Le 26 novembre 2016, l’association TEMOINS a organisé une rencontre sur le thème “Parcours de foi aux marges des cadres institutionnels”.
Pistes bibliographiques par Jean H.
Notes et vidéos du contenu de la journée
Notes sur les vidéos, par Françoise R.
Le titre de la Journée de Témoins 2016 annonce clairement son contenu puisque « aux marges » ne signifie pas hors de la page, bien au contraire car dans les marges s’inscrivent, si nécessaire, les annotations ou propositions faites sur texte central. Quand ces annotations se révèlent nombreuses et pertinentes la sagesse dicte de s’y arrêter et de les considérer sans crainte. Tel est le but de la rencontre : interroger les différentes formes du croire qui, loin des références religieuses habituelles, s’inventent au dehors et à l’intérieur des églises.
Ces parcours marginaux de la foi sont appréhendés selon deux axes : l’un théorique, à partir d’analyses sociologiques du religieux, l’autre empirique, à partir de témoignages et de réflexions personnelles. L’intérêt principal de ces analyses et de ses témoignages est moins de nous apporter des réponses prêtes à porter que de nous offrir des clés de compréhension et d’ouverture sur la société et les églises d’aujourd’hui et sur notre propre vécu de foi.
Quels furent les temps forts de cette Journée ? Chacun pourra en juger dans la mesure où l’intégralité des exposés, des témoignages et des échanges est accessible en vidéos. Ces vidéos s’accompagnent d’une courte présentation sous forme de relevés de notes. Ces notes, imprégnées bien sûr de la subjectivité de leur auteur, ne sont là que pour donner envie d’aller à leur source, c’est-à-dire à l’écoute des vidéos.
Notes sur la méditation biblique de Gabriel Monet (1).
Sur un thème de la marche, évoquant les grandes figures de Noé, Abraham et d’autres dont il est dit « Qu’ils marchaient avec Dieu », Gabriel Monet nous interpelle finement à partir du récit du paralytique porté par 4 amis aux pieds de Jésus à travers le toit d’une maison bondée (Marc 2v1à4) et de sept mots clé : la mobilité, la découverte, la rencontre, l’intériorité, la lenteur, l’effort et l’orientation. Un bel éclairage pour avancer.
1) Professeur de théologie pratique à la Faculté adventiste de théologie, directeur du Centre de recherche José Figols, auteur de « L’Église émergente. Être et faire Église en postchrétienté. »
Voir la vidéo et l’article sur le site de Témoins
Notes sur l’introduction de Jean Hassenforder.
En dialogue avec Alain Gubert, Jean donne un bon état des lieux et un historique fort instructif des parcours de foi atypiques.
Voir la vidéo et le texte intégral sur le site : https://www.temoins.com/inscription-journee-temoins-2016/
Dans « Document de préparation à la journée »
Notes sur le témoignage de Valérie Bitz.
Valérie Bitz est formatrice PRH (Personnalité et Relations Humaines) une école internationale de formation humaine pour adultes qui donne des outils orientés vers la connaissance de soi.
Son cheminement spirituel, empreint de difficultés à se situer dans les cadres institutionnels,
amènent Valérie Bitz à plusieurs constats : des parcours de foi incluant des expériences de transcendance existent hors des institutions, aucune n’est donc le dépositaire exclusif de la vie
spirituelle ; une personne qui sort des cadres institutionnels entre dans une zone d’insécurité, mais celle qui vit une expérience de conversion également. Il vaudrait la peine de voir de plus près ce que signifie : « se convertir » car vivre une expérience de transcendance a un impact sur la personnalisation qui donne l’individualisation (non l’individualisme mais la capacité à
devenir ce que l’on est). Elle est un accélérateur de croissance qui fait découvrir de l’intérieur un sens à sa vie, pas le sens qu’on veut soi-même lui donner, mais un sens déjà là, qui est de l’ordre de l’expérience et nécessite des outils pour être appréhendé et pour trouver la référence intérieure fondatrice de cette expérience.
