Il y a des paroles qui sont douces à nos cœurs dans l’Evangile et qui indiquent un chemin spirituel que nous avons plaisir à essayer de vivre, il y a aussi des paroles qui dérangent, qui désarment, qui déplacent, qui défient… L’invitation de Jésus à tendre l’autre joue fait partie de ces paroles qui ne laissent pas indifférents. Parole que l’on retient, que tout le monde connaît, mais dont on se demande si nous devons vraiment la vivre. Et notre interrogation est légitime : est-ce vraiment cela la bonne nouvelle de l’Evangile ? Recevoir une gifle et malgré tout, accepter de tendre l’autre joue… Utopie idéaliste ou humilité exacerbée ? Empathie naïve ou indifférence volontaire ? Jésus est-il sérieux ?
Un exemple d’attitude non-violente
Le docteur Arun Gandhi, petit-fils de Mahatma Gandhi, avait alors seize ans. Il habitait avec ses parents dans l’institut que son grand-père avait fondé, situé à 27 km de la ville de Durban, en Afrique du Sud. Un jour, son père lui demande de l’amener en ville pour assister à une conférence qui se prolongerait pendant toute la journée. Arun est ravi de saisir l’occasion d’aller en ville pour voir ses amis et se détendre. Son père lui demande simplement d’emmener la voiture au garage pour quelques réparations. Une fois arrivés à Durban, son père lui dit : « Nous nous retrouverons ici à cinq heures ce soir pour rentrer ensemble à la maison ». Après avoir amené la voiture au garage, et s’être occupé pendant la matinée, Arun décide d’aller au cinéma. Tellement absorbé par le film, il en oublie l’heure du rendez-vous avec son père. Ce n’est qu’à cinq heures trente qu’il prend conscience de son retard. Il file au garage, récupère la voiture et part au lieu du rendez-vous avec son père. Il y arrive, il est déjà six heures. Son père lui demande avec angoisse : « Pourquoi es-tu en retard ? » Arun est mal à l’aise de dire à son père que son retard est dû au fait qu’il était au cinéma ; du coup il lui dit que la voiture n’était pas prête et qu’il a été obligé d’attendre la fin de la réparation. Mais Arun ne savait pas que son père avait déjà appelé le garage. Se rendant compte qu’Arun mentait, son père lui dit : « Il y a quelque chose qui ne va pas avec l’éducation que je t’ai donné puisque tu n’as pas assez confiance en moi pour me raconter la vérité. Je vais réfléchir pour découvrir en quoi j’ai échoué dans ton éducation. Je vais marcher les 27 km jusqu’à la maison pour avoir du temps pour penser à ce problème ». Ainsi, vêtu dans son costume et avec ses meilleures chaussures, le père d’Arun a commencé à marcher sur la route poussiéreuse en direction de la maison. Arun ne pouvait pas le laisser tout seul. Il a conduit la voiture à la vitesse du pas de son père, l’éclairant avec les phares, pendant les six heures qu’a duré le trajet.
Si pendant ces six heures, son père a eu l’occasion de réfléchir, Arun aussi. La prise de conscience de la souffrance de son père à cause d’un stupide mensonge a été décisive. Ce jour-là, il a décidé de ne plus jamais mentir. Il raconte lui-même comment cette expérience vécue avec son père a été déterminante. Il affirme : « Si mon père m’avais puni d’une façon violente, est-ce que j’aurais appris la leçon ? Je ne crois pas… Mais cette action non violente fut tellement forte que je l’ai gravé dans ma mémoire et elle m’a empêché de mentir jusqu’à aujourd’hui. C’est ça le pouvoir de la non-violence. »
Le sermon sur la montagne
C’est à l’occasion de son sermon sur la montagne que Jésus a lancé cette fameuse invitation à tendre l’autre joue, à développer une attitude non violente. Il faut bien reconnaître que ce sermon est un message aux exigences élevées, voire impossibles. Tout ce que Jésus recommande ne peut s’appliquer à la lettre en un claquement de doigt, mais c’est un idéal que Jésus propose, un horizon vers lequel il nous invite à tendre. Nous devons être conscients que sans la puissance de la grâce, nous ne pourrons que rester loin des objectifs que Jésus pose.
