- Le huitième pilier : la supériorité inhérente contre l’infériorité inhérente.[30]
Le huitième pilier est un résumé des sept piliers précédents : « Derrière chaque pilier de caste se trouvent la présomption et le rappel constant de la supériorité innée de la caste dominante et de l’infériorité inhérente de la caste subordonnée. »
De diverses façons, les églises au Québec ont aussi contribué à la transmission des castes culturelles, ethniques et religieuses européennes existantes au moment de la colonisation et les autochtones en ont payé les frais jusqu’à aujourd’hui. Même si ces piliers ont été à divers degrés effacés dans la société contemporaine, ils demeurent néanmoins présents dans le subconscient et les agissements de plusieurs. Pensons à Joyce Echaquan, morte à l’hôpital de Joliette en 2020[31]. Selon Isabel Wilkerson, « les agents pathogènes de la haine et du tribalisme » ne sont jamais morts, seulement endormis et peuvent être réactivés quand « des circonstances extrêmes le(s) ramènent à la surface et […] à la vie[32] ».
À propos de l’absence d’étudiants autochtones dans nos facultés et instituts de théologie, quels pourraient être les piliers de caste qui les en ont empêchés ? Ma question ne se veut pas une accusation, mais la nécessité d’un tel examen s’impose d’elle-même.
- La kénose subversive
Pour faire suite au propos de Marc Levasseur à l’égard du lien étroit entre l’absolutisme et l’ethnie qui construisent ensemble une caste séparée et supérieure, je propose que le plus grand est une institution, plus est-elle incapable de dépouillement, bien que cela soit le modèle kénotique laissé par Jésus à ses disciples, l’abaissement en vue d’une identification conséquente dans l’amour et le service d’êtres humains, quelles que soient leurs ethnies ou leurs tribus. Les institutions sont garantes des symboles et des rites qu’elles ont elles-mêmes sacralisés et par lesquels elles ont figé les formes et le sens de l’Évangile selon des cultures des temps passés. Non seulement doit-il y avoir des déplacements théologiques, il doit aussi avoir des déplacements ecclésiaux et même liturgiques. Le mot déplacement n’a pas la même teneur que le mot déconstruction, car la déconstruction que je propose n’est pas une déconstruction acharnée qui laisse en miettes la foi. Il y a toutefois des déconstructions à faire, la déconstruction étant le devoir des Occidentaux à l’égard des autochtones. Il s’agit de l’autre face, la nôtre, de la décolonisation entreprise courageusement par les autochtones afin que l’on puisse véritablement nous rencontrer et tendre ensemble vers la réconciliation. En fait, la kénose est le concept théologique qui signifie le mieux le déplacement/déconstruction, le dépouillement devenant l’élan essentiel qui rend l’inculturation possible[33]. Cet élan, c’est le don de soi. Le christianisme est la religion du don de soi pour l’autre. L’évangile, comme l’amour, est subversif de tout ce qui serait son contraire. L’évangile, porté selon Paul par « les sentiments qui étaient en Jésus-Christ », donne naissance aux béatitudes. L’amour valide ainsi l’impératif hérétique postcolonial de Peter Berger, l’étymologie du mot étant de choisir[34]. Selon Mabiala Kenzo, « la raison postcoloniale se tourne résolument non seulement vers le pluriel, le régional, le local, le partiel et partial ; mais aussi vers l’innovation et l’anti-dogme. [35] »
Ailleurs, le pasteur anglican John Skinner, cofondateur de la Northumbria Community147, en Angleterre, et fervent partisan du nouveau monachisme, signale que « l’Église, telle que nous la connaissons actuellement dans sa forme visible et institutionnelle, est vouée à l’échec. Elle perdra sa place, son pouvoir et les privilèges qui ont été les siens et qu’elle a su exercer jusqu’à présent. Elle devra rivaliser avec un nouveau panthéon de dieux et de mythes, laïque et religieux, qui vont remplir l’espace autrefois occupé par l’Église. Ce sera une kénose involontaire, une humiliation traumatique (car l’Église ne quittera pas d’elle-même la chrétienté), et seulement à partir ce lieu, l’Église sera en mesure de lever la tête et regarder vers son avenir.[36] » Ce que Skinner projette dans le futur s’avère plutôt être la réalité du passé et du présent. Reste que les églises n’ont encore pas quitté la chrétienté porteuse du colonialisme.