L’histoire personnelle de Valérie Bitz permet de saisir d’avantage son approche. Eduquée dans une pratique rituelle catholique elle goûte d’abord cet héritage comme un temps de gratuité et d’éveil à la spiritualité. Puis son adolescence est marquée par un sens de la responsabilité et par la question : Que faire de ma vie ? Elle se rend à Taizé, expérimente le silence « habité ».
A 18 ans elle découvre les études bibliques interconfessionnelles et le rayonnement d’une femme de pasteur qui respire l’authenticité et lui ouvre une belle compréhension de l’Ecriture.
Remonte alors en elle une quête de Dieu, depuis toujours confusément là et la jonction se fait entre aspiration spirituelle et connaissance biblique. Elle éprouve alors le besoin de rencontrer des chrétiens « vivants » et « tombe », à Antony, sur le petit groupe Témoins. Effet « caméléon », sa foi s’exprime alors dans le langage des évangéliques. Mais elle bute sur la question simple et vitale : Comment vivre la parole de Dieu ? Et là, pas de réponse, le blanc, rien que des propositions divergentes entre les institutions.
Conduite professionnellement vers la relation d’aide, Valérie Bitz est aussi et d’abord une artiste peintre et c’est à travers son art que Dieu va la toucher et dénouer la crise existentielle qu’elle traverse au cours de ses études d’art plastique. Un jour, elle reçoit fortement l’image de l’arbre du Psaume 1 et prend conscience en elle d’une fracture intérieure, d’être écartelée entre les normes contemporaines de l’art plastique et le ressenti de ce psaume. Elle fait un break dans ses études. Plus tard une seconde image s’impose à son réveil : elle, accrochée à un mur, et deux mains blanches qui assurent sa prise. Elle dessine l’image et tout un monde intérieur se rallume, se ranime en elle, un nouveau goût de vivre. Démarre une année de riches productions artistiques. Une cohérence intérieure se met en place, elle retrouve son humanité par le sentir profond, ce référentiel intérieur qui l’habite depuis et dont elle dit : « Si j’accueille, j’écoute c’est dans mon âme que je le sais, dans ce référentiel, ce mode d’emploi intérieur qu’aucun cadre institutionnel n’avait su me donner ». Son chemin se clarifie. Elle trouve sa voie : l’aide aux personnes là où les supports artistiques peuvent être utilisés et où l’aide vise à mieux se connaître, se comprendre, s’unifier en soi, à vivre la relation à Dieu, à trouver ce vers quoi on est orienté. C’est la rencontre avec PRH qui lui permet de découvrir les intuitions, les aspirations, les désirs de son être profond, là où Dieu la rejoint, où elle le rejoint, où elle vit en accord avec qui elle est, en accord avec « qui elle se sent créée en Lui ».
Voir la vidéo et l’article sur le site de Témoins : https://www.temoins.com/un-itinerairespirituel-de-la-creation-artistique-a-la-relation-daide/
Notes sur l’interview de Cécile Entremont par Alain Gubert
Formée à une technique de psycho thérapie, la psychanalyse à médiation corporelle, Cécile Entremont a travaillé 10 ans en cabinet, en face à face avec les personnes. De cette expérience elle retire la conviction qu’il y a en chacun de nous une étincelle merveilleuse, irréductible à toute analyse, un lieu sacré où Dieu est présent. Par ailleurs, peu à peu, des personnes vont lui demander un accompagnement spirituel. S’estimant insuffisamment formée elle entreprend des études de théologie jusqu’au doctorat dont le sujet de thèse met le focus sur l’évolution de petits groupes d’adultes aux frontières de l’Eglise.
Que disent généralement les croyants qui quittent les églises pour se réunir en petits groupes ? « Je ne trouve plus ma place dans les structures traditionnelles, le langage de la foi ne me parle plus, la structure hiérarchique ne me convient plus, je ne me sens pas respecté dans ma liberté de penser, j’ai le sentiment d’être dans quelque chose de dépassé, où la vie de communion n’est pas celle que je souhaite. » Beaucoup de ces personnes appartiennent à la génération dites des « baby-boomers » que le manque de réception aux attentes de Vatican II a profondément déçue.
