Selon Chantal Delsol
Lorsque nous nous interrogeons sur la place du christianisme à notre époque dans les pays occidentaux, notre réflexion s’opère en termes historiques, nous envisageons la situation actuelle en terme de post-chrétienté. La société n’est plus comme autrefois encadrée par la religion chrétienne en terme d’institutions et de doctrines. Effectivement, les sociologues envisagent notre époque en terme de post-chrétienté. Et de nombreux théologiens en tirent les conséquences et esquissent un nouvel horizon (1). Philosophe et écrivaine, universitaire, Chantal Delsol vient d’écrire un livre : « La fin de la Chrétienté » (2).
Mais à partir de quand et dans quelles conditions, la chrétienté a-t-elle commencé ? Et quelles en ont été les caractéristiques ? De fait, la chrétienté est une civilisation qui a pris naissance lors de l’adoption de la religion chrétienne par l’empire romain au quatrième siècle. La religion chrétienne devient une religion d’état. Dans la chrétienté, la religion chrétienne se diffuse dans les sociétés et les imprègne dans un ordre hiérarchique où pouvoir religieux et pouvoir politique s’adossent. Pendant des siècles, la chrétienté va être une réalité souveraine. Cependant, au cours des derniers siècles, et tout particulièrement à partir du XVIIIe, l’hégémonie religieuse est remise en cause et, particulièrement, la tutelle de l’Eglise catholique. Celle-ci était la forme la plus aboutie de la structuration qui s’est imposée dans la chrétienté.
Cette réalité historique peut être interprétée différemment selon les regards qu’on lui porte. Chantal Delsol est issue d’un milieu catholique très conservateur avec lequel elle s’est distanciée en développant une carrière universitaire et une indépendance d’esprit. Une notice détaillée dans Wikipedia (3) a caractérisé son orientation en terme de « conservateur libéral ».
Comment la chrétienté a-t-elle pris fin ?
Dans son livre, Chantal Delsol envisage le processus qui a entrainé la fin de la chrétienté. Si cette fin peut susciter une nostalgie, le processus est lui-même irréversible et progresse, d’étape en étape, malgré toutes les réactions qui se sont manifestées pour maintenir cette civilisation. Ainsi, un premier chapitre traite de « l’agonie » de la chrétienté. « Comment s’est arrivé ? ». Chantal Delsol perçoit le lien entre chrétienté et catholicisme. « La chrétienté comme civilisation est le fruit du catholicisme, religion holistique, défendant une société organique, récusant l’individualisme et la liberté individuelle. Il était naturel qu’elle se heurtât à la modernité, et, une fois celle-ci au zénith, son destin était de disparaître » (p 13). A la suite de la Révolution française, « à partir du XIXè siècle, l’Eglise catholique s’érige en rempart contre la modernité. Et, parce que la liberté moderne s’avance comme un destin, et ne peut s’effondrer, parce que ce sont ses adversaires qui se ridiculisent, l’Eglise (catholique) va, en un siècle et demi, perdre peu à peu sa puissance, son aura et son influence » (p 13). L’auteure évoque quelques réactions qui ont pris la chrétienté comme étendard, y compris les fascismes corporatiste de Mussolini, Franco et Salazar (p 23-28). Dès le départ, elle a accepté de dissocier christianisme et catholicisme en évoquant les révolutions américaines, anglaises et néerlandaises qui, à la différence de la Révolution française, ont pu s’appuyer sur un socle religieux, celui d’une religion réformée qui opposait peu d’obstacles aux idées nouvelles (p 11).
Selon Chantal Delsol, le processus qui a mené à la disparition de la chrétienté a été accompagné par un double mouvement : une « inversion normative » et une « inversion ontologique ».