En même temps, ce sermon sur la montagne est de la part de Jésus une forme de réponse à la manière dont certains de ses contemporains considéraient la foi et la vie religieuse qui en découlait. Aux sadducéens qui pensaient que la foi était quelque chose de trop sérieux pour être vécue dans le bonheur, Jésus adresse les béatitudes, et déclare heureux ceux qui font une place pour Dieu dans leur cœur, quand bien même ils seraient pauvres, affamés, en pleurs ou persécutés. Chercher et accueillir la douceur, la pureté de cœur, la paix et la miséricorde suffit à faire de nous gens qui vivent le bonheur, le vrai. Pour Jésus, être heureux n’est pas incompatible avec l’Evangile, au contraire.
Aux esséniens qui s’isolaient du monde pour ne pas en subir les mauvaises influences, Jésus répond que nous avons vocation à être sel de la terre et lumière du monde. Pour Jésus, c’est notre privilège et notre responsabilité que de le représenter, de témoigner de lui, d’incarner qui il est, de défendre ses valeurs… partout et tout le temps.
Aux pharisiens qui faisaient de la loi une fin en soi, Jésus va montrer qu’il faut passer de l’amour de la loi à la loi de l’amour. Contrairement à ce que les pharisiens pouvaient croire, la loi n’est pas un maximum, mais un minimum. Il ne suffit pas de ne pas tuer, de ne pas commettre d’adultère, et j’en passe… pour avoir accompli la loi, car elle n’a d’autre but que de nous aider à vivre des relations d’amour vis-à-vis de Dieu et de notre prochain, et ceci est un chemin qui n’a pas de fin. Or c’est précisément pour nous aider à comprendre cela que Jésus va évoquer six antithèses : « vous avez entendu qu’il a été dit… mais moi je vous dis ». Et c’est précisément dans une de ces antithèses que Jésus va inviter les auditeurs de l’époque comme ceux que nous sommes aujourd’hui, à tendre l’autre joue.
« Vous avez entendu qu’il a été dit : Œil pour œil et dent pour dent. Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Au contraire, si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre. A qui veut te mener devant le juge pour prendre ta tunique, laisse aussi ton manteau. Si quelqu’un te force à faire un mille, fais-en deux avec lui » (Matthieu 5.38-4).
La loi du talion
Jésus fait référence à ce qu’on appelle la loi du talion, « œil pour œil, dent pour dent », bien établie dans l’Ancien Testament (Exode 21.23-25 ; Lévitique 24.19-20 ; Deutéronome 19.21). Elle avait pour objectif de mettre en adéquation la peine avec la faute commise, et ainsi d’éviter l’escalade dans bien des situations. En effet, il est tellement naturel, chez les petits comme chez les grands, lorsqu’on a été offensé, volé ou agressé, de répondre de manière plus forte que ce que l’on a subi. La loi du talion est donc déjà quelque chose de positif qui va dans le sens de limiter la vengeance personnelle, si facilement incontrôlée.
Au temps de Jésus l’application judiciaire de la loi du talion n’était pas littérale. On n’arrachait pas un œil ou une dent si telle avait été l’offense. La réparation proportionnée se faisait par le paiement, de la part de l’offenseur, d’une compensation financière définie en fonction du préjudice. Même si dans l’absolu la vengeance personnelle était déjà condamnée explicitement dans la loi mosaïque (Lévitique 19.18), les scribes et les pharisiens étaient enclins à faire valoir ce qui était devenu un droit, à savoir d’obtenir une réparation conforme à n’importe quelle offense subie.