Dans ces petits groupes spontanés les gens s’organisent entre eux librement. Ils se rencontrent autour de textes bibliques ou d’auteurs chrétiens, certains vont jusqu’à célébrer l’eucharistie sans prêtre. Les plus de 50 ans gardent souvent un bout de pied dans l’institution (pèlerinage à Compostelle, retraites en monastère, sessions où l’intervenant a un charisme ou un langage actuel). Les moins de 50 ans l’ignorent. Leur quête spirituelle rejoint une quête d’identité profonde et de sens à leur vie. Ils appartiennent à ces « Nouveaux aventuriers de la spiritualité » dont parlent Jean-François Barbier-Bouvet *.
Certains petits groupes se sont constitués en réseaux (ex : Les réseaux du Parvis). Peu sont reliés par internet comme « Méditation chrétienne » qui envoie par courriel à ses membres, une fois par mois, une méditation à faire seul, ou si proximité géographique, avec d’autres membres. Tous demeurent attachés à la rencontre physique. Ces pratiques en petits groupes sont des moyens de se nourrir spirituellement et de faire église ensemble.
Quelles réponses intelligentes et adaptées les institutions pourraient-elles apporter à ces spiritualités hors structures ? Elles pourraient, pour ces petits groupes, former des animateurs sachant libérer la parole, animer un échange, aider chacun à s’exprimer en respectant certaines règles ; Elles pourraient former des personnes au langage théologique et pastoral, dans les mots d’aujourd’hui, qui seraient mises à disposition ; Elles pourraient recevoir et faire remonter aux institutions les idées, les élans de créativités des gens. Il est dommage que l’église ne se nourrisse pas des apports des groupes à sa marge et même des apports des nouveaux aventuriers de la spiritualité.
Ces mouvements aux marges des églises sont-ils leur avenir ? Difficile de parler de l’avenir des églises puisque la crise qu’elles traversent est analogue à celle que traversent toutes les institutions (politiques, sociales etc). De plus, actuellement, le courant le plus conservateur des églises est en poupe. Il y a certes le courant des églises émergentes, en d’autres mots des églises non structurées, souples, liquides. On peut espérer un avenir de ce côté mais sous quelle forme ? Cécile Entremont espère plutôt dans l’avenir de l’évangile car il est et sera toujours vivant, même s’il se transmet sous forme de valeurs, de ces valeurs éternelles que suscitent les grandes crises : sensibilité à l’écologie, à ce que dit le pape François dans l’encyclique « Laudato si’ », aux paroles du Dalaï Lama … Oui, là, l’évangile a sa place et il ne faut pas voir dans les petits groupes à la marge du syncrétisme, du religieux à la carte mais une transition. Ils sont dans l’adolescence, au bon sens du terme : ils reprennent en main, à leur façon, leur vie de foi. Quant aux chercheurs de spiritualité ils tentent de répondre à la crise actuelle, qui, dans notre monde matérialiste, est fondamentalement une crise spirituelle. C’est un signe d’espérance.
* « Les nouveaux aventuriers de la spiritualité, enquête sur une soif d’aujourd’hui » Jean-
François Barbier-Bouvet, éditions MEDIASPAUL France, 2015 *.
Voir la vidéo et article sur le site Témoins : https://www.temoins.com/un-accompagnementpsychologique-
et-spirituel-parcours-de-cecile-entremont-psychologue-animatrice-ettheologienne/
Notes sur le témoignage d’Alexandre Sokolovitch
Dans son parcours de foi Alexandre Sokolovitch en est arrivé à ce qu’il nomme une église nomade, une église néo-monachiste. Comment ? Alexandre Sokolovitch se présente comme étant un français lambda, issu d’un milieu plutôt populaire réticent à tout ce qui est religieux.