Une inversion normative
L’inversion normative concerne les mœurs.. « Dans une société, le tableau des mœurs est un point focal qui concentre les choix philosophiques communs. Le comportement permis, vanté, interdit, signe la pensée d’une époque… Tout acte signifiant révèle une croyance qui dort, si elle n’est pas consciente » (p 44). Chantal Delsol évoque l’importance de la question des mœurs. « Toute société repose sur un modèle général qui englobe les mœurs, les lois, les habitudes. Le monde ordinaire, et tout cela cohérent, forme un ensemble – une architecture des mœurs » (p 45). Cette architecture est très stable. « Les révolutions morales sont rares . Dans ce cas, la société se trouve habitée par un double paradigme au lieu d’un, luttant l’un contre l’autre, et elle ne s’apaise que lorsque l’un des deux a pris le dessus » (p 46). Selon Chantal Delsol, une première inversion normative a eu lieu lorsque la chrétienté s’est imposée au dépens de la civilisation gréco-romaine. Aujourd’hui, depuis le XVIIIe siècle, une nouvelle inversion normative est apparue. « Les lois sociétales votées dans l’ensemble des pays occidentaux, votées depuis la fin du XXe siècle, traduisent un changement de paradigme, la fin d’un modèle chrétien et son remplacement par autre chose… C’est l’aboutissement d’un long parcours qui commence au XVIIIè siècle et visait à se défaire de la chrétienté comme paradigme » (p 77). Cette inversion normative s’inscrit dans un mouvement de longue durée. « L’esprit révolutionnaire qui a soufflé sur l’Occident à partir du XVIe siècle au Pays-Bas enterre l’idée d’un ordre social et moral imposé d’en haut… » (p 70). « L’évolution se fait presque toujours dans le sens d’une liberté individuelle de plus en plus grande. La finalité est claire : pouvoir permettre à chacun tout le possible technologique » (p 63).
Selon Chantal Delsol, il y a donc un ensemble de lois sociétales : divorce, IVG, PMA, qui traduisent une inversion normative, « Presque exactement le contraire de ce qui se passa au IVe siècle » (p 65).
En commentaire, si l’analyse de l’auteure s’appuie sur une sérieuse érudition, elle nous parait trop étroite. Comme le montre l’historien britannique, Tom Holland, dans son livre : « Dominion » (4), le message évangélique a exercé une influence révolutionnaire qui perdure aujourd’hui à travers la défense des droits humains. La chrétienté, issue de l’osmose entre le christianisme et l’empire romain, s’est installée comme une société patriarcale et hiérarchique très éloignée de l’enseignement de Jésus. Dans le respect porté à la femme, à l’enfant, au pauvre, le message de l’Evangile fonde la valeur de l’humain comme personne. Si on peut questionner les « lois sociétales », on peut constater dans le même temps un mouvement en faveur d’un respect accru de la personne comme l’abolition de la peine capitale, l’émancipation de la femme, un respect accru de la personnalité de l’enfant. Si l’on s’attache aux mœurs, dans une période toute récente, la dimension hiérarchique constitutive de la chrétienté peut être reconnue comme responsable de la mansuétude avec laquelle les affaires de pédophilie ont été traitées dans l’Eglise catholique (p 71-72).
L’inversion ontologique
Dans la débâcle de la chrétienté, Chantal Delsol perçoit également une inversion ontologique.
« On l’aura compris, une inversion normative, surtout de cette ampleur, repose sur le socle d’une inversion philosophique. Il vaudrait mieux dire une inversion ontologique au sens classique de la science des premiers principes » (p81). « Toute civilisation s’enracine sur des croyances primordiales » (p 83). Selon Chantal Delsol, la première inversion ontologique de cette ampleur a eu lieu à l’origine du judaïsme. Moïse fit passer son peuple, au forceps il faut le dire, du polythéisme au monothéisme » (p 84). « La religion mosaïque a ceci de spécifique et de définitif. Elle distingue Dieu du monde. Ou si l’on préfère, elle établit un monde séparé d’un Dieu désormais unique » (p 85). Ce faisant, le polythéisme, ce que Chantal Delsol appelle le cosmothéisme, n’a pourtant « jamais disparu de la scène dans le monde occidental façonné par le monothéisme » (p 85). Le rationalisme des Lumières, en récusant dangereusement en même temps « la foi religieuse et les traditions et préjugés anciens sur lesquels une société se fonde » (p 92) apparaît seulement comme un moment de l’histoire. Selon Chantal Delsol, le mouvement majeur, c’est principalement le retour du panthéisme. Ainsi, « en refusant la rationalité des Lumières, l’Allemagne postrévolutionnaire est attirée par les pensées asiatiques. Heine écrit : le panthéisme est la religion cachée de l’Allemagne » (p 92). Plus généralement, quel est le nouvel état d’esprit ?: « Derrière la chrétienté effondrée, ne vient pas le règne du crime, le nihilisme, le matérialisme extrême, mais plutôt les morales stoïciennes, le paganisme, des spiritualités asiatiques » (p 90).