En fait, la postchrétienté est aussi le fruit des représentations de Dieu dont les églises de la chrétienté sont à l’origine et qui ont mis en fuite leurs propres membres. J’inclus les évangéliques dont les teintes principales de la chrétienté sont d’influence américaine, bien que certains essayent tant bien que mal à s’en distancier. Tout ce que la chrétienté a fait de façon coercitive ou par pouvoir hiérarchique, par l’intimidation et les menaces de l’enfer dans le but d’encadrer et de contrôler l’esprit libre du Christ qui souffle où il veut, à fabriquer un Dieu-objet à la perte du je suis toujours et en tout temps présent, a contribué à la postchrétienté. L’Esprit œuvre toujours à l’intérieur des églises, mais aussi au-delà. C’est dans le monde qu’il est venu et qu’il s’est investi dans nos vies individuelles et collectives, là où l’amour du prochain comme expression de l’amour de Dieu doit être chaque jour vécu de manière tangible. La mission de l’église ne se résume pas à la reproduction d’une culture religieuse particulière et complaisante, mais au vécu du royaume de Dieu dans le monde. Le pain et le vin n’ont aucun sens comme symboles de vie divine pour les peuples ayant vécu pendant des millénaires dans des pays nordiques sans vignobles, sans champs de blé et sans agriculture. Ils doivent, tout en s’inspirant de la vie de Jésus, avoir la liberté de recourir à leurs propres symboles pour désigner ce que représente pour eux l’amour sacrificiel de Dieu.
Pour le jésuite, Juan Carlos Scannone, « la réforme de l’Église selon l’Évangile […] vise à ce que l’Église renonce à son autoréférentialité et s’éloigne kénotiquement d’elle-même pour la mission que lui a confiée le Christ. Elle est le peuple de Dieu envoyé à tous les peuples de la terre et à chacune de leurs personnes, en dialogue avec eux […] Cet épanchement incarnationnel et kénotique de soi implique inculturation, pauvreté et service aux pauvres.[37] »
Laurent Schlumberger, le premier président de l’Église protestante unie de France fondée en 2013 par l’union des Églises réformées et luthériennes, écrit à propos de l’Église qui vient : « […] la conviction théologique fondamentale, c’est que l’Église existe pour ce qu’elle n’est pas et pour ceux qui n’y sont pas. […] L’Église existe pour ce qu’elle n’est pas : elle n’existe pas en vue d’elle-même, mais pour annoncer et manifester déjà le règne de Dieu qui vient. Le règne de Dieu est la fin de l’Église, dans les deux sens du mot : sa finalité et son terminus. Devant le règne de Dieu, l’Église s’efface. Et l’Église existe pour celles et ceux qui n’y sont pas. Elle n’a pas pour but de rassembler et de mettre à part le peuple des élus. Elle est envoyée pour témoigner de l’Évangile auprès de tous.[38] » Autrement dit, les églises ne sont jamais une fin en soi. Aller vers les autres avec une idée préconçue de ce qu’est et comment doit fonctionner une église locale, c’est de coloniser. Ce qui est réellement sacré c’est l’amour du prochain en qui se cache le Christ.