Jésus nous dit « de ne pas résister au méchant ». Dans cette antithèse il met radicalement en cause le principe moral qui est sous-jacent au principe de la loi du talion, c’est-à-dire : la permission de retourner « coup pour coup » comme rétribution légitime. Il refuse l’existence d’un droit de représailles. Ainsi, il substitue ce principe par l’exigence morale de ne chercher aucune forme de vengeance, même par la voie légale des tribunaux. Et Jésus va illustrer son propos par trois exemples de réponses non violentes au mal par la pratique du bien. Ainsi il va montrer à ses disciples que non seulement ils ne doivent « pas répondre au mal par le mal, mais qu’ils doivent triompher du mal par le bien », comme l’a compris et écrit l’apôtre Paul (Romains 12.19-21).
Tendre l’autre joue
Le premier des trois exemples de réponse non violente que Jésus évoque est cette fameuse invitation à tendre l’autre joue : « Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre ». Le fait que Jésus mentionne la joue droite à un sens précis. En effet, comme la majorité des gens sont droitiers, être agressé sur la joue droite signifie que la gifle a été donnée avec le revers de la main. Dans le judaïsme, ce type de coup était considéré comme spécialement insultant. Il était puni judiciairement par une amende spécialement lourde, qui attribuait à l’offensé une double indemnité : 200 pièces d’argent pour une gifle mais 400 pièces d’argent si la gifle avait été appliquée avec le revers de la main. Une gifle sur la joue droite n’était donc pas seulement une agression, mais c’était aussi un insulte spécialement grave qui avait pour but d’humilier la victime. Et malgré tout, de manière tellement paradoxale à nos yeux, Jésus invite à tendre l’autre joue. Il semble s’inspirer ici du texte de Lamentations 3.30 qui recommande au juste de présenter la face à celui qui l’agresse. Ce geste est, déjà en soi, un abandon de son droit à recevoir la réparation judiciaire et l’indemnité prévu par la loi pour l’offense reçue. Mais, ce geste signifie plus qu’un abandon des représailles. Il est plus encore qu’une disposition à supporter une nouvelle agression humiliante sans rébellion. L’acte du disciple agressé et offensé est, en vérité, un acte de résistance non violente à l’agresseur. Le disciple cherche à censurer et à vaincre le mal à travers son acte paradoxal d’offrir l’autre joue. En présentant la joue gauche à l’agresseur, il l’interpelle et simultanément il revendique, manifeste et préserve sa dignité d’être humain. Il lui dit par son geste : si tu veux m’agresser, agresse-moi comme l’homme doué de dignité que je suis. Ne m’agresse pas avec le revers de la main. En ne répondant pas à la première agression et en étant disposé à être agressé à nouveau, le disciple met en évidence sa vulnérabilité, il démontre son noble courage en face de l’agresseur, mais il essaye aussi d’éveiller la conscience morale de son adversaire pour l’injustice qu’il commet en recourant à l’agression. De cette façon, le disciple agressé et insulté arrache à l’agresseur le pouvoir de l’offenser ou de l’effrayer, en même temps qu’il désarme l’agressivité de l’opposant. Tendre l’autre joue, ce n’est pas simplement subir et céder à la passivité, mais au contraire, c’est un geste de non-violence active qui est l’affirmation que la vraie force est d’abord celle du respect et de l’amour.