Mais, alors qu’il est ado, sa mère découvre la foi chez les pentecôtistes. A 20 ans il la découvre à son tour, beaucoup par la lecture des évangiles. Très vite il s’ouvre aux autres courants chrétiens et ça dérange son milieu. Gentiment mis de côté il s’investit dans Jeunesse pour Christ, un mouvement américain interconfessionnel. Lors d’une retraite en silence il se me met à rêver à une église qui lui correspondrait et, dans un souci d’évangélisation, correspondrait à ses amis. Il rédige un projet appelé « Tchaap » : Tribu (dans le sens relationnel fort) de Chrétiens Hérétiques (dans le sens : on ne prétend pas détenir la Vérité, on expérimente) Altermondialiste Autogéré (pas de maitre à penser) Prière. C’est beau sur le papier mais comment le vivre ? Avec sa femme ils se disent qu’aujourd’hui Jésus serait avec les marginaux, les jeunes, il irait de fêtes en fêtes… Alors ils achètent un camion et vont de
festivals en festivals rencontrer les gens, juste pour être avec eux, pas pour les évangéliser. Ils vivent en nomade, sobrement, partagent des repas, créent des espaces de convivialité, de bienveillance, de louange et de prière dans ces festivals, dans la rue, les squats, les zones de grands besoins où des jeunes sont en errance. Grâce au blog d’autres chrétiens viennent les aider. Autour de ce camion puis de ce bus se créent différents pôles : échanges de livres, ateliers de peintures sur visages, tchapel (des espaces où les gens, croyants ou non, peuvent venir se poser). C’est dans ces lieux, où nul n’aurait pu croire que l’évangile puisse être présent, qu’ils trouvent leur place dans l’Eglise.
Des chrétiens et des non chrétiens les rejoignent dans ce mode de vie basé sur l’idée que l’évangile est suffisamment subversif et fort pour s’incarner dans n’importe quel terreau, dans n’importe quelle culture. Mais durant ces 3 ans de vie nomade leur foi vacille un moment. Un temps d’études dans une école charismatique au Danemark et à la faculté de théologie de Montpellier les aide. Puis naissent les enfants et le désir de se poser. On leur propose de reprendre une vieille ferme, l’ancien centre d’une association oecuménique de réinsertion de toxicomanes, la Ferme de la Chaux à la Bussière sur Ouche, en Côte d’Or. A plusieurs ils rédigent un projet d’habitat groupé toujours avec l’idée, non de recréer la communauté idéale des premiers chrétiens, mais d’entrer dans une culture, en l’occurrence celle d’un éco-village, et de voir comment l’évangile pourrait s’y incarner. Le projet est accepté. Son but : créer des petits groupes de chrétiens au service de la société, au service du mouvement alternatif et
altermondialiste de Dijon et des alentours, pour y semer la graine de l’évangile. Actuellement l’habitat groupé se compose de 4 familles. Chacune a son appartement, son mode de fonctionnement, son économie mais certaines activités sont faites collectivement (ex : l’accueil). Ils ont un gîte rural de 15 places loué à prix libre aux associations (chrétiennes, écolo…) et un espace dédié aux gens de passage. Ils organisent des formations sur la communication non violente, la gestion de conflits, le christianisme alternatif… et, une à 3 fois par an, un festival de rencontre des alternatifs où chacun propose ses idées. On n’y prêche pas. Les personnes sont accueillies avec amour et savent que les organisateurs sont chrétiens.
A la Ferme de La Chaux on suit l’année liturgique, on se réunit une fois par semaine pour les prises de décisions et pour un temps spirituel animé à tour de rôle par chaque foyer.
Quels sont ses outils de fonctionnement ? D’abord une sorte de « liturgie populaire », des cercles de partages composés d’un moment de silence, d’une lecture de l’évangile et d’un partage de chacun, de 4 à 5 minutes, sur un merci, un pardon, et un s’il te plait, qui se vivent autour d’un objet symbolique (ex : bougie) et de quelque chose à manger et à boire. Ils pratiquent la lectio divina collective, aussi via Skype, pour faire se rencontrer les chrétiens alternatifs et les alternatifs chrétiens. Leur page Facebook compte une centaine de membres actifs.