Chantal Delsol poursuit sa réflexion en s’attaquant à la religion commune que serait l’écologie. « La mise en cause de la rationalité des Lumières a été si loin qu’elle a produit non seulement la défense de la culture historique et coutumière (expression du romantisme du XIXe siècle), mais plus loin, la valorisation jusqu’aux extrêmes de la vie naturelle. La valorisation de la simple vie, de celle qui ne réfléchit, ni ne pense » (p 97). Chantal Delsol rapporte longuement la pensée de Ludwig Klages, philosophe de la nature disparu au milieu du XXe siècle. Et elle poursuit : « En ce début du XXIe siècle, le courant le plus établi, le plus prometteur est une forme de cosmothéisme lié à la défense de la nature. On peut parler aussi de panthéisme ou de polythéisme. Nos contemporains occidentaux ne croient plus à un au delà ou à une transcendance… La signification de la vie doit donc se trouver dans cette vie-même, et non au dessus d’elle où il n’y a rien. Le sacré se trouve ici dans les paysages, dans la vie de la terre et chez les humains eux-mêmes. Au tournant du XXe et du XXIe siècle, nous avons changé de paradigme. En faisant un nouveau choix de compréhension du monde. Il s’est produit une inversion ontologique » (99-100). « Sous le cosmothéisme, l’homme se sent chez lui dans le monde qui représente la seule réalité et qui contient à la fois le sacré et le profane » (p 100). Sous le monothéisme, l’homme se sent étranger dans un monde immanent et aspire à l’autre monde. Pour le monothéiste, ce monde n’est qu’un séjour. Pour le cosmothéiste, il est une demeure » (p 101). « Au lieu d’exiler Dieu hors du monde, l’homme postmoderne le rappelle ici et il se réapproprie le sacré » (p 102).
Selon Chantal Delsol, l’écologie s’impose aujourd’hui comme une « religion », une « liturgie », un « catéchisme » (p 103). « La passion pour la nature fait accepter tout ce qui était récusé par l’individualisme tout puissant » (p 104). En raison de cette critique radicale, l’auteure en vient à critiquer également une réflexion menée par de grandes institutions catholiques parisiennes sur le thème : « La théologie face à Gaïa ». Et elle en vient à dénoncer un effort « pour corriger la théologie de fond en comble, afin de revoir le statut du divin et la teneur des dogmes, mettant fin ainsi à l’exception humaine, à la domination masculine, à la notion de péché originel entre autres » (p 150-151).
En bref commentaire, il nous paraît là encore qu’on doit bien distinguer la conception de Dieu qui l’emporte au début de la chrétienté et celle qui émerge dans le christianisme originel. La chrétienté met à l’honneur un Dieu impérial et s’inspire beaucoup de l’Ancien testament. Dans le christianisme originel émerge peu à peu la conception d’un Dieu trinitaire, celle-ci étant remise en évidence par Jürgen Moltmann (5) dans sa « nouvelle théologie trinitaire », ou par Richard Rohr, dans son livre : « The divine Dance » (6). Ce Dieu trinitaire manifeste une communion et il ne s’impose pas d’en haut. Ce Dieu là anime également la création par la dynamique de l’Esprit. Il se manifeste à la fois dans la transcendance et dans l’immanence. Dieu ne se confond avec l’univers comme l’affirme le panthéisme, mais Il y est intimement présent. C’est le panenthéisme. Présent dans l’orthodoxie (7) le panenthéisme est adopté aujourd’hui par de nombreux théologiens chrétiens. « Dieu est partout présent. Il n’est pas tout. Il est en tout ». Dieu est avec nous engagé dans la création et dans l’humanité (8), selon, sur ce site, l’expression conjuguée de Diana Butler Bass, historienne américaine et de Jürgen Moltmann, un grand théologien de notre époque. Si Chantal Delsol identifie une expansion du panthéisme et s’en inquiète, de fait, elle met ainsi en évidence une aspiration de notre époque. Les recherches théologiques citées précédemment montrent que cette aspiration peut trouver réponse dans une démarche chrétienne en redécouverte du paradigme émergent dans le christianisme originel.
Une prise en compte de la complexité
Cependant, Chantal Delsol poursuit sa réflexion dans une prise en compte de la complexité.
« Le processus d’inversion normative, en ce moment transitoire, cohabite avec son contraire. La nouvelle morale contemporaine reprend l’ancienne et l’aménage, voire la déguise ou la trafique » (p 111). « Une question cruciale est de savoir comment survivent les principes repris des croyances précédentes, mais désormais sans légitimité. Il est probable par exemple que le nouvel âge postmoderne tient à l’idée de personne issue du christianisme… Mais comment cette idée survivra-t-elle face à un individualisme qui la récuse ? Et, sous quels avatars ? Autant de questions qui valent aussi pour l’idée de vérité et d’universalisme… » (p 117).
De même, des transformations sont en cours et brouillent les cartes.