- Reconnaître et entendre les voix autochtones
Le Québec et l’Europe francophone ne semblent pas connaitre les théologiens autochtones. Pourtant, ils sont plusieurs à écrire et à publier des articles scientifiques et des livres, surtout en anglais[39]. Selon l’anthropologue David Graeber et l’archéologue David Wengrow, il y eut toutefois un temps au XVIIIe siècle où les Français étaient bien informés sur « ce que les peuples indigènes pensaient du monde, et surtout des Européens[40] » par les témoignages et les récits de voyage des missionnaires chrétiens en Nouvelle France, car apprend-on, les débats intra-européens sur les origines de l’inégalité « renvoyaient […] à des échanges entre Européens et Amérindiens à propos de la liberté, de l’égalité, de la rationalité ou encore des religions révélées — des sujets […] centraux dans la philosophie politique des Lumières. En fait, quantité de penseurs influents admettaient sans hésiter avoir directement emprunté aux Amérindiens certaines de leurs théories.[41] » Parmi les sources de renseignement sur la vie et les pensées des autochtones, Graeber et Wengrow se penchent longuement sur le dernier de trois ouvrages du Français, Lahontan, parus en 1703 et portant le titre, Dialogues avec un sauvage, dans lequel il raconte ses conversations avec le « philosophe » et chef politique wendat, Kandiaronk qui, « à la fin de sa vie, […] fut aussi un opposant invétéré du christianisme.[42] » Non seulement s’oppose-t-il « aux doctrines chrétiennes du péché originel et de la rédemption, avec une attention particulière pour le concept d’Enfer[43] », mais aussi aux « lois punitives à l’européenne ou la doctrine religieuse de la damnation éternelle.[44] » Il ne diffère pas de bien des chrétiens d’aujourd’hui.
Richard Twiss, cofondateur de NAIITS, insiste : « Nous devons véritablement apprécier toutes les cultures comme étant capables de refléter la foi biblique. Nous devons nous éloigner de la “mythologie chrétienne américaine” qui sous-tend la colonisation et le paternalisme qui en résulte dans les communautés autochtones. Nous devons adopter de nouvelles perspectives théologiques émanant des dirigeants autochtones comme étant “égales”.[45] »
Le missiologue australien, Graham Joseph Hill, dans son texte d’introduction aux « femmes théologiennes autochtones que vous devriez connaître[46] », apporte cette précision : « Certaines d’entre elles ont étudié formellement dans un institut, une université ou une communauté d’études théologiques, mais nous croyons que la théologie et la théologisation ne se limitent pas aux espaces académiques ; elles transcendent plutôt ces manières de comprendre et de faire de la théologie. » Parmi ces femmes, la Canadienne Cheryl Bear, membre du conseil d’administration fondateur de NAIITS et professeure associée à Regent College à Vancouver, présente dans sa thèse de doctorat une approche au ministère des Premières Nations à partir des fondements de la vision du monde et des valeurs autochtones. Pour elle, « la majorité des chrétiens du Canada et des États-Unis considèrent le ministère autochtone comme une affaire multiculturelle ou missionnaire. Mais cela doit changer, car nous sommes le peuple hôte du pays et méritons honneur et justice plutôt que d’être relégués au second plan. » Elle poursuit sa réflexion en ces mots : « L’Église devrait mener des discussions sur la justice et la réconciliation, car toute notre foi est fondée sur la réconciliation. Dieu nous a réconciliés et nous appelle donc à marcher ensemble dans l’unité et la foi. Au lieu de cela, l’histoire de l’Église en Amérique du Nord, en Amérique centrale et en Amérique du Sud a été une histoire d’assujettissement, de domination et même de suprématie blanche. La seule chose qui puisse changer cela est la vérité dite, et trop souvent étouffée, par les dirigeants chrétiens autochtones. »
On retrouve, chez Twiss et Bear, les bases de la théologie autochtone que sont la validation de l’identité culturelle des autochtones et la décolonisation, mais combien plus avons-nous encore à recevoir d’eux : l’importance d’une théologie qui commence par et se situe dans la Création qui est le lieu de l’histoire de l’humanité. Marc Levasseur nous ouvre à la primauté des relations et de l’expérience humaine, ainsi que les prémices d’une théologie holistique de la rédemption au sein de la Création.
- Apprendre à lire la Bible d’une façon autochtone
Le renommé théologien contextuel montréalais, Douglas John Hall, est possiblement le premier à se lamenter de l’incapacité des chrétiens de « penser notre théologie de façon autochtone » : « to think our theology indigenously ».[47] Le sous-titre de son premier livre en 1976, Lighten Our Darkness, est évocateur : « Toward an Indigenous Theology of the Cross[48] ». Pourtant, dans aucun de ces livres fait-il référence aux enjeux de la foi chrétienne pour les autochtones. Sa préoccupation était la complaisance de la foi et des églises en Amérique du Nord à l’arrivée de la postchrétienté et l’importance d’une foi pensée et enracinée dans son contexte historique et local particulier. En ce sens, il n’existe, selon lui, de théologie universelle. Le contexte que j’aborde ici est celui des autochtones du pays, le nôtre, étant conscient que nous habitons leurs terres à eux que nous avons écartés. Plus précisément, je veux contribuer à la réception de la théologie autochtone au Québec, au Canada et en Europe francophone. Cette théologie n’est pas encore formulée chez nous en français. Ce sera à celles et ceux œuvrant aujourd’hui au sein des communautés autochtones de les inviter à le faire.
