Témoignage de David Pierron sur les 24/7.
David, tu assures une présence chrétienne dans un quartier de Rouen. Peux-tu nous dire quelles sont tes activités ?
En effet depuis 1 an et demi, j’habite dans un quartier HLM à Rouen et mon objectif est de témoigner de Jésus. Je ne suis pas forcément très doué dans le domaine de l’évangélisation mais je crois que malgré cela, Dieu peut se servir de moi.
Depuis 3-4 ans, mon église a à cœur les enfants et ce quartier en particulier et nous faisons une fois par mois une activité en plein air pour les enfants de type ‘quartier libre’. Et c’est par rapport à cette base que je me suis dit que cela serait judicieux d’habiter en permanence dans le quartier, pour ne pas être seulement vu comme des gens qui viennent de l’extérieur.
Pour me permettre de m’intégrer à la vie du quartier et avoir des contacts, j’ai donné un coup de main pour l’aide au devoir au centre socioculturel et je me suis inscrit au club de foot du quartier.
Après j’essaie d’être simplement moi-même en utilisant les opportunités qui sont devant moi pour aider ces personnes dans leur quotidien. Ce n’est pas toujours facile mais c’est défiant et je me sens à ma place.
° Tu as beaucoup navigué au cours des dernières années. Quelles ont été les grandes étapes de ton chemin de foi ?
Bonne question. Je suis né dans une famille avec une mère chrétienne et un père athée qui m’a laissé toute la liberté de suivre ma mère dans sa foi. Donc j’ai eu la chance d’entendre parler de Dieu assez tôt. J’ai rapidement eu conscience que Dieu m’aimait et qu’il voulait être mon papa dans la vie de tous les jours. Et à 14 ans, le Saint-esprit m’a encouragé à m’engager avec Dieu. J’avais alors tendance à faire ma vie et à L’appeler quand j’en avais besoin.
Une autre grande étape fut le moment où j’ai choisi de quitter mon cocon familial et spirituel qui devenait un peu trop étroit pour aller servir auprès d’une église et d’un groupe d’étudiants que je connaissais à peine à 700 km de ma tendre Alsace. Ce fut pour moi une expérience incroyable où les choses n’étaient pas forcément faciles mais où j’ai pu me reposer sur Dieu.
° Par ailleurs tu es aussi l’un des responsables du mouvement 24-7 Prière en France. Peux-tu nous dire comment est- ce que tu en as entendu parler ?
C’était à l’époque où j’étais encore en Alsace, j’avais alors été dans un week-end d’intercession à Strasbourg d’où je suis sorti relativement insatisfait mais ressentant l’urgence de passer plus de temps dans la prière. Et avec un ami – nous étions alors tous les deux au chômage – nous avons décidé de simplement prier ensemble tous les jours de la semaine. Et nous y avons pris goût, nos yeux se sont ouverts, émerveillés des temps particuliers que nous pouvions passer à trois. Après 2 mois, nous avons senti le besoin d’encourager nos amis à faire de même, mais il était évident que notre situation nous permettait de faire cela mais, combiné à une vie normale, c’était beaucoup plus difficile. Et c’est alors que nous avons pensé à organiser des semaines de prière 24-7 dont j’avais entendu parler quelques mois plus tôt et qui permettaient à n’importe qui de créer un espace (en terme de mètres cubes et en terme de plages horaires) pour passer du temps avec Dieu.
° Quelle est l’origine de ce mouvement et comment se développe-t-il dans le monde et aujourd’hui en France ?
En 1999, Pete Greig, un jeune pasteur du sud de l’Angleterre, dans une période de grand questionnement, a visité le village d’Hernhutt qui fut au 18ème siècle témoin d’une communauté un peu particulière. En effet, des moraves exilés sur les terres du Comte Nikolaus Ludwig von Zinzendorf décidèrent après quelques péripéties de faire une chaîne de prière 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 dans le village. Cette chaîne dura 100 ans et de là 3000 missionnaires furent envoyés aux quatre coins du monde. De retour en Angleterre, Pete s’est dit que s’ils ont pu prier pendant 100 ans, peut-être serait-il possible pour son église de Chichester de prier pendant 1 mois 24h/24. Ils mirent en place une salle de prière laissant la possibilité aux gens d’être très créatifs. Au bout du mois de prière, ils ne purent s’arrêter et prièrent pendant trois mois et l’idée s’est répandue comme une épidémie dans plus de 63 pays où des groupes organisent des semaines de prière. En France, nous avons commencé en 2003 et aujourd’hui une dizaine d’église organisent de telle semaine en général 2 fois par an.
° La découverte de la prière dans un environnement communautaire et créatif t’a enthousiasmé. En quoi consistent ces semaines de prière (24/7) ? Comment un groupe peut-il concrètement prier 24 heures sur 24 pendant quelques jours ?