« La désaffection vis-à-vis des dogmes ou d’une vérité décrétée et certaine, ne suscite pas une forme de nihilisme… mais plutôt le triomphe de la morale… On voit se déployer une philanthropie, un amour de l’humanité directement hérité de celui de l’Evangile, mais sans les fondements, et, ici encore, nous sommes en plein parasitisme ou en plein palimpseste ». Ici, le terme « palimpseste », un parchemin où on a réécrit par dessus une écriture effacée, revient, à plusieurs reprises, dans l’écriture de l’auteure. « La modernité tardive reprend l’Evangile, et même au sens littéral, mais en le débarrassant de toute transcendance » (p 127). C’est ainsi que Chantal Delsol perçoit « l’Évangile social tel qu’on l’observe au départ chez Walter Rauschenbush à la charnière du XIXe et du XXe siècle et qui influença durablement Martin Luther King » (p 128). En commentaire, là encore, on peut s’interroger sur la manière dont l’auteure se représente le rapport entre transcendance et immanence. Chantal Delsol décrit également une morale d’état, quelque chose qui rappelle la « religion civile » de Rousseau et de la Révolution.
Vers un christianisme sans chrétienté
Chantal Delsol s’interroge sur le rôle que l’Eglise catholique peut encore jouer dans la société. Elle dénonce ce qui lui apparaît comme des compromissions et des capitulations. Cependant, elle se veut réaliste et elle écarte l’extrémisme et le jusqu’au boutisme ». Après un parcours sinueux, elle se rend à l’examen d’un « christianisme sans chrétienté ». C’est le titre de son dernier chapitre.
Elle se détache de son attachement à la chrétienté vers une réflexion sur le christianisme. Elle va même jusqu’à s’interroger sur les bienfaits possibles de cette évolution. « Toutes les circonstances évoquées jusqu’ici – le refus radical de la modernité par l’Eglise (catholique), puis la tentative de sauver la chrétienté par les fascismes, enfin le ralliement récent à la modernité, mais dans une atmosphère de mauvaise conscience toute moderne – obligent à se poser la question : la fin de la chrétienté n’est-elle pas plutôt un bienfait qu’une catastrophe ?… ce qu’Emile Poulat avait résumé ainsi : « Il n’est pas sûr que Dieu ait perdu au change » (p 158).
En poursuivant cette réflexion, elle constate qu’il « ne manque pas de grande voix pour mettre en cause le pouvoir ecclésial, fut-il un pouvoir sur les âmes » (p 160). La modernité est envisagée sous un nouveau jour : « La modernité est probablement à la fois le rejet du pouvoir chrétien (rejet des lois sociétales) et une reprise et une adaptation des principes chrétiens (égalité sociale, philosophie du Care). Dans toutes ses dimensions, elle s’établit contre la Chrétienté comme civilisation et non contre le christianisme. Elle ne récuse que le pouvoir de la religion et non la religion elle-même, comme l’écrivait déjà Tocqueville » (p 161-162).
Dès lors, Chantal Delsol invite le catholicisme à une posture nouvelle, à une posture modeste, celle d’une minorité. « Le statut de minoritaire est très spécifique et nous devons l’apprendre des juifs et des protestants. Quand on est minoritaire, la tolérance n’est plus une vertu, mais une nécessité d’état… Le minoritaire doit éviter la paranoïa… Cette situation inédite dans notre histoire finalement nous ramène à l’âge des premiers chrétiens » (p 102-103). Et bien sûr, dans ce nouveau contexte, l’Eglise ne doit pas se comporter comme « une institution gouvernante et dominatrice » (p 165). Chantal Delsol met également en garde contre le danger d’une « idéologisation des convictions » : « Certains groupes de chrétiens effrayés par le processus moderne et postmoderne, ont tendance à transformer leurs convictions en une sorte d’idéologie » (p 166). « Chez les catholiques d’Occident, une frange conservatrice fervente et active émerge depuis le tournant du siècle se vouant à renforcer et à sauver par la dogmatique des principes et fondements dont la postmodernité a programmé la destruction » (p 166). « L’idéologisation des religions et traditions nous fait entrer dans un monde coupé au cordeau, et bientôt manichéen » (p 166).
Et finalement, Chantal Delsol porte un nouveau regard sur la chrétienté : « Ce n’est plus la chrétienté qui nous quitte, c’est nous qui la quittons. Pourquoi ? Parce que nous avons renoncé au règne de la force » (p 168). Aussi Chantal Delsol termine par une conclusion apaisée : « Puisqu’en dépit des inversions normatives et philosophiques selon les palimpsestes, le christianisme est encore, à sa manière, l’esprit des lieux. Renoncer à la chrétienté n’est pas un sacrifice douloureux. L’expérience de nos pères nous apporte une certitude : notre affaire n’est pas de produire des sociétés où « l’Evangile gouverne les Etats », mais, plutôt, pour reprendre le mot de Saint Exupéry, de « marcher tout doucement vers une fontaine » (p 170).