Laisser son manteau
Le deuxième exemple donné par Jésus pour illustrer cette invitation à la non-violence, est le cas d’une personne qui est dépouillée de sa tunique par un adversaire qui tient probablement à récupérer une dette : « A qui veut te mener devant le juge pour prendre ta tunique, — dit Jésus — laisse aussi ton manteau ». La tunique était la pièce fondamentale de l’habit au temps de Jésus. Le manteau, lui, était le vêtement le plus précieux qui était porté sur la tunique et était aussi employé comme couverture nocturne par le juif pauvre. La Loi de Moise stipulait que si le manteau était pris comme gage à cause d’une dette, il devait être restitué à son propriétaire avant le coucher du soleil (Exode 22.26-27 ; Deutéronome 24.12-13). La loi n’imaginait même pas qu’on puisse prendre la tunique comme gage. Or, l’adversaire du disciple de Jésus essaie de lui enlever cet essentiel, au travers d’un procès. Jésus suppose donc que l’adversaire prétend effectuer une injustice sous le couvert de la légalité. Jésus invite le disciple à répondre à l’exigence injuste par une générosité qui dépasse la légalité. Par le don de son manteau, en plus de la tunique, le disciple de Jésus ne livre pas seulement à l’adversaire son habit le plus précieux, mais il livre tout qu’il a pour se couvrir. Ce geste exprime son intention de ne pas répondre à l’extorsion et démontre une disposition à supporter l’injustice sans répondre agressivement. En vérité, par cet acte de dépouillement volontaire, le disciple fait un acte de résistance non violente. Il dit par son action : « Tu veux me dépouiller injustement de mes biens par la force, mais tu ne le peux pas, parce que je te donne librement plus que ce que tu veux me prendre ». Il essaye ainsi d’éveiller la conscience morale de son adversaire et lui enlève le pouvoir et la satisfaction de lui faire préjudice, il désarme la cupidité de l’opposant par sa libéralité. Ainsi, il fait face à son adversaire de façon sereine et non violente.
Faire un mille de plus
Le troisième exemple évoqué par Jésus est le cas du disciple à qui l’on oblige de rendre un service en portant une charge sur la distance d’un mille. Jésus dit : « Si quelqu’un te force à faire un mille, fais-en deux avec lui ». Il fait référence ici à un système de droit de réquisition par une autorité publique. Originaire de Perse, ce système a été repris par l’empire romain. Ainsi, un officier ou un soldat avait le droit de réquisitionner le service d’un civil qui pouvait être forcé de transporter le bagage d’un soldat pour la distance d’un mille, c’est-à-dire environ 1,5 km. Le cas de $$ Simon de Cyrène, qui a été forcé par les soldats chargés de la crucifixion de Jésus, de porter la croix est un exemple classique de cette pratique du service forcé (Matthieu 27.32 ; Marc 15.21). Les juifs nationalistes s’opposaient totalement à de telles contraintes, qui étaient pour eux une humiliation et une reconnaissance forcée de l’autorité romaine qu’ils exécraient. Mais, au lieu de résister à cet acte forcé en l’accomplissant avec le cœur plein de ressentiment, Jésus encourage le disciple à faire volontairement un mille de plus avec celui que l’a réquisitionné. Ce faisant, il censure et dépasse l’injustice par un acte de disponibilité totale. En accompagnant volontairement celui qui l’a réquisitionné, non seulement le mille demandé, mais encore un mille de plus, le disciple de Jésus interpelle son adversaire tout en préservant son honneur, sa dignité et sa liberté.
L’éthique du Royaume : une justice généreuse
Ces exemples de non-violence active donnés par Jésus contribuent à étayer ce qu’on peut appeler l’éthique du royaume de Dieu. Cela peut nous paraître magnifique en théorie et pourtant si difficile à vivre. Pour Jésus en tous cas, cela n’a pas été qu’un discours car sa vie et en particulier sa passion, témoigne de la manière dont il a incarné cette éthique. Il a supporté dignement le traitement cruel qui lui était infligé sans chercher à exercer les moindres représailles, trouvant même la force de pardonner à ses bourreaux.
Pour Jésus, il ne s’agit pas seulement de ne pas faire aux autres ce que l’on ne voudrait pas qu’ils nous fassent. Cette version-là de la règle d’or est une forme de justice. Mais la justice du Christ est une justice généreuse, où il cherche et nous invite non seulement à ne pas faire aux autres ce qu’on ne voudrait pas qu’il nous fasse, mais comme il l’a dit : « Tout ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le de même pour eux » (Matthieu 7.42). Jésus remplace l’abstention par la générosité, la neutralité par l’initiative, l’indifférence par l’amour.