Afin de faciliter notre accueil des théologiens autochtones actuels et à venir, il serait souhaitable d’apprendre à « lire la Bible selon la culture des peuples premiers », selon le titre d’un récent article de Jean Hassenforder[49] dans lequel il fait la recension du dernier livre de Brian McLaren, Life After Doom : Wisdom and Courage For A World Falling Apart.[50] McLaren, renommé pour ces ouvrages qui ont inspiré le mouvement des églises émergentes et la repensée du christianisme au XXIe siècle, se penche ici sur l’avenir de l’humanité dans un monde en effondrement et nous trace une voie inattendue d’espérance auprès des peuples autochtones : « pour nous guérir de notre myopie et pour commencer à imaginer une civilisation écologique, nous aurons besoin de visions, de valeurs et de perspectives venant de l’extérieur de notre civilisation industrielle et coloniale[51] ». Les peuples autochtones ont « une conception de la vie en phase avec le vivant et la nature », nous rapporte Hassenforder, et cette « conception de la vie s’exprime dans une sagesse. » Plus précisément, McLaren « nous montre comment les Écritures bibliques ont été formulées dans le contexte d’un peuple, le peuple hébreu, qui s’inscrit dans les caractéristiques d’une culture autochtone.[52] » De plus, McLaren affirme que Jésus aussi « était un homme autochtone, faisant partie d’un peuple enraciné dans une terre, et qui avait résisté à des tyrans arrogants et à des civilisations colonisatrices depuis Pharaon. » La Bible est devenue pour lui le journal collectif d’un peuple autochtone.
Conclusion
Je termine mon exposé avec la lecture d’un texte du théologien et professeur autochtone américain, Randy Woodley.
« Vous savez, le monde universitaire est une bonne chose à certains égards. Il est censé nous ouvrir à de nouvelles idées et tout ça, mais notre vision initiale au Centre autochtone Eloheh pour la justice de la Terre était d’atteindre les personnes qui ne peuvent pas vraiment se permettre une éducation formelle ou qui ne peuvent pas s’inscrire en raison de conditions de vie défavorables ou d’autres raisons qui les empêchent d’entreprendre les rigueurs du monde universitaire. C’est donc le type d’éducation auquel nous voulons revenir. Je suppose que j’ai gravi la montagne universitaire, que je me suis retrouvé au sommet et que j’ai examiné toute l’entreprise, et maintenant je redescends de l’autre côté.[53] »
Afin de redescendre de l’autre côté de la montagne universitaire, Randy Woodley a dû premièrement la gravir. Ce qui est reçu en haut de la montagne doit redescendre parmi les tribus concernées par amour son peuple. Le défi actuel au Québec et au Canada français est de permettre aux autochtones de chez nous de tracer avec nous de nouveaux sentiers vers le haut de la montagne.
[1] https://naiits.com/. J’ai publié un premier article sur NAIITS et la théologie autochtone en 2022 ici : https://www.temoins.com/la-theologie-autochtone-au-canada/
[2] Dreaming our World Home: The Roots and Roles of Visions in Creating Indigenous Futures / an Indigenous Future. https://naiits.com/symposium2024/
[3] https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/ile-de-la-tortue-resume-en-langage-simple
[4] J’ai publié un premier article sur le symposium sur le site de Mission chez nous le 1er août 2024 : https://missioncheznous.com/rever-notre-chez-nous-dans-le-monde-la-theologie-autochtone-pour-les-autochtones/#:~:text=Un%20don%20%C3%A0%20Mission%20chez,des%20membres%20de%20ces%20communaut%C3%A9s. Je l’ai repris pour le site de l’Association Témoins en y ajoutant le fruit de ma recherche pour des étudiants autochtones en théologie au Québec le 30 août 2024 : https://www.temoins.com/rever-notre-chez-nous-dans-le-monde/#:~:text=Le%20principe%20de%20fond%20dans,qu’ils%20se%20sont%20fix%C3%A9s.