Leurs visiteurs sont-ils des déçus des églises ? Non, plutôt des jeunes qui se sentent libres de naviguer d’une institution à l’autre selon les offres (retraite ignacienne, séjour à Taizé…) et pour Alexandre Sokolovitch chaque église a ses richesses, ses bons et ses mauvais côtés.
Prenons les bons ! Dans une société transformée par la révolution numérique les églises doivent simplement s’adapter pour rester pertinente.
Voir la vidéo et l’article sur le site Témoins : https://www.temoins.com/foi-phase-soi-mondedaujourdhui/
Notes sur l’intervention de Pierre LeBel
Pierre LeBel, responsable de Jeunesse en mission (JEM) à Montréal, est l’un de ses directeurs en Amérique du Nord et mentor pour l’Echad, un groupe de jeunes émergents de Montréal.
L’intégralité de l’intervention est sur le site. Voici donc simplement, pour en donner un aperçu, le plan annoncé dans son introduction:
« J’ai pensé répondre à la question posée (dans le cadre de la Journée), en commençant par une réflexion de Léonard Cohen. Afin de donner corps à ses pensées, je poursuivrai avec quelques réflexions inspirées par Charles Taylor dans son livre, L’âge séculier *. Comme réponse au contexte de postchrétienté, je proposerai l’incarnation comme modèle de la mission de l’Église avec la kénose, le dépouillement, comme premier principe et dont j’en tire trois pistes de réflexions et d’engagements pour les églises qui se veulent émergentes. En conclusion, je soulignerai les quelques questions auxquelles je crois que les Églises ont de nos jours à répondre. »
*Lire l’article sur le site Témoins : https://www.temoins.com/lage-de-lauthenticite/
Voir la vidéo et le texte intégral dans …
Sur Pierre LeBel lire aussi l’article sur le site Témoins) https://www.temoins.com/attentes-etcheminements-pour-de-nouvelles-expressions-chretiennes-au-quebec-interview-de-pierrelebel-coordinateur-de-jeunesse-en-mission-a-montreal/
Note sur l’intervention d’Andy Buckler
Pasteur au parcours atypique au coeur des institutions Andy Buckler est responsable pour la formation et l’évangélisation au sein de l’EPUF.
Son regard se veut d’abord bienveillant sur ces églises traditionnelles qui sont désolée de l’exode qu’elles constatent, qui prient, qui ne voient pas ce qu’elles auraient dû faire pour que leurs enfants ne délaissent pas la communauté puis, pire, que leurs petits enfants ne viennent même plus au catéchisme.
Que leur dit-il ? Que ce phénomène n’est pas de leur responsabilité, qu’il est dû à un changement sociétal qui touche toutes les églises porteuses d’une longue tradition, que toutes sont confrontées à une même question : pourquoi ce qui marchait hier ne marche plus aujourd’hui ? Mais si le monde a changé le Seigneur, Lui, ne change pas. Son message reste pertinent et la clé de la mission n’est pas dans les méthodes mais dans une confiance renouvelée en l’évangile.
Autre question : Peut-on dépasser l’opposition binaire entre institutions historiques et églises innovantes ?
Oui, comme l’enseigne la parabole du vin nouveau et des vieilles outres, il est des choses que les églises ne peuvent plus faire. Mais elle va plus loin et souligne moins une opposition structurelle que spirituelle car, vieux ou nouveau, le vin, a besoin d’une outre et la vie jaillissante de structures. Les outres sont-elles solides, sont-elles renouvelées ? Les institutions sont-elles capables d’accueillir la nouveauté ? Si souples soient-elle les nouvelles communautés ont-elles un cadre référentiel suffisant ? N’ont-elles pas besoin d’un minimum d’accompagnement. Les deux formes d’églises ont des atouts. Il importe en fait travailler le lien entre elles.