En fait c’est très simple, on fait un planning au début de la semaine et on invite les gens à s’inscrire et à faire en sorte qu’il n’y ait pas de trous, on met en place une salle de prière agréable avec différents espaces, et les participants se relaient, ils sont libres de passer du temps avec Dieu comme ils le souhaitent. Certains sont poussés à lire leur Bible, d’autres à prendre la guitare, d’autres à écrire ce qu’ils ont sur le cœur. Certaines personnes vont prier seul, puis seront relayés par un petit groupe de 3-4 personnes.
° Il semblerait que ces semaines renforcent le groupe qui relève le défit. Il y aurait d’une certaine manière un aspect communautaire ? Peux-tu nous en dire plus ?
Oui, cela m’a complètement subjugué au début : après une semaine 24-7, les participants ont tous l’impression de faire partie d’une même famille, qui va au-delà de nos excès d’humeur. Le fait d’avoir passé du temps avec Dieu, de s’être croisés dans ce lieu commun pendant toute la semaine renforce considérablement l’esprit d’équipe.
° Par rapport à des mouvements de prière antérieurs, il semble qu’il y ait dans les 24-7 des caractéristiques originales qui attirent les gens de notre culture et particulièrement les jeunes ?
Ce qu’il y a de spécial avec 24-7, c’est le fait que les participants sont libres de gérer leur temps qu’ils passent avec Dieu et d’être créatifs dans la manière de parler à Dieu. C’est complètement différent de l’image que nous avons de la prière communautaire où pendant 5 minutes nous prions pour tel sujet puis pour tel autre. En général, quand on parle de réunion de prière seuls les spécialistes se sentent concernés et 20% des membres de l’église y participent. Alors que l’outil 24-7 permet de mobiliser 80% d’une communauté, en général les jeunes en deviennent le moteur, car ce sont eux qui sont assez fous pour bien vouloir aller prier au milieu de la nuit.
° Une approche informelle : on vient quand on est libre ; une attention à l’environnement : une salle bien aménagée ; une expression créative : la prière peut prendre des formes artistiques : art, danse, poésie, se concrétiser dans des supports. Peux-tu nous décrire cet environnement ?
J’ai remarqué que plus on laissait la possibilité au gens d’être créatifs, plus ils l’étaient, donc en effet, la salle de prière se transforme au fur et à mesure de la semaine. A chaque fois qu’on y rentre, le premier réflexe est de faire un petit tour pour voir tout ce qui a été écrit de nouveau, de quelle manière Dieu a-t-il parlé. En général, si la salle est assez grande, on la divise en plusieurs parties, des endroits plus ou moins intimes, des espaces où les gens peuvent dessiner, écrire ou lire à leur aise. On met en place, plein de petits panneaux et on tend de la ficelle pour permettre aux personnes d’accrocher et de coller le fruit de leur création.
° Quels sont les fondements de cette prière chrétienne ? Comment puise-t-on ces fondements dans l’Evangile, dans la Bible ? Pour ceux qui ne sont pas encore familiers avec ces fondements, comment apprennent-ils à s’en inspirer ?
Jésus raconte des paraboles pour nous encourager à « crier jour et nuit » (Luc 18) et d’être persistantsdans la prière. La Pentecôte a eu lieu dans une salle de prière. Paul exhorte les Thessaloniciens à prier constamment. L’église primitive se rassemblait constamment dans la prière (Actes 1-14).
° David, tu as maintenant une expérience de ces semaines de prière. Qu’en as-tu retiré pour toi-même ? Quels effets as-tu pu observer ?
La question est un petit peu faussée pour moi, car lors des semaines 24-7, j’ai un rôle d’organisateur. Mais je dois dire que 24-7 m’a permis d’avoir une vie un peu folle. Ca a été pour moi, premièrement l’occasion de servir Dieu et le corps de Christ ; les heures que j’ai passées dans ces différentes salles m’ont permis de fixer mes regards sur Jésus (chose que je sais théoriquement mais que je ne fais pas toujours), et je crois que cela à contribué beaucoup au fait que j’ai choisi de vivre une vie assez mouvementée où j’essaie d’être flexible au Seigneur. 24-7 me remplit de joie lorsque j’écoute les témoignages des gens après y avoir participé.
° Tu participes au site internet : www.24-7priere.com. Que nous recommandes-tu pour en savoir plus ?
Je peux fortement vous conseiller le livre « Red Moon Rising », qui est l’histoire depuis 1999 de 24-7priere écrit par Pete Greig, qui vous donnera un aperçu complet du mouvement. Après avoir lu ce livre, vous aurez trop envie de prier. Sinon bien sûr le site vous gardera informé de ce qui se passe en France. Si vous voulez en savoir plus, n’hésitez à prendre contact avec nous via le site.
David Pierron
Janvier 2008
Interview de Jean Hassenforder.
http://www.24-7priere.com/http://www.24-7priere.com/