[5] https://missioncheznous.com/
[6] Yves Casgrain, L’Avenir de l’Église catholique en milieu autochtone nécessite un changement structurel, 13 mars 2024, Présence – information religieuse : https://presence-info.ca/article/actualite/religion/lavenir-de-leglise-catholique-en-milieu-autochtone-necessite-un-changement-structurel/
[7] Propos de Marc Levasseur dans une correspondance privé le 12 septembre 2024.
[8] https://biblescanada.com/fr/collections/editions-numeriques/products/journal-of-naiits-volume-13-2015-pdf
[9] Pierre LeBel, Avancées vers l’inculturation des Églises émergentes dans la société québécoise postchrétienne : des pistes ecclésiales et missiologiques à retenir? Mémoire, 2019, Université Laval, https://bibliotheque-archives.canada.ca/fra/services/services-bibliotheques/theses/Pages/item.aspx?idNumber=1153665658
[10] Marc Levasseur, La réconciliation, l’œuvre de la rédemption : La sotériologie selon une perspective relationnelle, dans Journal of NAIITS : An Indigenous Learning Community, Volume 13 : Theologies of Reconciliation, les sauvages et les sophistiqués, 2015, p. 83-117.
[11] M. Levasseur, La réconciliation…, p. 84.
[12] M. Levasseur, La réconciliation…, p. 84.
[13] M. Levasseur, La réconciliation…, p. 85.
[14] M. Levasseur, La réconciliation…, p. 85.
[15] M. Levasseur, La réconciliation…, p. 86.
[16] Un nouveau mot que je propose et par lequel je mets en priorité la dimension écologique de l’économie dont cette dernière doit absolument tenir en compte puisqu’elle est fondée essentiellement sur la distribution équitable des biens de la Terre.
[17] Voir Pierre LeBel, La théologie autochtone au Canada, 13 juillet 2022 : https://www.temoins.com/la-theologie-autochtone-au-canada/
[18] Christos Yannaras, Orthodoxy and the West, Athènes, Holy Cross Orthodox Press, 2006, p. 34.
[19] Jean Hassenforder, Un regard neuf sur une dérive théologique, Témoins, 1 octobre 2024, https://www.temoins.com/un-regard-neuf-sur-une-derive-theologique/
[20] M. Levasseur, La réconciliation…, p. 87.
[21] C. Yannaras, Orthodoxy…, p. 12.
[22] Isabel Wilkerson, Caste: The Origins of Our Discontents, New York, Random House, Édition Kindle, 2020, p. 128.
[23] I. Wilkerson, Caste…, p. 129-132.
[24] I. Wilkerson, Caste…, p. 133-136.
[25] I. Wilkerson, Caste…, p. 137-143.
[26] I. Wilkerson, Caste…, p. 144-161.
[27] I. Wilkerson, Caste…, p. 162-172
[28] I. Wilkerson, Caste…, p. 173-183.
[29] I. Wilkerson, Caste…, p. 184-191.
[30] I. Wilkerson, Caste…, p. 192-197.
[31] https://ici.radio-canada.ca/espaces-autochtones/1828421/coroner-joyce-echaquan-atikamekw-rapport-gouvernement-racisme-lacunes
[32] I. Wilkerson, Caste…, p. 26.
[33] P. LeBel, Avancées vers l’inculturation…, p. 47.
[34] Peter L. Berger, L’impératif hérétique : les possibilités actuelles du discours religieux, Débats, (Paris : Van Dieren, 2005).
[35] Mabiala Kenzo, L’impératif hérétique : l’attrait de l’option postcoloniale en théologie chrétienne, p. 10. Lectio annuel d’IERTIMM tenu le 8 octobre 2024 à Montréal.