Cette crise des institutions peut être une chance pour la Mission si les institutions se laissent renouveler par le Seigneur sur les points suivants :
1) Leur identité et leur mission : un écart s’est creusé entre fidélité à la tradition et accueil de la nouveauté. Les formes culturelles des églises datent et sont décalées par rapport à aujourd’hui. Cet ancrage dans la culture d’hier interroge sur l’identité de l’église et nécessite de revenir à la question « pour quoi ou pour qui » sommes-nous là ? Le défi est de retrouver, pas de trouver, un souffle. Or, dans le passé l’église a su se renouveler. Qu’elle retrouve aujourd’hui cet élan et sache à nouveau s’incarner dans le réel.
2) Leur logique : elles doivent passer d’une logique de maintien à une logique de mission. Les églises historiques qui sacralisent et figent leur forme d’être ont un deuil à vivre, un pas d’humilité et de conversion à faire pour s’adapter au monde actuel. Mais s’adapter à n’est pas se fondre dans. La force de ces églises, dans un monde polarisé sur le présent, est de rappeler les racines, d’offrir des repères.
3) La vie d’église. Le sens de l’église est d’être en lien avec le Seigneur et les autres à l’échelle locale. Ce ne sont pas les institutions qui innovent mais les personnes. Et ces personnes sont immergées dans la société, elles y sont des témoins. L’église locale est à
penser comme un lieu ouvert, un lieu de parcours de foi où l’on accueille les gens, où on les aide à cheminer, à exercer leurs dons. On a besoin d’approches missionnaires variées, d’économie mixte, d’être capable de regarder au-delà de nos propres structures pour agir avec et non contre les autres. Or, l’audace, la créativité ne sont pas des qualités institutionnelles mais personnelles. Pourquoi ne pas entrer même en partenariat avec ceux qui ne sont pas chrétiens ?
La question n’est pas institution or not institution. Les outres sont nécessaires mais sont-elles rigides et inflexibles ou renouvelée et souples ? D’ailleurs, selon Matthieu 13v52, qui est instruit de ce qui regarde le royaume des cieux sinon ce maître de maison qui sait tirer de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes ?
Voir la vidéo et article sur le site de Témoins
Notes sur les Messy Church
Marty Wood, traduit par Andy Buckler, a présenté les Messy Church, un surprenant mouvement au nom intraduisible, qui, né en Australie, est répandu aujourd’hui dans 17 pays.
Son but ? Faire sortir les chrétiens des murs de leurs églises pour aller à la rencontre des gens.
Comment ? En organisant, à plusieurs églises, des festivals, sortes de grands pique-niques gratuits, offerts à tous.
Dans la vidéo (non traduite mais très parlante) que montre un instant Marty Wood, on assiste à une Messy church dans un parc au sud de Londres: dans cette fête où tout le monde est invité, où la nourriture, les jeux, les séances de maquillage, les ballons, tout est gratuit, il se recrée de la convivialité, un sentiment de faire communauté, et ça interroge les gens.
Mais après la fête du samedi, quelle suite le dimanche ? Le dimanche, pas de service religieux dans les églises : les chrétiens sont retournés au parc pour un culte commun joyeux et léger auquel ils pouvaient facilement inviter voisins et amis. Ce culte « en extérieur » a réuni 800. Maintenant il se déroule tous les mois et la fréquentation des églises augmente.
Et en France ? En France des églises de Clermont, dans l’Oise, ont osé une Messy Church pour rappeler aussi que l’église a sa place au coeur de la communauté locale. Ce fut un franc succès.
Voir la vidéo
Note sur l’intervention de Jean-Jacques Langlois.
Jean-Jacques Langlois est président de l’association « Famille je t’aime ». Le témoignage d’Hélène Gilloy l’a particulièrement touché. Il connait Témoins depuis des années et depuis longtemps s’attache à favoriser les connexions inter-églises. En quelques mots il rappelle les objectifs de « Famille je t’aime ».
Voir la vidéo
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On pourra consulter également: “l’intégrale en vidéo » de la précédente rencontre de Témoins: « Chrétiens dans un Nouveau Monde » (11 novembre 2014)
https://www.temoins.com/chretiens-dans-un-nouveau-monde-la-journee-du-11-novembre-2014/