Il n’était pas facile de présenter cet essai sur « la fin de la chrétienté ». En effet, ce livre nous rapporte un itinéraire de pensée qui chemine en présentant de nombreuses facettes. Et d’autre part, comme nous ne nous reconnaissons pas dans certains développements, il nous a fallu prendre garde à en rendre compte le plus fidèlement possible. Nous avons ajouté parfois un commentaire personnel identifié en tant que tel.
Si la chrétienté a une fin, elle a eu un point de départ. Si l’on étudie son commencement, la chrétienté ne se confond pas avec le christianisme, car elle s’est écartée de son esprit initial.
La question a été évoquée sur ce site dans une perspective de retour aux sources en même temps qu’une prise en compte de la dégradation des institutions chrétiennes et des conséquences à en tirer.
Le point de vue de Chantal Delsol est différent. En philosophe et en historienne des idées, elle porte principalement son attention sur la chrétienté perçue comme une civilisation cohérente et brillante et sur la force adverse qui s’est levée contre elle et a engendré son déclin et, aujourd’hui, sa chute.
De par son parcours personnel, en provenance d’un milieu catholique conservateur, Chantal Delsol est prédisposée à étudier la chrétienté et à en apprécier les valeurs. Ses propos seront naturellement bien entendus dans son milieu d’origine. Mais, en même temps, par son indépendance d’esprit et par son expertise universitaire, elle débouche sur une acceptation des évolutions incontournables et sur une vision croyante et apaisée. Dans une écriture claire et agréable, ce livre est ainsi accessible à des publics différents dans son examen des problèmes de fond en rapport ave la fin de la chrétienté.
Jean Hassenforder
- Gabriel Monet. L’Eglise émergente. Etre et faire Eglise en postchrétienté. 2014 https://www.temoins.com/des-outres-neuves-pour-le-vin-nouveau-interview-de-gabriel-monet-auteur-de-leglise-emergente-etre-et-faire-eglise-en-postchretiente/
Murray (Stuart). Post-Christendom. Church and mission in a strange new world. 2004. https://www.temoins.com/faire-eglise-en-post-chretiente/
(2) Chantal Delsol. La fin de la chrétienté. L’inversion normative et le nouvel âge. Cerf, 2021
(3) Parcours de Chantal Delsol. Sur wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Chantal_Delsol
Interview sur KTOTV : https://www.youtube.com/watch?v=CtL4AUOZbMY
(4) Tom Holland. Les chrétiens. Comment ils ont changé le monde. Editions Saint-Simon. 2019
(5) Dieu, communion d’amour : https://lire-moltmann.com/dieu-communion-damour/
(6) La dance divine, par Richard Rohr : https://vivreetesperer.com/la-danse-divine-the-divine-dance-par-richard-rohr/
(7) Le panenthéisme, selon : Sagesse orthodoxe : https://www.sagesse-orthodoxe.fr/jaimerais-savoir/questions-dactualite/cathechese-et-conferences/pourquoi-pas-pantheistes/
(8) Dieu avec nous engagé dans l’humanité et dans la création (Selon Diana Butler Bass et Jürgen Moltmann) : https://www.temoins.com/dieu-engage-creation-lhumanite/
Bonne réflexion et bon résumé de ce livre que je suis tenté de me procurer. Je suis catholique de culture mais je suis devenu évangélique suite à une prise de conscience importante dans les années 70. Tout en bénéficiant des richesses de ce type de christianisme j’ai progressivement remis en question bien des choses, son conservatisme, sa prétention à détenir la vérité, sa théologie hors du monde qui l’enferme dans une bulle pessimiste qui attend le retour de Jésus etc. J’ai pourtant été pasteur pendant 30 dans différentes communautés, des assemblées de frères aux baptistes et aux frères mennonites. Je suis devenu libéral, progressiste, postmoderne, pluraliste, panenthéiste et agnostique tout en demeurant croyant et chrétien. En faite je crois qu’il est impossible pour le christianisme de survivre s’il demeure dans l’orthodoxie, comment être humble quand on pense que notre métarécit englobe tous les autres, qu’il est la solution et la réponse ultime face aux questions que les hommes se posent. La chrétienté ne peut pas être si facilement séparée du christianisme, son échec signifie aussi les limites du christianisme dans la réflexion spirituelle de l’humanIté, tant qu’il ne reconnaitra pas cela sa chute continuera.
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