[36] John T. Skinner, « Introducing New Monasticism », lors du premier d’une série de 59 cours en ligne intitulé The European School of New Monasticism, qui s’est tenu du 13 octobre au 13 novembre 2015. Le site internet n’existe plus. Pour faire suite à sa dernière phrase à propos de l’Église et de son avenir, Douglas John Hall propose une réflexion similaire : « Perhaps it is only now, when we can no longer realistically maintain visions of power and majesty in the world, that the church of Jesus Christ can perform a service for mankind that is worthy of the power and majesty of its Lord! », Lighten Our Darkness, Towards an Indigenous Theology of the Cross, The Westminster Press, Philadelphia, 1976, p. 156.
[37] Juan Carlos Scannone, SJ, « Incarnation, Kenosis, Inculturation, and Poverty», dans Antonio Spadaro
et Carlos María Galli (dir.), For A Missionary Reform of the Church, The Civilta Cattolica Seminar,
28 septembre – 2 octobre 2015, à Rome, Mahwah, NJ, Paulist Press, Inc., 2017, chapitre 23.
[38] Laurent Schlumberger, À l’Église qui vient, Lyon, Éditions Olivétan, 2017, p. 129.
[39] Voici une liste de 18 théologiens et théologiennes autochtones nord-américains : https://glocaltheology.com/2018/08/23/12-native-american-voices-to-learn-from/.
[40] Graeber, David et David Wengrow, Au commencement était, une nouvelle histoire de l’humanité, Paris, Les liens qui libèrent, (2021) 2023, p. 57. Pour un aperçu du livre voir : Jean Hassenforder, Un nouveau regard sur l’histoire de l’humanité, https://vivreetesperer.com/un-nouveau-regard-sur-lhistoire-de-lhumanite/
[41] D. Graeber et D. Wengrow, Au commencement, p. 49.
[42] D. Graeber et D. Wengrow, Au commencement, p. 72. Kandiaronk, p. 71-83.
[43] D. Graeber et D. Wengrow, Au commencement, p. 76.
[44] D. Graeber et D. Wengrow, Au commencement, p. 77.
[45] Richard Twiss, Rescuing the Gospel from the Cowboys: A Native American Expression of the Jesus Way (Downers Grove, IL: InterVarsity Press, 2015), p. 16. Twiss est l’un des dix-huit théologiens et théologiennes autochtones — parmi lesquels des Canadiens — présentés sur le site glocaltheology.com : 18 Native American Voices to Learn From : https://glocaltheology.com/2018/08/23/12-native-american-voices-to-learn-from/
[46] https://grahamjosephhill.com/indigenous-women-theologians/
[47] Douglas John Hall, The Canada Crisis, A Christian Perspective, Toronto, The Anglican Book Center, 1980, p 40. Cité par Allen G. Jorgenson, Contextual Theology in Canada, Between Covenant and Treaty, dans Kirkpatrick, Patricia G.; McCarroll, Pamela R.; Brueggemann, Walter; Hall, Douglas John; Kirkpatrick, Patricia G.; McCarroll, Pamela R.; Lott, David; Bourgeois, Michael; Root, Andrew; Jorgenson, Allen G.; Thorpe, Brian; Wells, Harold; Athanasiadis, Harris; Ham, Adolfo; Gaudin, Gary A.; Thompson, Deanna A.. Christian Theology After Christendom: Engaging the Thought of Douglas John Hall (English Edition) (p. 52). Lexington Books. Édition du Kindle.
[48] Douglas John Hall, Lighten Our Darkness: Towards an Indigenous Theology of the Cross, Philadelphia, The Westminster Press, 1976.
[49] Jean Hassenforder : Comment lire la Bible selon la culture des peuples premiers, 30 août 2024 : https://www.temoins.com/comment-lire-la-bible-selon-la-culture-des-peuples-premiers/
[50] B Brian McLaren, Life After Doom: Wisdom and Courage For A World Falling Apart, New York, St. Martin’s Essentials Publishing Group, 2024.
[51] B. McLaren, Life After, p. 123.
[52] J. Hassenforder, Comment lire la Bible.
[53] Woodley, Randy S., Indigenous Theology and the Western Worldview (Acadia Studies in Bible and Theology): A Decolonized Approach to Christian Doctrine (English Edition) (p. 2). Baker Publishing Group. Édition du Kindle.