Comme l’a écrit Gandhi, dont une des sources du principe d’action non violente était précisément les paroles de Jésus dans l’antithèse que nous avons évoquée : « La non-violence ne consiste pas à renoncer à toute lutte réelle contre le mal. La non-violence telle que je la conçois est au contraire, contre le mal, une lutte plus active et plus réelle que la loi du talion, dont la nature même a pour effet de développer la perversité. » A la loi du talion, qui bien souvent mène à une vision légaliste des situations et qui génère le statuquo si ce n’est l’impasse, Jésus oppose la puissance de l’amour, la force de l’engagement.
La non-violence n’est pas le refus ou le déni du conflit, mais bien l’engagement à puiser au plus profond de nos cœurs, habités de la présence de Dieu, des forces inédites pour conjuguer respect de soi et respect de l’autre. Pour Martin Luther King, l’approche non violente prônée par Jésus « atteint les cœurs et les âmes qui se vouent à elle. Elle leur donne un nouveau respect de soi. Elle fait appel à des réserves de force et de courage qu’ils ne savaient pas posséder. Finalement, elle émeut la conscience de l’adversaire au point que la réconciliation devient une réalité. »
En guise de conclusion
Je ne veux pas conclure cette réflexion avec une grande et belle exhortation à vivre ces paroles de Jésus et nous invitant dorénavant à mettre en œuvre en toute situation cette pratique de non-violence active, par des gestes paradoxaux propres à chaque situation permettant de forcer le cœur de nos adversaires. Qui serais-je pour interpeller qui que ce soit en ce sens alors que j’ai moi-même tant de mal, dans bien des situations, à tendre l’autre joue, à offrir mon manteau ou à faire un mille supplémentaire. Je veux juste entendre et comprendre cette parole, mais aussi ouvrir mon cœur pour laisser l’Esprit du Christ me mettre sur ce chemin d’une justice généreuse non-violente. Et quoi de mieux que de s’appuyer sur ceux qui d’une manière ou d’une autre ont fait un pas dans ce sens et ont ouvert la voie à suivre. C’est pourquoi, je conclurai simplement avec un exemple, une histoire vraie :
Cela se passe en Chine, un petit village de la province de Canton était devenu chrétien suite à l’action missionnaire dirigée par Hudson Taylor. Le village voisin lui, n’avait pas accepté l’Evangile prêché par les missionnaires. Mais ces deux villages avaient des champs irrigués mitoyens où ils cultivaient le riz. L’époque de la culture étant arrivée, le village chrétien a commencé à remplir d’eau ses rizières. Mais la nuit venue, le village voisin n’a rien trouvé de mieux que de dévier l’eau jusque dans ses propres champs. Au matin, les chrétiens s’en sont rendu compte, mais sans un mot ils ont recommencé le remplissage d’eau. La nuit suivante, les habitants du village voisin renouvelèrent leur action pour récupérer à nouveau toute l’eau dans leurs propres champs. Face à cette situation, les chrétiens se sont réunis pour décider comment réagir. Après quelques délibérations, ils décidèrent de répondre à la provocation du village voisin. Pour ce faire, ils ont attendu le soir, se sont rassemblés plus nombreux que d’habitude, puis ont commencé à remplir complètement d’eau les champs de riz du village voisin avant de mettre en eau leurs propres rizières. Cette action paradoxale étonna les habitants du village païen. Ils décidèrent d’envoyer une délégation au village chrétien, pour poser une question, une seule : « Pourquoi avez-vous rempli nos champs d’eau après que nous ayons dévié l’eau de vos rizières ? » Le chef chrétien répondit simplement : « Nous suivons les enseignements de notre Maître Jésus. » Après avoir communiqué au chef du village la réponse, et après une nouvelle réunion, ils décidèrent d’envoyer le jour suivant une nouvelle délégation au village chrétien, avec une autre question, une seule : « Comment pouvons-nous devenir chrétiens ? » Quelques mois plus tard, presque tout le village païen était baptisé. Le principe de réponse non violente de Jésus appliqué par les chinois chrétiens avait contribué à la conversion des cœurs de leurs voisins païens.
Gabriel Monet